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Maladies cardiovasculaires: 50% des femmes qui en meurent ont moins de 45 ans

Le "Red Day" deuxième édition se tient ce jeudi 7 avril. "Dress code": porter du rouge!

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Une étude épidémiologique d'une ampleur inédite, à laquelle ont répondu près de 5.500 femmes, montre que les jeunes femmes sont concernées au premier chef par les maladies cardiovasculaires. Paradoxalement, plus elles cumulent les facteurs de risques tels que le tabac et la pilule, moins elles en sont informées.

Sensibiliser, mais aussi et surtout vaincre les clichés. C'est l'ambition portée, en cette journée de mobilisation nationale du jeudi 7 avril, par l'opération "Sauvez le cœur des femmes" - ancien "Go Red for Women" ou "Red Day". Car décidément non, les maladies cardiovasculaires ne sont pas réservées aux hommes âgés et rattrapés par les excès passés. Une femme sur trois meurt aujourd'hui d'un infarctus du myocarde, d'une angine de poitrine (angor) ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC). Il s'agit de la première cause de mortalité chez les femmes, bien avant les cancers - respectivement 42% des décès, contre 27% pour les cancers, relève la Fédération française de cardiologie.

Autre réalité inquiétante: 50% des décès dus aux maladies vasculaires touchent des femmes qui ont entre 20 et 45 ans. Et dans 60% des cas, le tabac est incriminé. Mais en marge de la réalité glaçante des chiffres, il ressort de la vaste étude épidémiologique commandée en 2015 aux professionnels de santé par l'association Ajila, que la perception des risques liés aux maladies cardiovasculaires chez la femme reste en grande partie biaisée. Les fumeuses, par exemple, sont ainsi les moins au fait des menaces sur leur santé.

> Première étude épidémiologique centrée sur la femme

Dans la plupart des études épidémiologiques sur les maladies cardiovasculaires, le panel étudié réunit, pour ordre de grandeur, 80% d'hommes et 20% de femmes. Certes, davantage d'hommes meurent encore prématurément de ces pathologies, mais, insistons un peu, le nombre de femmes concernées a bondi ces dernières décennies.

Pourquoi le risque spécifique pour la femme est-il à ce point ignoré? D'où vient ce déni de la société? Les croyances et préjugés sont nombreux. Parce que, jusqu'à la ménopause dit-on, les femmes seraient protégées par leurs hormones, notamment les œstrogènes. Il faut se rendre à l'évidence, les chiffres montrent qu'il n'en est malheureusement rien.

On entend aussi que les femmes adopteraient un mode de vie plus sain que celui des hommes. Là encore, on constate que sur le panel qui a répondu à l'enquête, un quart des femmes fument. Ajouté à la prise de la pilule, le risque est démultiplié pour cette population jeune qui se croit à l'abri des problèmes de santé.

Dernier écueil d'une liste non exhaustive, des symptômes qui orientent vers un diagnostic d'urgence chez l'homme - douleurs typiques en étau irradiant vers la mâchoire et le bras gauche - auraient prétendument d'autres causes chez la femme. Résultat, la prise en charge s'en trouve dangereusement retardée. 

> Un questionnaire complet de 88 questions

Lancée en avril 2015 par l'Ajila à l'initiative de sa présidente Isabelle Weill, et relayée notamment par RMC et BFMTV, cette étude épidémiologique a réuni 5.482 volontaires. Il s'agit des femmes qui sont allées au bout du questionnaire de 88 questions accessible sur Internet. Elles y ont consacré 45 minutes, permettant d'établir un profil très complet comprenant des caractéristiques morphologiques, dont le tour de taille, le statut hormonal, les antécédents familiaux, le taux de cholestérol, le mode de vie. 

Le comité scientifique qui a validé l'enquête réunit des praticiens hospitaliers, des cardiologues, des nutritionnistes et des chirurgiens cardiaques. Cliquez ici pour en consulter la liste.

> Les plus concernées sont parfois les moins informées 

Si l'étiologie des troubles cardiovasculaires ne fait guère mystère, force est de constater que l'information peine encore à passer et que la prévention a des progrès à faire.

• Une méconnaissance des causes de mortalité 

Il ressort de l'étude de l'Ajila que les femmes placent l'infarctus du myocarde en quatrième place sur la liste des causes de décès, après les accidents de la route évoqués par 22,94% du panel, le cancer du sein (21,67%), et les AVC (21%). Cette méconnaissance n'est en rien corrélée avec le niveau d'études ou la catégorie socio-professionnelle.

• Des infarctus touchant des femmes toujours plus jeunes

Alors que la proportion de fumeuses a doublé en 10 ans, les femmes victimes d'un infarctus du myocarde sont de plus en plus jeunes. Elles ont entre 40 et 50 ans.

• Les femmes en surpoids relativement mieux informées 

A l'inverse, les femmes en surcharge pondérale sont en moyenne plus au courant des risques qu'elles encourent. Rappelons que la zone de danger se situe au-delà des 88 cm de tour de taille, soit des vêtements de taille 48 ou XXL.

• Presque un tiers des femmes interrogées ne mangent pas équilibré

Quelque 31,7% des femmes qui ont répondu considèrent leur alimentation comme non équilibrée. Et à peine plus de 30% seulement déclarent se nourrir uniquement dans le cadre des repas. 

• Plus de la moitié ne pratiquent pas assez d'exercice physique

Un minimum d'une demi-heure d'exercice physique quotidien est recommandé par les professionnels de santé.

Si selon l'OMS, neuf millions de femmes meurent chaque année de maladies cardiovasculaires dans le monde, la marge de progrès en matière de prévention semble importante. L'adaptation des modes de vie, éviter le grignotage entre les repas, être moins sédentaire, arrêter le tabac, limiter l'alcool sont autant de leviers sur lesquels femmes (et hommes) peuvent concrètement agir. 

>> Ci-dessous un clip de campagne "Oups" pour sensibiliser les femmes aux risques liés aux maladies cardiovasculaires