Vives inquiétudes sur la future chaîne d’info publique

Décidément, le projet de chaîne d’information publique a du mal à passer en interne. Ce jeudi, les élus du personnel, en CCE (comité central d’entreprise), ont voté en majorité un avis négatif sur le projet de chaîne d’information publique. S’ils sont favorables à l’idée, ils s’inquiètent du financement et d’un manque d’informations et de collaborations entre les différentes entités. Ils craignent aussi l’impact sur les métiers.

Ils souhaitent notamment que soit abandonné le métier de rédacteur-monteur-mixeur. Cet avis n’est toutefois que consultatif. La direction pourra ainsi lancer des appels à candidature très bientôt pour les postes.

Le nom France Info préféré

Autre point de crispation : le nom. Malgré un rejet massif de cette marque par les journalistes de France TV, la direction du groupe audiovisuel public aurait indiqué clairement sa préférence pour « France Info », lors de ce CCE, selon des sources syndicales. France TV et Radio France seraient même actuellement en discussions pour devenir copropriétaires de la marque France Info.

Selon nos informations, il est possible que la radio France Info obtienne une forme de compensation, financière ou autre, pour l’utilisation d’un nom qu’elle a façonné depuis presque 30 ans. Ce jeudi, l es journalistes du site FranceTV Info avaient d’ailleurs fait grève contre ce nom, et le site était à l’arrêt . France Info et FranceTV Infos devraient être fusionnés au 1er septembre pour devenir une plate-forme unique.

Budget, personnel... quelques confirmations

Lors du CCE, la direction a donné quelques précisions sur cette chaîne, mais pas vraiment « scoops ». Comme on pouvait s ’y attendre, Delphine Ernotte devrait bientôt en prendre la direction. Matthieu Gallet, président de Radio France, resterait le directeur de la partie radio de la future offre d’info publique.

Côté coûts, la direction aurait reparlé des 13 millions de coûts supplémentaires pour le groupe France TV, ce qui était connu. Quant au nombre de salariés, il devrait être autour de 167 personnes, dont la moitié de recrutements, comme cela avait été indiqué en janvier .

Inquiétudes à Radio France

Un CCE doit également se tenir côté Radio France ce vendredi. Ici encore, la direction a un gros travail pour dissiper les inquiétudes des salariés. D’abord, les équipes de France Info ont l’impression de se faire chiper leur nom, au prix d’être un jour avalées dans une fusion, et ce sans vraiment être associées au projet. « Ce sera une chaîne de France Télévisions qui prendra chez nous des rappels de titres, une émission sportive et une interview politique mais c’est tout, explique une salarié. On nous promet la possibilité d’intervenir en duplex sur certains sujets mais nous travaillons déjà à flux tendu et il y a déjà 3.000 journalistes chez France Télévisions. »

A France Info, on craint aussi qu’à terme, on n’envoie qu’une équipe, celle de la télé, capable de prendre de l’image et du son, en reportage. Economies obligent, notamment si la droite repasse et crée une BBC à la française. On se demande aussi comment le site de France Info ne sera pas noyé dans celui de France Info TV. Enfin on s’interroge sur tant de précipitation si ce n’est pour créer une chaîne soutenant le pouvoir aux prochaines élections.

Le personnel est donc impatient d’entendre des réponses de la direction. A charge de cette dernière de désormais susciter l’adhésion et de prouver qu’innover _la nouvelle chaîne publique aura une forte composante Web_ est dans l’intérêt des médias publics et de leurs personnels. Selon nos informations, la direction de France Info a rassuré sur la pérennité du média radio et sur le nombre de postes à France Info. Elle a tenté de convaincre qu’il n’y aurait pas d’intégration des équipes comme il y en a à la RTBF en Belgique, qui a fait ce type de rapprochement.

La journée a été, par ailleurs, marquée par une grève à France TV, contre le projet prévoyant la fusion des rédactions de France 2 et France 3. Le taux de grévistes a atteint 3,45%, selon la direction.