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TUNISIE

Les Tunisiens traquent l'injustice, smartphone au poing

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Absentéisme dans l'administration, abus policiers, incivilités… Les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à faire usage de leur téléphone portable pour dénoncer les abus et les injustices dont ils sont témoins.

Ces images sont généralement diffusées sur les réseaux sociaux, dans l’espoir de susciter une mobilisation et faire réagir les autorités.

Sur les trois derniers mois, plusieurs vidéos dénonçant des abus notamment dans l’administration publique, nous ont notamment été signalées.

Absentéisme

Par exemple, cette vidéo postée sur Facebook le 24 mars dernier et qui dénonce l’absentéisme dans l’administration. Elle montre un riverain en train de se balader dans un bureau de l’inspection du travail complètement désert, près de Tunis. La personne entre même dans un bureau où l'on peut voir, posés sur une table, des documents et des tampons. "N'importe qui peut les voler", dénonce-t-il.

Cette autre vidéo a été postée sur Facebook en janvier dernier. Elle montre l’employée d’une mairie à Tunis en train de discuter au téléphone, malgré une longue file d’attente devant son guichet.

Également diffusée au mois de janvier, cette vidéo montre une employée de la compagnie des eaux à Zaghouan, dans le nord-est de la Tunisie, qui demande à un client de sortir de son bureau pour qu’elle puisse lire son journal.

Dérapages policiers

De nombreuses vidéos d’abus policiers ont également circulé récemment. La dernière en date : cette arrestation musclée d’un homme qui vient d’avoir une altercation avec une automobiliste. Sur les images, la femme le roue de coups et lui crache dessus, sans que les agents de police, en civil, ne tentent de l’arrêter. Au contraire, ils retiennent l’homme pour l’empêcher de se défendre.

Fonctionnaires grossiers

Un jeune Tunisien nous a également envoyé, cette semaine, une vidéo où il dénonce l’attitude des agents d’une gare ferroviaire envers les usagers. Les images ont été tournées il y a plusieurs mois. Elles montrent notre Observateur [qui a requis l’anonymat par peur de représailles] en train d’interpeller un agent de la gare de Tunis sur les retards à répétition. L’agent, pourtant chargé du service clients, s’acharne alors sur lui : "Allez, arrête de me casser les c… ! Casse-toi, va te faire f… !"

Notre Observateur nous a indiqué s’être rendu au commissariat pour porter plainte, muni de sa vidéo. "Mais les policiers ont refusé d’agir et m’ont dit qu’ils ne voulaient pas vouloir des problèmes avec les cheminots, car ce sont des agitateurs et qu’ils se mettent facilement en grève."

Capture d'écran d'une vidéo transmise par notre Observateur. Elle montre l'agent de gare qui l'a insulté lorsqu'il a demandé pourquoi les trains étaient souvent en retard.

Est-ce que filmer ce type de dérapages fait bouger les choses ? C’est ce qu’espère Walid Chokri, responsable d’une campagne contre la corruption lancée sur Facebook et qui diffuse régulièrement ce type de vidéos.

"Nous avons lancé notre compagne sur Facebook en 2014 et j’ai effectivement constaté au cours des derniers mois que les Tunisiens sont plus nombreux à utiliser leur téléphone comme arme de dénonciation, notamment concernant la mauvaise gestion de nos administrations. Ces vidéos ne sont pas filmées par des activistes, mais par de simples citoyens indignés."

Quel impact ?

"Ces vidéos poussent les autorités à réagir. Lorsque la cible est une l’administration, celle-ci prend souvent des mesures disciplinaires. Cela a été notamment le cas avec la vidéo qui montre les locaux vides de l’inspection du travail. Une procédure disciplinaire a aussi été engagée contre l’employée de mairie filmée en train de bavarder au téléphone devant la file d’attente. Quant à la vidéo récente montrant des agents de police qui retiennent l’homme qui se fait frapper, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’ouverture d’une enquête et affirmé que les agents de police seront sanctionnés si leur culpabilité est établie."

Et le droit à l’image ?

La plupart du temps, les fonctionnaires qui apparaissent dans ces vidéos sont filmés sans leur accord. Et leurs visages ne sont pas floutés. Même si la pratique peut être considérée illégale, les activistes comme Walid Chokri n’y voient aucun problème.

"Nous ne cherchons pas à cacher l’identité des personnes qui commettent des abus. Au contraire, nous voulons qu’elles soient identifiées, afin qu’elles soient sanctionnées. En plus, elles ne sont pas filmées dans le cadre de leur vie privée, mais au travail."

Les activistes issues de la société civile ne sont pas les seuls à inciter les citoyens à signaler les abus. Le Ministère de l’Intérieur a mis en place un site Internet appelant les usagers à dénoncer la corruption au sein de l’administration. Même si pour l’instant, il est en maintenance

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