Ses effets sur le cerveau n’avaient jamais été étudiés à l’aide de l’imagerie médicale moderne. Et pour cause : le LSD (pour diéthylamide de l’acide lysergique) est interdit depuis 1966, ce qui rend les autorisations d’utilisation de cette substance pour des recherches scientifiques particulièrement difficiles à obtenir.

Des chercheurs de l’Imperial College de Londres ont pourtant bravé ces difficultés. Après avoir eu recours à un financement participatif pour mener à bien leur étude, ils ont utilisé trois techniques complémentaires d’imagerie pour observer le changement d’activité du cerveau sous l’emprise de LSD.

Un traitement potentiel contre la dépression

Leurs résultats, publiés sur le site de la revue PNAS le 11 avril, “offrent un aperçu de la façon dont les drogues psychédéliques pourraient à la fois faire la lumière sur la nature fondamentale de la conscience et être utilisées comme un outil thérapeutique pour traiter les troubles psychologiques tels que la dépression et la toxicomanie”, écrit Motherboard.

L’étude a impliqué la participation de 20 volontaires dont le cerveau a été observé sous l’effet d’un placebo et sous 75 milligrammes de LSD, “une dose modérée”, selon l’un des chercheurs. Les images par IRM des cerveaux soumis à la drogue montrent une communication réduite entre différentes zones comme le parahippocampe et les régions liées au sens de “soi” comme le cortex rétrosplénial.

“Les chercheurs ont également observé une augmentation du débit sanguin dans le cortex visuel et une communication accrue entre le cortex visuel et d’autres zones du cerveau sous LSD, détaille le site américain. “Ces résultats peuvent sembler des avancées de niche mais ils contribuent à une compréhension fondamentale de la façon dont le cerveau et la conscience fonctionnent”, ajoute-t-il.

Une préoccupation majeure

Cette étude doit cependant être prise avec des pincettes dans la mesure où la taille de l’échantillon – seulement 20 participants – est particulièrement restreinte et où les personnes impliquées avaient déjà eu recours à des psychotropes par le passé, ce qui peut avoir influencé les résultats.

Pour autant, “l’équipe espère que cette étude va contribuer à ouvrir les portes à d’autres recherches, insiste Motherboard. En ayant publié leurs résultats dans un journal très respecté et en les ayant présentés dans un environnement proche de la Royal Society, elle veut montrer que la recherche sur les drogues psychédéliques n’est pas un domaine marginal mais bien une préoccupation dominante”, qui peut contribuer à améliorer la connaissance.

Retrouvez notre dossier spécial “Drogues : faut-il tout légaliser ?”, dans le numéro 1328 de Courrier international, disponible en kiosque jeudi 14 avril.