FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

Les terroristes de Bruxelles visaient la France, avant de devoir changer de plan

D’après le parquet fédéral belge, les terroristes ont été pris de court par l’avancée de l’enquête, ce qui les a contraints à frapper à Bruxelles dans la précipitation.
(Image via Olivier Hoslet/EPA)

La cellule djihadiste qui a frappé Bruxelles le 22 mars prévoyait en réalité de s'attaquer à la France. L'information qui circulait dans les médias a été confirmée ce dimanche soir par les autorités belges.

« Le parquet fédéral confirme qu'il ressort de plusieurs éléments de l'enquête que l'objectif du groupe terroriste était de frapper à nouveau la France, et que, pris de court par l'enquête qui avançait à grands pas, ils ont finalement décidé dans l'urgence de frapper Bruxelles, » peut-on lire dans un communiqué du parquet.

Publicité

Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur français, Bernard Cazeneuve, a réagi à cette annonce depuis Alger, où il se trouvait pour un déplacement officiel. « Nous sommes toujours confrontés à un niveau de menace important, » a déclaré Cazeneuve avant d'ajouter que la lutte antiterroriste est « un travail de longue haleine, qui se poursuivra longtemps. »

Frapper l'Euro ?

Apparemment pressés par l'interpellation de Salah Abdeslam à Molenbeek, le 18 mars, les individus à l'origine des attaques contre l'aéroport de Zaventem et de la station de métro de Maelbeek souhaitaient à l'origine agir sur le territoire français.

D'après certaines sources proches de l'enquête citées par iTélé, le centre commercial du quartier de la Défense à Paris et une association catholique conservatrice auraient pu être visées. Ces informations émanent d'un ordinateur retrouvé dans une poubelle, juste après les attentats de Bruxelles, à proximité directe de la planque des terroristes située à Schaerbeek.

Appartenant à Ibrahim El Bakraoui (l'un des deux kamikazes de l'aéroport avec Najim Laachraoui), cet ordinateur contient un document qui ressemble à son testament. El Bakraoui y explique avoir agi « dans la précipitation » et craindre de « terminer dans une cellule ». Ces déclarations collent avec la théorie d'un attentat commis dans l'urgence.

D'après les informations révélées par le journal Libération ce lundi matin, l'ordinateur contient aussi un fichier audio dans lequel l'un des frères El Bakraoui (Ibrahim ou Khalid, qui s'est fait exploser à la station Maelbeek) discute avec un commanditaire, installé en Syrie, de potentielles cibles en France et en Belgique.

Publicité

Toujours selon le journal français, le plan de « la nébuleuse djihadiste franco-belge était de passer à l'action durant l'Euro de football » — qui se déroulera du 10 juin au 10 juillet dans plusieurs villes françaises. C'est ce qu'aurait déclaré aux enquêteurs Mohamed Abrini, le mystérieux « homme au chapeau » présent à l'aéroport de Zaventem avec les deux autres kamikazes qui a été arrêté vendredi dernier.

Deux autres hommes inculpés avec Abrini

Appréhendé dans le quartier d'Anderlecht, Abrini a rapidement reconnu être l'homme au chapeau — qu'il aurait « revendu » selon le parquet belge. On ne sait en revanche pas pourquoi il a abandonné dans l'aéroport son sac rempli d'explosifs et s'est enfui.

Avant de se retrouver impliqué dans le dossier bruxellois, Abrini était déjà recherché suite aux attentats de Paris du 13 novembre. Il a été vu en compagnie de Salah Abdeslam, et de son frère Brahim, les jours précédant les attaques. Il a fait notamment deux allers-retours entre Bruxelles et Paris mais aurait quitté la capitale française le 13 novembre au petit matin, en direction de Bruxelles.

Trois autres suspects ont été arrêtés et inculpés ce week-end à Bruxelles, dont Osama Krayem (un Suédois d'origine syrienne) qui a été filmé à la station Maelbeek avec Khalid El Bakraoui avant qu'il se fasse exploser. Il a aussi été filmé en train d'acheter les sacs utilisés par les kamikazes de l'aéroport. Bilal E.M. — un djihadiste belge revenu de Belgique et condamné dans le cadre du procès de Sharia4Belgium — et Hervé B. M. — un Rwandais qui aurait aidé Abdeslam à se cacher — ont aussi été inculpés.

Publicité

Clain à Toulouse, le frère d'Abaaoud recherché

Ce dimanche, on a aussi appris qu'un membre bien connu de la djihadosphère française était repassé par la France en janvier 2015 sans se faire inquiéter par les autorités. Il s'agit de Fabien Clain, un Français d'origine réunionnaise, notamment connu pour avoir revendiqué les attaques du 13 novembre dans un communiqué audio.

D'après des informations du JDD, Clain était à Toulouse en janvier 2015 pour acheter du matériel hi-tech. Il était pourtant activement recherché par les services de police, puisqu'il était parti en Syrie courant 2014. Reconnu a posteriori par le vendeur du magasin, Clain aurait acheté pour 3 557 euros de matériel audio pour faire des enregistrements de chants religieux — tout ça sans être inquiété. D'après Libération, il est reparti vers la Syrie en mars 2015.

De son côté, Paris Match révèle qu'Interpol recherche activement Younes Abaaoud, le frère cadet d'Abdelhamid Abaaoud (membre du « commando des terrasses » et tué par la police le 18 novembre lors d'un assaut donné dans un appartement de Saint-Denis).

En janvier 2014, Younes, âgé de 13 ans, était parti vers la Syrie avec son frère Abdelhamid pour combattre dans les rangs du groupe État islamique. D'après Match, il serait actuellement de retour vers l'Europe pour venger son frère. Younes aurait appelé sa soeur depuis Djeddah en Arabie saoudite, le 18 février dernier, pour lui annoncer son retour vers Paris. Mais dans l'avion qui devait l'amener vers la capitale française, la police n'a trouvé aucune trace d'Abaaoud.

Contacté par Match, le ministère de l'Intérieur français conteste l'information selon laquelle Younes Abaaoud serait revenu en France.


Suivez VICE News sur Twitter : @vicenewsFR

Likez la page de VICE News sur Facebook : VICE News FR