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C'est l'arroseur arrosé. Le quotidien argentin La Nación, chargé de mettre à nu les millions de documents de Mossack Fonseca, est rattrapé par l'enquête de ses propres journalistes. Le groupe La Nación S.A. et son directeur Luis Saguier apparaissent dans l'affaire des Panama Papers.
Une justification opaque
Dans son édition de dimanche, La Nación prétendait clarifier la situation dans un communiqué évasif titré : « La Nación à ses lecteurs ». On y comprend, laborieusement, qu'à la suite de la vente de ses activités d'annonces immobilières et d'offres d'emploi, le groupe La Nación s'est retrouvé au capital d'une société créée par l'intermédiaire de Mossack Fonseca : Navent Group Ltd., dont l'une des filiales se trouve au Panama. Avec moins de 10 % du capital, l'influent Luis Saguier, directeur de La Nación, figurerait donc au conseil d'administration de Navent. Rien de plus. Un fait somme toute peu étonnant pour un groupe aussi important.
Pourtant, impossible de savoir si la participation de La Nación S.A. au capital de Navent Group Ltd. concerne sa filiale panaméenne ou une autre société du groupe. Contactée par Le Point.fr, la rédaction affirme ne pas connaître ce « détail ». Les journalistes, notamment ceux chargés de l'enquête, naturellement sous pression, refusent de s'exprimer sur la polémique qui affecte leur journal. Pourquoi ne pas avoir rendu publique cette information dès le début ? « La découverte s'est faite dans les derniers jours, car une grande partie des 11 millions de documents auxquels La Nación a pu avoir accès, grâce au Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, sont toujours en cours de traitement », conclut le communiqué.
Deux poids, deux mesures
Le choix de La Nación comme partenaire de l'ICIJ a d'ailleurs étonné. Certes, le journal est le premier à avoir monté une équipe de data journalisme en Argentine. La Nación s'affiche en chantre de la transparence et de l'open data. Mais le contexte politique de la récente élection de Mauricio Macri, pour lequel La Nación ne cache pas sa sympathie, affecte d'emblée la crédibilité de l'enquête menée par un journal qui a largement soutenu sa campagne. D'ailleurs, le lien direct entre le nouveau président et, pour l'heure, trois sociétés offshore a été très peu développé par le quotidien.
En dépit d'une enquête ouverte par la justice, le journal La Nación s'est contenté des réponses officielles du gouvernement. Dès le premier jour des révélations des Panama Papers, la ligne de la direction de La Nación saute aux yeux des lecteurs. Chaque article rappelle que la constitution d'une société offshore n'a rien d'illégal en soi. On préfère insister sur l'aspect légal plutôt que sur l'aspect moral. Et pour cause. L'un des grands thèmes de campagne du tout nouveau président était justement la transparence et la lutte contre la corruption. Pourtant, le quotidien fait la « une » avec l'autre scandale financier du moment : celui qui touche, indirectement, l'ancienne présidente Cristina Kirchner, qui doit se présenter devant la justice mercredi prochain. Cette affaire, elle, a fait l'objet d'une enquête extensive dont le moindre rebondissement est relayé de façon prolifique par le quotidien.
Crédibilités en berne
La nouvelle de l'implication de La Nación dans le scandale qu'il dénonce est rapidement relayée sur les réseaux sociaux. Là, l'humour des Argentins traduit tout leur cynisme et leur lucidité concernant le niveau de corruption de ses élites. Près de 600 personnalités argentines sont citées dans les Panama Papers, pour une population qui dépasse à peine les 40 millions d'habitants. Les Argentins rient, jaune, à chaque nouvelle révélation, certains que la collusion politico-médiatique les empêchera de connaître la vérité. Cette défiance n'est pas nouvelle. Mais, dans un contexte de forte récession, de mesures d'ajustement drastiques, et alors même que l'Argentine s'apprête à s'endetter pour rembourser les fonds vautours, la pilule Panama Papers a du mal à passer.
Dès lundi dernier, La Nación leur donne raison. L'entrée Panama Papers, dont le quotidien était jusqu'alors si fier, disparaît des « thèmes du jour » du site internet. Quant au dossier de la grande enquête ? Il est relayé en bas de page, tout comme les articles concernant Mauricio Macri, savamment noyés au milieu des révélations « chocs » sur d'autres personnalités argentines.
Il y a certainement beaucoup de surprises cachées dans le lot des "clients" de Panama Papers !
C'est sans doute ce qui ...explique l'extrême discrétion de nos médias nationaux sur le contenu de la liste des 1. 000 Français détectés dans les documents révélés par la Presse. A part les quelques nom "livrés en pâture" avec les intentions que l'on devine, le silence reste bien gardé... Il dit y avoir du gros gibier dans les filets !
La BCE lutte contre le désamour de l'argent par l'argent : il y a de l'argent pour lutter contre la déflation. Chaque gr...ain de poussière est toujours la. De l'argent gagné peut se révélé inutile mais tellement aimé qu'un paradis fiscal s'impose pour sauver cet amour. Les Panama-papers sont en fait une façon d'emboiter le pas à la BCE en luttant contre la maladie d'amour de l'argent caché. L'amour de l'argent ne pouvant vivre qu'en nous distrayant au grand jour.