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C'est un essai clinique qui pourrait changer la prévention des maladies cardiaques. Il s'agit d'un mélange de médicaments contre le cholestérol et l'hypertension artérielle. Ce nouveau cocktail a réduit le risque cardiovasculaire de 30 à 40 %, selon les résultats d'un vaste essai clinique international.
"Ces résultats sont incroyablement importants avec un impact potentiel significatif mondial", a estimé le Dr Salim Yusuf, professeur de médecine à l'Université canadienne McMaster, qui a dirigé cette recherche clinique. L'étude, appelée HOPE-3 (Heart Outcomes Prevention Evaluation), a été menée avec 12 705 participants dans 21 pays pendant plus de cinq ans. Elle a permis d'évaluer trois méthodes pour réduire le danger d'infarctus ou d'accident vasculaire cérébral (AVC) dans une population, qui tout en ne souffrant pas encore de pathologies cardiovasculaires, présentait au moins un facteur de risque, comme un excès de poids, le tabagisme ou des antécédents familiaux.
Première cause de mortalité mondiale
Selon le Dr Yusuf, "de 20 à 30 millions de personnes pourraient bénéficier" de cette thérapie combinée, dans le monde. Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité mondiale avec 18 millions de décès par an résultant de quelque 50 millions d'infarctus et d'AVC. Ces résultats très attendus ont été présentés au premier jour de la conférence annuelle de l'American College of Cardiology (ACC) réunie ce week-end à Chicago et ont aussi été publiés dans le New England Journal of Medicine.
Les trois approches examinées ont consisté à traiter un groupe de participants avec seulement des médicaments contre l'hypertension, un autre avec des statines - en l'occurrence du Crestor du groupe pharmaceutique AstraZeneca - qui réduisent le cholestérol, et enfin une troisième cohorte avec une combinaison des deux. Dans chacun des cas, ces différentes méthodes ont été comparées à des groupes témoins sous placebos. Les statines seules ont permis de réduire le risque d'infarctus et d'AVC de 25 %. Quant aux traitements contre l'hypertension, ils n'ont pas diminué le taux d'attaque cardiaque et cérébrale parmi les participants, sauf chez ceux dont la tension artérielle était excessive.
Enfin, la combinaison de statines et d'antihypertenseur a abaissé le risque cardiovasculaire de 30 % dans l'ensemble des participants et 40 % chez ceux avec une tension artérielle trop élevée. "Cet essai clinique (HOPE-3) clarifie la manière de traiter l'hypertension et l'excès de cholestérol, deux des facteurs de risque cardiovasculaires les plus courants", a relevé la Dr Eva Lonn, professeur de médecine, également à l'Université McMaster, et principal coauteur de cette recherche. Selon elle, "la prévention primaire peut être ainsi nettement simplifiée et offerte à la plupart des personnes ayant un risque cardiovasculaire moyen dans le monde".
Un impact majeur sur la pratique médicale
Dans les pays industrialisés où les statines et les antihypertenseurs sont bon marché, "les résultats de cet essai clinique devraient avoir un impact majeur sur la pratique médicale", prédit le Dr Yusuf. Ces cardiologues ont également souligné que "les statines ont été remarquablement sûres et bénéfiques dans cet essai clinique parmi tous les participants quel qu'ait été leur taux de cholestérol, leur tension artérielle, l'âge, le sexe ou l'ethnicité". Les études cliniques faites précédemment sur la combinaison de statines et d'antihypertenseur portaient sur des patients déjà malades. L'essai HOPE-3 est le premier à évaluer les effets préventifs de ce cocktail.
Les participants à cet essai clinique seront suivis pendant encore une période de trois à cinq ans. Dans un éditorial publié dans le New England Journal of Medicine, le Dr William Cushman, professeur de médecine préventive au Veterans Affaires Medical Center à Memphis (Tennessee, sud), qui n'a pas participé à l'essai clinique, estime que ces résultats "viennent conforter le recours aux statines comme traitement préventif efficace contre des accidents cardiovasculaires dans cette population". Selon le nouveau guide proposé en 2014 par l'American College of Cardiology, 56 millions d'hommes et de femmes avec un risque de 7,5 % d'infarctus ou d'AVC dans les dix ans, devraient prendre des statines contre 25 millions actuellement.
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