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Emmanuel Macron : "Mon mouvement n'est pas fait contre Hollande"

Emmanuel Macron revendique une première vague d’adhésions à son nouveau parti, "En marche". Son objectif : "structurer une offre politique nouvelle."

Nicolas Prissette , Mis à jour le
Emmanuel Macron et François Hollande, début mars à l'Elysée.
Emmanuel Macron et François Hollande, début mars à l'Elysée. © Sipa

Il revendique "des milliers" d'adhérents. Trois jours après le lancement de son parti politique, nommé En marche , Emmanuel Macron voit grimper le nombre de ses supporters sur son site Internet, où l'inscription est gratuite. À 38 ans, le ministre de l'Économie est porté par des sondages favorables . Il serait en passe de l'être par des militants, espère-t-il. Avec l'objectif de peser dans la course à l'Élysée. En attendant, il défendra ce soir au 20 heures de France 2 un projet qu'il veut "radical". "Le pays a besoin d'une refondation, elle doit se faire sur des valeurs communes : la liberté et la justice, le travail, le progrès, l'Europe", plaide-t-il.

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Sa ligne, "pas à droite" et "pas à gauche", a crispé dans son camp. "Je suis personnellement de gauche, c'est mon parcours, c'est le gouvernement dans lequel je suis", explique-t-il au JDD. Et d'ajouter : "Je ne nie pas les différences mais il y a un clivage qui bloque le pays, une géographie politique obsolète. Je me situe dans le progressisme par opposition au conservatisme." L'ex-conseiller économique de l'Élysée se défend de monter une opération destinée à rallier l'électorat centriste à François Hollande en 2017. "Non, il ne s'agit pas de rabattre des électeurs. Dans ce cas, ma démarche serait mensongère vis-à-vis de toutes celles et tous ceux qui y croient", assure-t-il.

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Le ministre de l'Économie, en poste depuis un an et sept mois, avait prévenu le chef de l'État . "J'ai un rapport amical et respectueux avec François Hollande. Le mouvement que je lance n'est pas fait contre lui. Il est complémentaire à mon action au sein du gouvernement, pas opposé." Macron refuse toutefois de dire s'il soutiendra le président sortant quoi qu'il advienne. Il a jugé, selon certains de ses visiteurs, que la campagne de 2012 n'avait pas été assez claire et le programme trop timide.

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"Je ne veux pas me positionner dans la campagne présidentielle"

En créant sa propre structure et un réseau de militants, le ministre de l'Économie s'ouvre donc la possibilité d'être candidat au cas où Hollande n'irait pas. Officiellement, il balaie cette hypothèse. Mais il l'a évoquée dans son cercle familial et auprès de ses proches. À condition que son parti soit un succès… "Je ne veux pas me positionner dans la campagne présidentielle. Nous sommes à treize mois du premier tour, il est trop tôt. Nous verrons d'ici quelques mois si nous avons réussi à structurer une offre politique nouvelle. C'est notre défi", souligne-t-il.

Son ami Laurent Bigorgne, ­directeur de l'Institut Montaigne, met les priorités dans le même ordre : "Le plus important est que le débat ait lieu et que les solutions puissent être vraiment mises en œuvre". Mais l'animateur du think tank proche du patronat, chez qui l'association de Macron est domiciliée, se projette aussi vers les urnes : "Mon espoir est qu'il fasse émerger de nouvelles têtes et de nouvelles idées. Après, si le mouvement réussit, il faudra être en capacité de prononcer des investitures."

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"Macron imagine une carrière sans préalable électif, seul de Gaulle a réussi cela"

En créant son propre parti, Macron tente de combler ses handicaps. Il ne s'est jamais présenté à une élection, il n'est encarté nulle part et il fait cavalier seul. L'électorat du PS est séduit par le personnagemais lui n'apprécie guère le parti, et Jean-Christophe Cambadélis ne manque jamais une occasion de le tancer. Quelques élus l'approuvent. Mais pas assez pour former une garde rapprochée prête à se sacrifier à sa cause…

"Son capital politique s'est construit par le haut : les grandes écoles, la haute fonction publique, la banque puis l'Élysée. C'est la limite de sa démarche", analyse le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences-Po. "Tous les présidents de la République ont été, avant tout, des élus. Les Français veulent des changements, mais sont-ils prêts à confier le pouvoir suprême à quelqu'un qui n'a pas l'expérience de mandats? Il imagine une carrière sans préalable électif, seul de Gaulle a réussi cela."

Pour l'heure, le micro-parti d'Emmanuel Macron est financé par quelques amis et sur ses deniers personnels. Insuffisant pour une campagne. Macron va mener des levées de fonds. Il dînera jeudi soir à Londres avec des banquiers et des chefs d'entreprise, à l'invitation d'un cadre de Goldman Sachs, au moment où à Paris François Hollande sera sur France 2. "Je vais procéder comme tous les partis à un appel aux dons. Il s'agira d'un temps privé, en dehors de tout moyen de l'État. Aujourd'hui, je lance un mouvement qui n'a aucune subvention. Tout est à inventer."

Macron "assume" la banque d'images...

Faute d'un budget suffisant, explique-t-il, l'agence de publicité Jésus et Gabriel a réalisé son clip sans pouvoir tourner de plans spécifiques, se servant d'une banque d'images où l'on voit surtout des figurants américains… Ce qu'a dévoilé Canal+, suscitant les critiques . "J'assume, nous n'avons pas de gros moyens", répond-il. "Sinon cela nous aurait coûté 800.000 euros, le mouvement n'a pas cet argent. C'est une démarche entrepreneuriale, faite le soir, le week-end."

Une démarche familiale, aussi. Macron a annoncé la création de son mouvement mercredi soir à Amiens, où il est né et où vit sa belle-famille, devant 250 personnes, sans la presse. L'invitation à une "rencontre citoyenne" avait été lancée sur Facebook. Le chocolatier Jean-Alexandre Trogneux, neveu de sa femme, ­Brigitte, avait prévenu le microcosme amiénois que seules 200 places seraient accessibles. "C'est la première fois que je le vois à Amiens, glisse Brigitte Fouré, la maire (centriste) de la capitale picarde. Dans la région, il est plus souvent au Touquet", où le couple possède une maison.

Ses soutiens affichés sont surtout des cadres dirigeants et des créateurs d'entreprise. Parmi les plus connus : Marc Simoncini, fondateur de Meetic devenu producteur de cinéma, Thierry Pech, directeur général de Terra Nova, ou Catherine Barbaroux, présidente de l'Adie, une association d'aide aux démunis qui veulent créer leur entreprise. Aucun responsable politique n'a, à cette heure, adhéré à En marche.

Emmanuel Macron voit par ailleurs des convergences avec les mouvements dits "citoyens", tels ceux du communicant Claude ­Posternak ou de l'écrivain Alexandre Jardin, qui vont se prononcer lundi sur leur engagement dans la campagne présidentielle.

Source: JDD papier

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