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Les défis de la vie en solo pour la filiale de Bouygues

Fragilisé par l'arrivée de Free Mobile en 2012, l'opérateur a tenté de rebondir depuis. Mais la situation reste compliquée.

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Par Romain Gueugneau

Publié le 4 avr. 2016 à 01:01

Bouygues Telecom va donc poursuivre en « stand alone ». Pour ses salariés, il va falloir trouver assez de motivation pour se relancer dans la bataille. Pas évident, lorsque l'on est ballotté depuis près de deux ans au gré des rumeurs de revente. D'autant que, pour la première fois, c'est Bouygues qui était vendeur. Ses concurrents ne devraient pas lui faire de cadeaux : le marché demeure extrêmement concurrentiel. En témoigne la guerre des promos dans le mobile depuis le début de l'année - à laquelle Bouygues Telecom a contribué - avec une multiplication d'offres à 3,99 euros. Victime principale de l'arrivée de Free Mobile en 2012 et de la dégringolade des prix qui s'ensuivit, la filiale du groupe de BTP a réussi à se redresser au prix d'une profonde restructuration. Près de 2.000 postes ont été supprimés en trois ans. Ce qui a permis de remonter la rentabilité : l'an dernier, la marge brute d'exploitation (Ebitda) a bondi de 2 points pour s'élever à 19,7 % du chiffre d'affaires. Mais elle reste encore éloignée de l'objectif de 25 % fixé pour 2017. Et l'opérateur perdait encore de l'argent l'an dernier.

Les choses s'améliorent néanmoins sur le plan commercial. Bouygues Telecom a renoué avec la croissance en 2015 avec une hausse de 2 % des revenus (4,5 milliards d'euros). Il gagne à nouveau des clients dans le mobile, séduits par la force de son réseau 4G (75 % de la population couverte). Les nouveaux usages liés au très haut débit mobile permettent de faire progresser lentement mais sûrement la facture des abonnés. Les chiffres du premier trimestre seraient bons, malgré l'incertitude générée par le projet de consolidation. Reste à savoir si cela suffira face à la concurrence.

Casse sociale redoutée

Alors que la convergence fixe-mobile devient la norme dans les télécoms, Bouygues Telecom est handicapé par sa faiblesse dans l'Internet fixe. Parti plus tard que les autres (2009), il compte seulement 2,8 millions de clients. Son offensive tarifaire, avec le lancement il y a deux ans d'une box à 19,99 euros, lui a permis de conquérir de nombreux abonnés. Mais cette stratégie de la terre brûlée est coûteuse et paraît peu viable dans la durée. Le groupe déploie par ailleurs de la fibre, mais, là aussi, accuse un certain retard, notamment par rapport à Orange et SFR. Surtout, cela coûte énormément d'argent. Vendredi, Olivier Roussat, directeur général de Bouygues Telecom, promettait sur Twitter : « Nous allons continuer à innover en 4G et à agiter le marché du fixe. » Mais pour nombre d'observateurs, le défi s'annonce compliqué. « Ils ne peuvent pas laisser la boîte en l'air comme ça, il va falloir mener une nouvelle réflexion stratégique », estime un bon connaisseur de la maison mère. Certains redoutent déjà une nouvelle casse sociale chez le plus petit des opérateurs.

R. G.

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