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En 1872, à l'âge de 28 ans, un modeste employé de l'octroi de Paris saisit un pinceau, empoigne une palette, et se poste pour la première fois devant une toile blanche. Henri Julien Félix Rousseau, dit Le Douanier Rousseau, n'a aucune formation de peintre, mais cela ne l'affecte absolument pas, car il ne peint pas seul : les esprits guident son pinceau. En effet, le jeune homme est un ardent adepte du spiritisme.
Il commence par reproduire avec sa pauvre technique les chefs-d'œuvre du Louvre. Puis il se lance, laissant son imagination magnifier son triste quotidien. Il n'hésite pas à exposer ses tableaux au Salon des indépendants, où il n'y a pas de jury d'entrée. Naïves, maladroites, ses premières œuvres déclenchent l'incompréhension, les moqueries. On se gausse du peintre du dimanche.
Envoûtement
Mais il n'en a cure, poursuit son parcours unique qui commence à fasciner. N'ayant jamais voyagé, il s'inspire de récits d'amis, du jardin des Plantes ou encore de cartes postales montrant des paysages luxuriants. Il peuple ses jungles de bêtes féroces. Il inscrit dans ses paysages civilisés, des témoins du progrès. Si ses personnages sont figés face au peintre, le visage neutre, ils n'en sont que plus dérangeants. Peu à peu, sa peinture ovniesque séduit les peintres qui révolutionnent la peinture. Pablo Picasso est son plus grand admirateur. Henri Matisse, André Derain sont envoûtés par sa peinture.
Le musée d'Orsay a rassemblé ses plus belles œuvres en les mêlant à d'autres, dont il s'est inspiré ou qu'il a inspirées. Car malgré son geste pictural paraissant, de prime abord, unique, Le Douanier Rousseau est un passeur. Son octroi est celui qui mène de la peinture de la Renaissance italienne au surréalisme.
« Douanier Rousseau, l'innocence archaïque », du 22 mars au 17 juillet 2016, musée d'Orsay.