Un remaniement, deux mois, trois maroquins

Il y a deux mois, François Hollande effectuait sans doute le dernier remaniement ministériel de son quinquennat. Quel bilan 60 jours après ?

Par Alexandre Rousset

Présentation du nouveau gouvernement à l'Élysée le 17 février 2016.
Présentation du nouveau gouvernement à l'Élysée le 17 février 2016. © CITIZENSIDE

Temps de lecture : 5 min

En ce lundi 11 avril, les ministres et secrétaires d'État intégrés lors du dernier remaniement célèbrent leurs deux mois au sein du gouvernement. Deux mois pour s'emparer des dossiers en cours et imposer leur marque, avec des fortunes diverses. Petit bilan de trois symboles de l'ouverture du gouvernement avec le radical de gauche Jean-Michel Baylet, l'écologiste Barbara Pompili et la jeune pousse du PS Juliette Méadel.

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Tranquille comme Jean-Michel Baylet

Jean-Michel Baylet © FRED DUFOUR AFP
Jean-Michel Baylet, président du Parti radical et du groupe de presse La Dépêche, a obtenu le maroquin de l'Aménagement du territoire, Ruralité et Collectivités territoriales. © FRED DUFOUR AFP

Ayant déjà occupé trois fonctions gouvernementales entre 1984 et 1993, Jean-Michel Baylet a hérité du ministère de l'Aménagement du Territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales.

Malgré son expérience, le président du Parti radical de gauche a dû dès le lendemain de son arrivée au gouvernement éteindre une polémique. En cause, des articles dithyrambiques des journaux du groupe La Dépêche au lendemain du remaniement. Groupe dont le ministre est propriétaire et dont le directeur n'est autre que son fils. Là où le reste de la presse fustige la nouvelle équipe ministérielle, La Dépêche du Mid i titre sur un « gouvernement de combat » et propose un éloge de François Hollande en guise d'éditorial. Absolument pas gêné, Jean-Michel Baylet balaie l'affaire en évoquant une « polémique pitoyable ».

Quelques jours plus tard, Jean-Michel Baylet est de nouveau épinglé. À peine nommé, le Toulousain fait jouer ses réseaux pour installer son ministère à l'hôtel de Castries, en principe dévolu à la nouvelle ministre du Logement, Emmanuelle Cosse.

Maintenant bien installé, Jean-Michel Baylet n'a plus qu'à ouvrir le principal dossier de son ministère : la réforme territoriale. Pas besoin de rédiger le texte de loi et de se lancer dans la bataille parlementaire. La loi NOTRe est déjà promulguée et le ministre n'a plus qu'à suivre le calendrier de sa mise en œuvre. Sa mission pour cette dernière année de quinquennat : servir de médiateur entre l'exécutif et les collectivités territoriales. Également responsable de la Ruralité, il travaille sur un plan visant à améliorer la couverture mobile des zones reculées.

Le difficile apprentissage de Barbara Pompili

Barbara Pompili, © PHILIPPE HUGUEN AFP
Barbara Pompili a quitté Europe-Écologie-Les Verts en septembre 2015, avant d'intégrer le gouvernement il y a 2 mois. © PHILIPPE HUGUEN AFP

Au lendemain de sa nomination comme secrétaire d'État à la Biodiversité, l'écologiste Barbara Pompili découvre que 15 tonnes de fumier ont été déversées devant sa permanence parlementaire à Amiens. Une délicate attention d'agriculteurs picards souhaitant « maintenir la pression » sur le gouvernement. Un présage nauséabond pour celle qui, avec Jean-Vincent Placé et Emmanuelle Cosse, symbolise alors le retour des écologistes au gouvernement - des écologistes qui avaient tous les trois préalablement quitté Europe Écologie-Les Verts.

Sous tutelle de la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, Barbara Pompili a dû très vite apprendre à mettre de l'eau dans son vin. Alors qu'elle dénonçait les dangers du « tout-nucléaire » avant son entrée au gouvernement, elle se voit obligée de défendre la décision de Ségolène Royal de prolonger de dix ans la durée de vie des centrales. Des bruits de couloir évoquent rapidement des relations tendues entre les deux femmes, ce que la nouvelle arrivée dément fermement.

La priorité de Barbara Pompili reste la défense de la loi biodiversité, en pleine discussion parlementaire. Et là aussi, la secrétaire d'État doit défendre bon gré mal gré des décisions qui font bondir ses anciens amis écologistes. Tout d'abord, le rejet de l'interdiction du chalutage en eaux profondes. Un temps évoquée, cette mesure a été supprimée sous la pression des pêcheurs. Des professionnels de la pêche qu'a tenu à rassurer Barbara Pompili en évoquant un « immense malentendu ». Vient ensuite l'allégement de la « taxe Nutella » sur l'huile de palme. Malgré les dangers pour la santé de ce produit et la déforestation qu'implique sa culture, les parlementaires ont décidé de faire passer cette taxe de 104 à 90 euros par tonne d'huile de palme importée en France. Une façon de ne pas froisser les grands pays producteurs comme l'Indonésie ou la Malaisie, de l'aveu de Barbara Pompili. Mais aussi de l'industrie agroalimentaire, notamment.

L'étonnant maroquin de Juliette Méadel

Juliette Méadel  © JEAN-PIERRE MULLER AFP
Juliette Méadel, ancien porte-parole du Parti socialiste, est secrétaire d'État à l'Aide aux victimes. © JEAN-PIERRE MULLER AFP

De son propre aveu, sa mission aurait pu être menée par un délégué interministériel. Pourtant, c'est bien du titre de secrétaire d'État chargée de l'Aide aux victimes qu'a hérité Juliette Méadel lors du dernier remaniement. Une fonction créée en réaction aux attentats qui ont touché la France en 2015, mais aussi pour mettre en avant une personnalité biberonnée au socialisme. Fille d'un collaborateur d'Édith Cresson, Juliette Méadel incarne la jeunesse et le renouveau du parti. Même si la quadra, qui a donné naissance à son quatrième enfant samedi, est passée par Sciences Po, l'ENA, puis a ensuite mené une carrière d'avocate internationale.

Les principales missions de Juliette Méadel : coordonner les relations entre les associations de victimes et les services de l'État, mais aussi faciliter les procédures d'information et d'indemnisation. Pour ce faire, elle a rendu publique le 21 mars sa « feuille de route », avec comme mesure-phare la création d'un guichet unique et d'un numéro de téléphone consacrés à l'accompagnement des victimes. Tout cela valait-il un poste au gouvernement ? Manuel Valls lui-même préfère mettre l'accent sur la « portée symbolique » de ce maroquin.

Résultat, à part une certaine curiosité due à l'originalité du poste, l'action de Juliette Méadel reste peu médiatisée. Seul coup d'éclat, sa prise de position sur l'affaire Barbarin. Interrogée sur les scandales de pédophilie qui secouent le diocèse de Lyon, la secrétaire d'État réclame à la télévision la démission du cardinal. Des propos bien moins mesurés que la ligne de Manuel Valls, qui invitait plus sobrement l'homme d'Église à « prendre ses responsabilités ». Une petite polémique avec notamment la réaction de la présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate Christine Boutin, qui estime que les propos de la secrétaire d'État sont « déplacés » et qu'elle « devrait rester à sa place ».

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Commentaires (29)

  • GANDALFLEBLANC

    Rien qu'à voir la photo, on s'aperçoit qu'ils sont tous contents d'eux, tout va très bien. Comme si on avait le plein emploi, pas de dettes, terrorisme muselé. Pitoyable.
    Enfin, encore 12 mois. Mais qu'est ce que ça va être long.

  • Aphroditechild

    Le bilan des 60 jours après le remaniement ? Et bien c'est très simple ; les nouveaux rentrants et recyclés parmi eux ont gagné une fonction gouvernementale, s'abreuvant de la bonne soupe qui leur est offerte et à la clé une excellente assurance concernant leur retraite. Du côté, des perdants, F. Hollande qui végète et essaye de sortir sa tête hors de l'eau non pas pour réformer le pays, oh, non, mais pour analyser et faire la synthèse à savoir comment il va annoncer aux Français sa candidature pour 2017, obsédé par le pouvoir en passant outre sa promesse d'inverser la courbe du chômage. Lui aussi se régale de la bonne soupe, des apéros, des petits fours, des restos entre copains et copines tout cela grâce à la "générosité" des contribuables. Pourquoi céder tous ces petits plaisirs qui l'arrondissent et lui donnent de bonnes joues. Le 14 Avril prochain, il va se pointer sur F2 et vanter son bilan. Tout va très bien Madame la Marquise, tout va trop bien. Et hop, les sondeurs lui donneront une fois de plus raison.

  • Pan Bagnat

    Juliette Meadel a accouché de son 4ème enfant 2 mois après sa nomination, ça démontre le peu d'investissement personnel que demande ce poste... Certainement grassement rémunéré.
    Ne voyez aucun sexisme dans mon commentaire, je suis une maman avec les pieds sur terre.