France et Allemagne espèrent présenter une position commune sur l’approfondissement de la zone euro d’ici fin 2016. Mais le dossier peine à avancer, à la veille du conseil franco-allemand du 7 avril.
Les multiples crises qui ont secoué l’UE en 2015 et le spectre du Brexit ont relégué le projet franco-allemand sur la zone euro à plus tard.
Les dirigeants des deux pays doivent se retrouver à Metz le 7 avril pour un 18ème conseil des ministres franco-allemand, accompagnés d’une quinzaine de ministres des deux pays.
Un rendez-vous annuel au cours duquel on attendait la présentation des propositions communes des deux pays en matière d’approfondissement de la zone euro. Un chantier sur lequel Angela Merkel et François Hollande ont promis une position commune d’ici la fin de l’année 2016.
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« La zone euro doit continuer à être approfondie. Il y a aujourd’hui une volonté de la France et de l’Allemagne de porter de nouvelles propositions institutionnelles pour permettre un approfondissement. Mais ce travail viendra un peu plus tard » explique une source proche de l’Élysée.
Pour l’heure, les deux chefs d’État ont soumis une proposition commune visant à renforcer la zone euro, mais à traités constants en mai dernier.
Dans cette contribution commune , les deux principales économies de la zone euro avaient notamment proposé de mettre en place une véritable gouvernance de la zone euro via l’organisation de sommets dédiés, ainsi que la mise en place d’instrument de convergences des politiques fiscales et sociales, etc.
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La délicate question d’un changement de traité permettant un renforcement plus important de la zone euro avait été renvoyé à 2016. Mais peine à avancer, malgré le consensus des deux pays sur le besoin sur la nécessité d’approfondir l’Union économique et monétaire.
Le frein du Royaume-Uni
Une des raisons de la lenteur des débats relève du Royaume-Uni. Le référendum sur le Brexit qui doit se tenir au mois de juin devrait libérer la voix de la France et de l’Allemagne pour formuler des propositions qui intègreront la nouvelle situation du Royaume-Uni.
« Le choix que fera le peuple britannique aura un impact évident sur l’avenir de l’UE et de la zone euro, même s’il décide de rester » explique un proche de l’Élysée.
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Le renforcement de la zone euro fait en effet parti des bêtes noires de Londres, qui craint qu’un intégration renforcée de la gouvernance de l’UE ne l’exclût un peu plus du centre de décision de l’UE.
Au-delà de l’impact économique d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE, un Brexit signerait aussi la disparition de la principale opposition au renforcement de la zone euro.
« La zone euro n’a pas achevé son intégration complète, elle a vocation à devenir le cœur de l’Union européenne » explique une source.
Multiplication des crises
Autre frein, la multiplication des crises au sein de l’UE a laissé peu de temps en 2015 à Angela Merkel et François Hollande pour se pencher sur les sujets de fonds.
Le Conseil franco-allemand doit d’ailleurs lui aussi se pencher sur une ribambelle de sujets dont l’urgence est évidente.
La question de la crise des réfugiés va occuper une partie des décisions, mais aussi la question de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité. La situation économique de l’UE, notamment sur les fronts de la croissance et l’emploi doit aussi s’inviter à la table des débats.
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Les révélations du nouveau scandale d’évasion fiscale, les Panama Papers, doivent aussi faire l’objet de discussion entre les ministres des Finances des deux pays.
« Il y a eu beaucoup de dossiers urgents dans l’actualité des derniers mois qui ont occupé Angela Merkel et François Hollande » reconnait une source.
Divergences
Pour autant t, la position franco-allemande n’est pas seulement victime d’un manque de temps, mais aussi de divergences de fonds sur lesquelles les deux pays vont avoir des difficultés à s’accorder.
La question de la création d’un budget spécifique à la zone euro fait encore débat entre les deux pays. « Les propositions ne sont pas encore prêtes, il leur faut un temps de maturation » explique une source.
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De son côté François Hollande a régulièrement plaidé pour la création d’un véritable budget de la zone euro, adossé à un Parlement de la zone euro, tandis qu’Angela Merkel demeure plus prudente sur le sujet.
Parmi les quelques sujets à faire consensus, la question de la représentation extérieure de la zone par le président de l’Eurogroupe, proposée par la Commission, fait l’unanimité contre elle. En grande partie, car France et Allemagne sont les deux seuls pays de la zone euro à posséder un siège à part entière au sein du FMI.