Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis le 7 mars 2016 à Paris

Le Parti socialiste tente de faire face à la lente hémorragie de ses militants.

afp.com/DOMINIQUE FAGET

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Depuis 2012, plusieurs fédérations du Parti socialiste connaissent une baisse comprise entre 10 et 20% de baisse des effectifs militants. Une lente hémorragie constatée aux quatre coins du territoire.

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C'est le cas à Paris, où la fédération du PS revendique 7800 adhérents, un recul de 10% depuis 2012, en Haute-Garonne (baisse de 4384 à 3760 en début d'année), ou encore en Isère (2400 à 2000) et en Loire-Atlantique (3311 à 2895). Et la situation s'aggrave dans les régions où le PS s'est retiré pour faire barrage au Front national aux régionales.

"Dans le Pas-de-Calais, on est dans l'ordre de 5 à 6000 militants contre 8000", dit un élu socialiste, sans préciser toutefois la période de référence. Mais, ajoute-t-il, "dans le département du Nord, ils sont exsangues, ils ont tout perdu, la région, etc..."

Nord et Bouches-du-Rhône en perte de vitesse

La fédération PS du Nord, longtemps l'orgueil du PS, revendiquait 5500 adhérents à jour de cotisation en février, loin de la moyenne de 10 000 de ces dix dernières années. Dans les Bouches-du-Rhône, le secrétaire fédéral Jean-David Ciot attribue la baisse des effectifs "aux batailles internes au PS marseillais" aux municipales et aussi au départ de l'ex premier secrétaire, Jean-Noël Guérini.

Du côté de la rue de Solférino, on ne s'empresse pas de fournir des chiffres récents. Le Parti socialiste revendiquait en mai 2015, au moment du congrès de Poitiers, 131 000 militants "actifs", c'est-à-dire à jour de cotisation.

"Il y a davantage de gens qui partent mais il y a aussi des arrivées", assure un responsable socialiste, et les départs sont essentiellement des partisans de 'la motion B', autrement dit appartenant à l'aile gauche, très critique de la politique gouvernementale, jugée trop libérale.

Le phénomène "touche tous les partis"

Ce responsable estime d'ailleurs, sans trop cacher sa satisfaction, que cela peut "contribuer à changer le rapport de forces" au sein du Conseil national, le "parlement" du parti. Quant aux arrivées, il s'agit selon lui de personnes "qui en ont marre qu'on tape sur le gouvernement".

"Je n'identifie pas de mouvements massifs", déclare Emmanuel Grégoire, le "premier fédéral" parisien, mais "on surveille cela de près". Il fait remarquer toutefois que "les formes d'actions militantes et d'organisation que proposent les partis politiques sont totalement périmées par rapport aux attentes des citoyens" et que le phénomène "touche tous les partis".

"Ne restent que les gens qui veulent faire carrière"

"Les départs se font peu à peu. Il y en a qui sont partis sans rien dire", constate une militante parisienne. Il s'agit d'un processus de "mort lente", évoluant "à bas bruit". "Une érosion", abondent d'autres. "Vient un moment où les gens qui ne sont plus du tout d'accord s'en vont. On ne peut plus être à l'intérieur du parti en pensant à l'extérieur. Ce n'est plus possible", ajoute-t-elle.

Julien Jusforgues, trente ans au PS, a quitté le parti et rejoint La Nouvelle Gauche Socialiste. Il déplore que "ne restent au PS que les gens qui veulent y faire carrière et qui sont dépendants économiquement, ou salariés par le PS. On a perdu ce qui faisait sa force, les militants syndicalistes, étudiants, travailleurs".

"Le PS se vide totalement de ses militants. Je me demande bien comment ils vont pouvoir mettre en place la campagne (de 2017) et pouvoir, sans militants" participer aux campagnes électorales, renchérit Franck Rey, un ancien de l'aile gauche du PS.

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