Les résultats d'une deuxième vague de tests d'émissions polluantes, confirment des dépassements de normes d'oxydes d'azote (NOx) et de C02, notamment chez Renault et Opel.

Les résultats d'une deuxième vague de tests d'émissions polluantes, confirment des dépassements de normes d'oxydes d'azote (NOx) et de C02, notamment chez Renault et Opel.

AFP PHOTO / Josh Edelson

Sans surprise, les tests diesel menés sur route ont été très défavorables aux constructeurs. Si le ministère de l'Ecologie n'a pas détaillé les résultats marque par marque, "la situation n'en est pas moins préoccupante puisque les véhicules les plus récents sont très mal positionnés", indique à L'Express une source proche du dossier.

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Ainsi, selon Les Echos, "21 modèles ont affiché des émissions de dioxyde d'azote plus de cinq fois (parfois dix fois) supérieures à la limite établie par l'Utac".

Qui a été testé?

Au total 52 véhicules ont été testés par les équipes de l'Utac-Ceram, sur la centaine qui doivent l'être d'ici la fin de l'audit. Dans le détail, après une première série de 22 voitures en janvier, la commission vient de passer au crible 12 véhicules Renault, 9 Peugeot, 6 Citroën, 5 Volkswagen, 4 Ford et 3 Opel. Le protocole prévoit à chaque fois 3 types d'essais aussi bien en laboratoire que sur route.

contrôle diesel

Extrait du rapport d'étape de la commission Royal sur les "contrôles des émissions de polluants atmosphériques et de CO2"

© / Ministère de l'Ecologie // lexpress.fr

Pour quels résultats?

A la mi-temps de cette vague de tests, le résultat est contrasté. "Nous n'avons pas appris grand-chose de plus que lors des premiers tests (publiés le 14 janvier, NDLR) et les résultats confirment qu'il y a des difficultés avec certains constructeurs, notamment Renault et Opel", a expliqué une représentante du ministère à l'AFP, qui refuse toutefois de donner les résultats, modèle par modèle.

Une voiture devant l'usine PSA Peugeot Citroën à Rennes, en 2012

Une voiture devant l'usine PSA Peugeot Citroën à Rennes, en 2012

© / afp.com/Alain Jocard

Toujours est-il que les dépassements d'oxydes d'azote constatés sont liés en grande partie au choix de la technologie de dépollution fait par le constructeur, précisent les auteurs du rapport. Ainsi, ceux qui utilisent le système avec le piège à NOx, comme Renault, sont moins performants. A l'heure actuelle, PSA et BMW figurent donc parmi les bons élèves tandis que la grosse majorité des autres marques (Jeep, Kia, Nissan, Toyota, et Fiat notamment) sont en milieu de peloton, avec des dépassements de 3 à 7 fois la norme de NOx.

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Concernant le CO2, mesure qui est simplement déclarative lors de l'homologation, des écarts ont été constatés sur tous les véhicules testés, avec des dépassements allant de 12% à plus de 40%. Mais des marques n'ont pas encore été testées.

Pas de logiciel frauduleux, mais une recherche d'optimisation

Comme ce fut déjà le cas en janvier, les contrôles n'ont pas permis de déceler de logiciel frauduleusement modifié. Mais les membres de la commission ont constaté qu'il y avait visiblement une forme d'optimisation chez les constructeurs lors du passage du test qui se fait en laboratoire alors que les résultats sont très différents sur la route.

"Cette pratique est généralisée", indique à L'Express un proche du dossier. Ainsi, chez Renault, "une partie du système antipollution ne fonctionne qu'entre 17 et 35 degrés", nous informe une source, soit des températures que l'on retrouve en laboratoire. Mais pas dans la vie de tous les jours.

La ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, à son arrivée à Matignon le 18 février 2016 à Paris

La ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, à son arrivée à Matignon le 18 février 2016 à Paris

© / afp.com/KENZO TRIBOUILLARD

Globalement, les tests menés par la commission ont d'ores-et-déjà montré les limites du système, avec des constructeurs capables de diviser par deux leurs émissions, "mais pourquoi ne l'ont-ils pas fait avant", raille un représentant d'une ONG. L'idée de passer à une nouvelle norme fait donc son chemin. Des changements au niveau européen sont prévus en 2017 avec notamment de nouvelles séries de tests appelés RDE ("Real driving emissions"). Mais d'ici là, les constructeurs pourraient aussi lancer des démarches complémentaires en adoptant des labels. Au moins un constructeur tricolore réfléchirait sérieusement à ce projet.

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