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TERRORISME

Attentats du 13 novembre : la femme qui a dénoncé Abaaoud témoigne

Dans un entretien accordé au Washington Post, la femme qui a dénoncé l’organisateur présumé des attentats du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, revient sur les détails de sa rencontre avec le terroriste.

Capture d'écran d'une vidéo de propagande d'Abelhamid Abaaoud.
Capture d'écran d'une vidéo de propagande d'Abelhamid Abaaoud. AFP
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Alors que les arrestations liées aux attaques du 13 novembre à Paris s’enchaînent depuis quelques semaines, la témoin-clé qui a dénoncé Abdelhamid Abaaoud, décrit comme le coordinateur de la cellule terroriste qui a ensanglanté la capitale française, s’est confiée dimanche au journal américain Washington Post.

Cette femme, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité, se présente comme la mère de substitution d'Hasna Aïtboulahcen, la cousine du terroriste belge, tuée avec lui lors de l’assaut de leur planque à Saint-Denis.

"J’espère que ce n’est pas une blague"

Âgée d’une quarantaine d’années, elle affirme qu’elle était en compagnie de la jeune femme lorsque celle-ci a reçu un appel provenant d’un numéro belge. L’interlocuteur, que Hasna Aïtboulahcen ne connaît pas, dit appeler de la part d’Abdelhamid Abaaoud et lui demande son aide.

"Je ne vais pas entrer dans les détails. Tu as vu ce qu’il s’est passé à la télévision", lui dit son interlocuteur, expliquant que son cousin a besoin d’une planque pour "seulement un jour ou deux". Selon la témoin qui était en compagnie d'Hasna Aïtboulahcen le jour des attentats, la jeune femme, qui projetait de se rendre en Syrie, aurait dit au sujet des victimes qu’ils étaient "tous des mécréants".

La femme confie qu'Hasna Aïtboulahcen, à la suite du coup de fil, "avait l’air heureuse et répétait : 'J’espère que ce n’est pas une blague'". Elle pense même, confie le témoin, qu’il s’agit peut-être de venir en aide à Younes Abaaoud, le jeune frère d’Abdelhamid parti en Syrie en 2014, plutôt que son grand frère, qui est alors recherché par les polices européennes.

Toujours est-il que la témoin et son mari décident de conduire Hasna Aïtboulahcen au rendez-vous fixé près d’Aubervilliers, là où Abdelhamid Abaaoud s’est caché avec un complice après les attentats.

Lorsqu’il sort de sa cache, un buisson en bord de route, elle reconnaît son cousin et lui saute au cou. Les deux femmes et le terroriste retournent vers le véhicule conduit par le mari du témoin. Méfiant, le membre de l’organisation de l’État islamique (EI) s’apprête à sortir une arme quand il voit l’homme au volant.

Rassuré par sa cousine, il accepte dans un premier temps de monter à bord du véhicule avant de changer d’avis et de descendre quelques minutes plus tard. Il appelle alors Hasna Aïtboulahcen et menace : "Tu peux dire au petit couple que mes frères s’occuperont d’eux si jamais ils parlent".

Un contact décisif avec la SDAT

De retour à son domicile, le témoin explique qu’elle a tenté de saoûler Aïtboulahcen avec du vin pour la convaincre d’alerter la police. Son plan échoue. Le lendemain, la cousine du terroriste est absente. Elle décide alors elle-même de contacter la Sous-direction anti-terroriste (SDAT). Un rendez-vous est fixé pour le lendemain. Le témoin passe la soirée dans le quartier général de la SDAT et détaille point par point sa rencontre avec Abaaoud.

Alors que la traque se met en place, Hasna Aïtboulahcen quitte le domicile du couple et semble faire ses adieux. "Elle m’a dit qu’elle m’aimait, que j’avais été une mère parfaite pour elle, et que j’irai au paradis", confie le témoin au Washington Post. Juste avant que la jeune femme ne parte, elle lui demande une adresse où elle pourrait la joindre. Une adresse que la témoin communique ensuite à la police. Le piège se referme sur Abaaoud, son complice, plus tard identifié comme étant Chakib Akrouh, et sa cousine Hasna.

Le 18 novembre, les forces de police mènent l’assaut contre l’appartement de Saint-Denis, dans lequel les trois personnes perdent la vie.

"C’est important que le monde sache que je suis moi-même musulmane", a confié la femme sans qui Abdelhamid Abaaoud aurait pu frapper à nouveau Paris. "C’est important pour moi que les gens sachent que ce qu’Abaaoud et les autres ont fait, ce n’est pas ce qu’enseigne l’islam", ajoute-t-elle lors de l’entretien accordé au quotidien américain.

Bien que placée sous protection policière, elle a confié avoir toujours peur. "Je ne me sens plus en sécurité lorsque je me déplace".

La témoin avait récemment livré sa version des faits à BFMTV et RMC, disant se sentir "abandonnée par l’État".

 

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