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Billet de blog 14 avril 2016

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Le mécontentement social grandit en Iran

Les mouvements sociaux se sont multipliés en Iran, 6.500 répertoriés par les réseaux de la résistance. Ils ont été durement réprimés. Les ouvriers et les enseignants étaient en première ligne, deux catégories professionnelles sous-payées quand elles ne sont pas payées du tout. En Iran, un millier d’enseignants dorment en prison.

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Illustration 1
La gronde monte en Iran

Si le mécontentement social grandit en Iran, cela ne concerne pas les sanctions. L’espoir un temps soulevé par la fin de ces dernières, est vite retombé quand les Iraniens ont vu partir cette manne dans la guerre en Syrie, au Yémen, en Irak et pour alimenter le feu qui ravage le reste du Moyen-Orient. 

Selon les déclarations du guide suprême des mollahs, Khamenei, l’an dernier 60% des entreprises ont dû fermer et celles qui restent sont incapables de payer des salaires. Les caisses du gouvernement sont vides et pour le dernier mois de l’année iranienne (20 février - 20 mars), il a été incapable de payer les fonctionnaires.

La crise est réelle, bien ancrée et la gestion calamiteuse de la dictature religieuse ne fait que creuser la tombe de l’économie plus profondément. 

Les mouvements sociaux se sont multipliés en Iran, 6.500 répertoriés par les réseaux de la résistance. Ils ont été durement réprimés. Les ouvriers et les enseignants étaient en première ligne, deux catégories professionnelles sous-payées quand elles ne sont pas payées du tout. En Iran, un millier d’enseignants dorment en prison. 

C’est la raison pour laquelle deux syndicalistes arrêtés et condamnés à de lourdes peines ont fait sortir des murs de leur maison d’arrêt une déclaration le 9 avril, qu’ils ont également fait envoyer aux organisations internationales du travail. Ils annoncent une grève de la faim illimitée à partir du très symbolique 1er mai.

Jafar Azim Zadeh, syndicaliste ouvrier, et Ismaël Abadi, syndicaliste enseignant, emprisonnés à la section huit se la prison d’Evine de Téhéran, expliquent les conditions de vie insupportables de leurs collègues de travail.  « On nous impose des salaires sous le seuil de pauvreté qui ne sont pas versés en temps voulu de manière générale. Il n’y a plus de sécurité d'emploi pour la grande majorité des travailleurs en raison de contrats temporaires que l'on fait signer sur une page blanche. »

Dans l’enseignement, une myriade de catégories nouvelles a été créée pour baisser davantage les salaires qui sont déjà sous le seuil de pauvreté. Les enseignants ne bénéficient pas d’assurance sociale.   

Des journées de 18 heures de travail

Ces deux syndicalistes dénoncent pêle-mêle « le développement du travail des enfants, la destruction progressive de l'enseignement gratuit, le pillage des caisses sociales comme celle des retraites, l'interdiction de former des groupements indépendants de travailleurs, d'enseignants. » 

Ils contestent la « fin des subventions pour les marchandises de première nécessité comme l'électricité, le gaz, les produits laitiers. Cette situation imposée à la grande majorité de la population en Iran a terriblement réduit leur espace de leur vie. Malgré le fait qu'il soit devenu normal de devoir travailler 12 heures et parfois 18 heures par jour et que les enseignants soient contraints de trouver un deuxième et un troisième emploi, cela ne leur permet pas de subvenir au minimum nécessaire pour vivre aujourd'hui. En fait de grandes parties des travailleurs sont sous le seuil de pauvreté et même ont atteint le seuil survie. »

Des décrets interdisant les grèves

Les syndicalistes pointent du doigt les réactions du pouvoir qui n’a cessé d’enfoncer le clou et fustige le gouvernement Rohani. « Les divers gouvernements qui se sont succédé n’ont apporté pour toute réponse à cette situation catastrophique qu'une répression accrue des protestations ouvrières et des enseignants. Ils ont déployé encore plus d’efforts pour imposer davantage de non-droits et faciliter le terrain au pillage des salariés. 

« Depuis son installation, le gouvernement de Rohani a annoncé par le biais des autorités judiciaires un décret d'interdiction de grèves et de manifestation pour faciliter la répression des protestations ouvrières et enseignantes à travers le pays. Alors qu'ils protestaient calmement sur leur lieu de travail, des centaines d'ouvriers et enseignants ont été convoqués, arrêtés et poursuivis en justice. 

« L'image des groupements influents d’ouvriers et d’enseignants ont été salies par les services de sécurité. On nous accuse de tentative d'atteinte à la sécurité nationale. Comme des milliers d'ouvriers et d'enseignants protestataires, nous n’avons eu aucune activité que celle de défendre notre dignité et celle de nos collègues. Toutes les activités de nos collègues emprisonnés ont été menées dans les centres culturels des enseignants, dans l'Union libre des travailleurs iraniens et autres groupements indépendants. Nous avons agi pour obtenir des salaires qui nous reviennent de droit. Toutes les accusations dites de sécurité portent sur des collectes de signatures pour protester contre des salaires en-dessous du seuil de pauvreté, pour former des groupements indépendants ouvriers et d'enseignants, pour avoir participé à des rassemblements sociaux devant le Parlement et le ministère du Travail et avoir présenté des lettres de protestation aux services concernés.

Une grève de la faim illimitée

« C'est pourquoi nous avons décidé que pour le 1er mai, Journée internationale des travailleurs et de solidarité dans le monde, nous allons protester contre le contre l'interdit sécuritaire qui pèse sur les activités sociales de protestations des salariés qui vivent sous le seuil de pauvreté, et de l'interdiction de célébrer de manière indépendante et libre de cette journée du 1er mai. 

« Nous allons protester contre le manque de réactivité et d'action efficace l'Organisation internationale du travail face aux violations des droits fondamentaux des travailleurs et des enseignants en Iran.  Nous allons lancer une grève de la faim illimitée. Nous adresserons cette lettre aussi à la confédération internationale de l’Union de travailleurs et à l'organisation internationale des enseignants. »

Avec Iran Manif

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