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Gouvernement

Cannabis: quatre ans de débat au gouvernement

Duflot, Peillon, Taubira, Baylet et maintenant Le Guen... Depuis le début du quinquennat de Hollande, les prises de position de plusieurs ministres ont déjà semé le trouble sur un sujet qui agite la société française depuis de longues années.

Invité de BFMTV ce lundi, le secrétaire d'Etat aux relations avec Parlement Jean-Marie Le Guen a relancé le débat sur une éventuelle légalisation du cannabis en France.

Sur ce dossier, le président de la République François Hollande s'est exprimé à plusieurs reprises contre une dépénalisation de cette drogue, mais évoquant la nécessité d'un débat "à l'échelle européenne". Mais depuis 2012, les sorties de plusieurs ministres ont semé le doute quant à la position du gouvernement sur le sujet. Retour sur un débat qui agite l'exécutif depuis quatre ans.

Duflot et le "double discours du gouvernement"

Juin 2012. A peine nommée ministre du Logement, l'écologiste Cécile Duflot affirme être favorable à la dépénalisation du cannabis. "L'objectif est double: il est de faire baisser le trafic, de supprimer le trafic et la violence notamment, et d'avoir une politique de santé publique", explique-t-elle. "Je sais que ce n'est pas la position du gouvernement mais là, je suis la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts et je dis quelle est notre position", prend-elle soin de préciser. Peine perdue. L'opposition pointe le "double discours" du gouvernement, et le Premier ministre d'alors, Jean-Marc Ayrault, la recadre.

> Peillon estime que la question "est posée"

Octobre 2012. Le ministre de l'Éducation nationale Vincent Peillon crée un nouveau malaise en déclarant que la question de la dépénalisation du cannabis "est posée". Il finit par rétropédaler, un communiqué du ministère évoquant une "réflexion personnelle". S'ensuivent les réprimandes de Matignon et de l'Elysée.

> Un rapport parlementaire pro-légalisation contrôlée

Octobre 2014. La députée PS Anne-Yvonne Le Dain, co-auteur d’un rapport parlementaire sur l’évaluation de la lutte contre l’usage de substances illicites, propose de légaliser dans la sphère privée et uniquement privée. 

> "Pas acceptable de ne pas y réfléchir", pour Taubira,

Juillet 2015. La garde des Sceaux Christiane Taubira affirme, dans une interview à Society, qu'"il n'est pas acceptable de ne pas réfléchir" à la légalisation du cannabis. Si le Premier ministre Manuel Valls ne la racadre pas clairement, consacrant une certaine liberté de parole qu'elle pouvait avoir en tant que ministre, il réaffirme rapidement: "On peut toujours débattre, mais pour ce qui concerne le gouvernement, le débat est clos."

> Baylet, un pro-légalisation au gouvernement

Février 2016. Jean-Michel Baylet devient ministre de l'Aménagement du territoire. Avant d'entrer au gouvernement, le chef du parti radical de gauche a a plusieurs reprises affirmé être pro-légalisation du cannabis. "Je considère qu’il faut légaliser le cannabis (...) Ma proposition, c’est de le vendre en pharmacie. C’est contrôlé, c’est de la bonne qualité et c’est dosé de façon un peu moins forte", avait-il pu par exemple expliquer en 2012. Mais lui se tient à carreau depuis sa prise de fonctions. "Quand on rentre au gouvernement, on est là pour suivre la ligne du gouvernement", a-t-il dit sur RTL.

> Le Guen appelle à un débat sur la prohibition

Avril 2016. Jean-Marie Le Guen dit s'exprimer à titre "personnel" et non pas en tant que "membre du gouvernement". Mais jugeant que "la situation actuelle ne marche pas", ce médecin de profession a appelé à ce que "le Parti socialiste ouvre un débat sur la fin de la prohibition" et estimé que la question faisait "partie des éléments du débat" pour la prochaine présidentielle.

Violette Robinet