Dans moins de dix ans, quelque 200 millions de ménages disposeront, dans les pays émergents, de revenus annuels supérieurs à 35 000 dollars (25 889 euros). Le nombre de Chinois dans ce cas va tripler d'ici à 2022 et friser 80 millions.
Le Brésil et l'Argentine compteront plus de 15 millions de familles disposant d'un tel niveau de revenus, tandis que le Mexique, la Turquie et l'Inde en abriteront chacun plus de 10 millions.
Ensemble, les classes moyennes des pays émergents dépasseront en nombre celles des Etats-Unis, analyse le cabinet d'audit Ernst & Young dans son rapport annuel traditionnel sur les 25 marchés à croissance rapide, rendu public mardi 4 février.
ESPOIR
Ernst & Young voit dans cette croissance un motif d'espoir et de transformation des modèles de consommation. D'après ses calculs, la Chine va connaître une « augmentation incroyable » de ses classes moyennes, puisque plus de 220 millions de ménages y disposeront dans moins de dix ans de revenus annuels compris entre 10 000 et 30 000 dollars. Ce qui devrait élargir la consommation de biens durables et de services, mais également accroître la demande dans le domaine de la santé, de l'éducation et des services financiers.
Les auteurs du rapport font observer qu'à partir de 10 000 dollars de revenus annuels par famille la demande de biens de consommation durables monte en flèche. « Il y a dix ans, 28 % des Thaïlandais avaient un pouvoir d'achat supérieur à cette somme. Ils sont aujourd'hui 40 %. Et les ventes de réfrigérateurs ont doublé pendant cette période. En 2013, 40 % des ménages indonésiens étaient à ce niveau de revenus annuels. Ils seront 60 % en 2022, du fait d'une démographie favorable et de l'urbanisation », précisent-ils.
Un rythme de croissance rapide et une urbanisation accélérée vont mettre les services publics et les infrastructures de transport sous tension. De nombreux pays émergents devront investir dans les technologies vertes et les transports publics et améliorer l'environnement de travail.
« Les occasions créées par une croissance démographique de long terme et les transformations économiques vont durer. Les entreprises désireuses de s'implanter dans ces pays ou d'y entretenir des relations commerciales ne doivent pas prétexter des incertitudes de court terme pour rester l'arme au pied. Elles doivent simplement regarder un peu plus loin que l'année 2014 », insiste Ernst & Young.
CINQ PAYS VULNÉRABLES
Dans l'ensemble, les 25 pays émergents étudiés par le cabinet devraient voir leur croissance repartir en 2014 à un rythme supérieur à celui de 2013 (4,7 %, au lieu de 4,4 %), et atteindre 5 % en 2015.
Toutefois, le cabinet d'audit fait remarquer que, compte tenu du début du resserrement de la politique monétaire américaine et de la chute des monnaies dans de nombreux pays émergents, le risque de nouvelles sorties de capitaux et d'un ralentissement brutal a augmenté.
Si ce scénario s'avérait, la croissance des émergents en 2015 pourrait retomber en moyenne autour de 3 %, ce qui ne manquerait pas d'avoir des conséquences sur la croissance américaine, qui passerait sous 2 %, et sur celle de la zone euro, qui tomberait à 0,4 %, avertit Ernst & Young.
Cinq pays émergents, selon le classement du cabinet, sont particulièrement vulnérables en 2014 en raison de leur déficit courant, de leur dette publique, de leur niveau d'inflation et de l'état de leurs réserves de changes : la Turquie, l'Argentine, le Ghana, le Vietnam et l'Inde.
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