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PANAMA PAPERS

"Panama papers" : du GUD à la Syrie, itinéraire de Frédéric Chatillon, un fidèle de Marine Le Pen

Frédéric Chatillon, proche de l'extrême-droite, est au cœur des révélations du Monde sur les "Panama papers". Ce n’est pas la première fois que cet homme à la réputation sulfureuse se trouve dans le collimateur du fisc.

Frédéric Chatillon est le fondateur de la société Riwal, l'un des principaux prestataires de services du FN pour les campagnes électorales.
Frédéric Chatillon est le fondateur de la société Riwal, l'un des principaux prestataires de services du FN pour les campagnes électorales. Valery Hache, AFP
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Il est au cœur des dernières révélations du Monde sur les bidouillages financiers des proches de Marine Le Pen. Le nom de Frédéric Chatillon apparaît avec insistance dans les "Panama papers" : il est soupçonné d’avoir organisé la sortie de plus de 300 000 euros de France via des sociétés écrans. Dès lundi 4 avril, Ce proche de la présidente du Front national (FN) s’en est vivement défendu. Opération légale ou non, cette affaire ajoute une nouvelle touche sulfureuse au portrait d’un homme au passé trouble.

La justice connaît en effet bien le nom de Frédéric Chatillon. Depuis janvier 2015, il se trouve sous le coup d’une mise en examen pour escroquerie, "faux et usage de faux", "abus des biens sociaux" et "blanchiment de biens sociaux". Après l’élection présidentielle de 2012, les autorités fiscales s’interrogent sur les dépenses somptueuses déclarées par Riwal, la société de communication que Frédéric Chatillon a mise au service du FN. En clair, elle est soupçonnée par les enquêteurs d’avoir surfacturé des prestations liées à plusieurs campagnes électorales du parti d’extrême droite depuis 2011.

Un communicant trop gourmand ?

Malgré cette mise mise en examen, Marine Le Pen refuse de prendre ses distances avec son ami de 20 ans. La patronne du FN a rencontré Frédéric Chatillon à l’université de droit d’Assas dans les années 90. Elle y soignait alors son profil d’avocate, il travaillait son image de dur à cuir antisioniste. Frédéric Chatillon dirigeait le GUD (Groupe union de défense), syndicat étudiant d’extrême-droite d’Assas, très radical. Les années Chatillon de ce mouvement sont marquées par deux tendances : un discours très pro-palestinien et anti-israélien et "des 'gudards' qui brillaient par leur violence physique", explique au Parisien le Politologue Jean-Yves Camus. Il profite aussi de la fac pour créer le "Marteau de Thor", une association sportive spécialisée dans les sports de combat.

Après ses études, Frédéric Chatillon devient homme d’affaires et fonde Riwal avec d’anciens membres du GUD. Cette société sera à la fois l’instrument de son ascension et la source de nombre de ses déboires. La société compte parmi ses clients de grosses entreprises de l'agro-alimentaire et la fondation Brigitte Bardot, selon des Inrock. Mais dès 1995, le Front national devient son principal client. Pour le FN, Riwal fait un peu de tout : de l’impression de tracts à la création de kits de campagne ou l’envoi de SMS au nom du parti, au fil des élections.

Mais les affaires et les souvenirs de facs ne sont pas les seuls socles de l’amitié qu'entretiennent Frédéric Chatillon et la présidente du FN. L'ex-patron du GUD a épousé Marie d'Herbais, une amie d’enfance de la présidente du FN. C’est elle qui s’est rendue célèbre - notamment grâce à l’émission le Petit Journal - en devenant la "blonde qui interviewe Jean-Marie Le Pen" pour le journal de bord du patriarche frontiste.

La Syrie, l’autre dada de Chatillon

Outre le FN, Frédéric Chatillon nourrit une autre passion : la Syrie. Sur une photo fort connue, il apparaît en 2006 à Damas aux côté du polémiste Dieudonné, de l'essayiste d’extrême-droite Alain Soral et de l’adepte des théories du complot Thierry Meyssan. Il y participait à une conférence pour dénoncer l’impérialisme américain.

En 2009, il met également son savoir-faire de communicant au service du régime de Bachar al-Assad pour lancer en France une campagne de promotion vantant les charmes de la Syrie. Riwal est aussi sollicitée aux prémices de la guerre en Syrie pour mettre en ligne l’éphémère infosyrie.fr, un site de "réinformation" pro-Bachar sur l’actualité syrienne dont l’existence n’a duré qu’un an entre 2011 et 2012.

L’agence de communication a même ouvert un bureau à Damas pour "promouvoir les sociétés privées et institutions publiques syriennes en France". Cette filiale syrienne a elle aussi causé des soucis judiciaires à Frédéric Chatillon. En 2011, la brigade financière a lancé une enquête au sujet de sommes versées par l’ambassade de Syrie en France à Riwal. Bien que le parquet n'ait pas poussé les investigations plus avant, cela fait donc cinq ans que le nom de ce proche de Marine Le Pen se trouve régulièrement dans le collimateur de la justice. Passera-t-il sans dommage l'épreuve des "Panama papers" ? La justice française a ouvert lundi une enquête préliminaire autour de cette série de révélations. Elle n’a pas précisé si elle s’intéressait nommément à Frédéric Chatillon.

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