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Être végétalien et grand sportif, c’est possible ?

Des sportifs de haut niveau ont banni la viande ou le poisson, allant contre l’idée qu’une alimentation à base de protéines animales est nécessaire pour réussir.

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Publié le 13 avril 2016 à 18h21, modifié le 15 avril 2016 à 17h54

Temps de Lecture 3 min.

Un coureur durant le marathon de Paris, dimanche 3 avril.

La viande symbole de force ? Depuis longtemps ce cliché a la vie dure, et en particulier dans le milieu du sport. Pour faire de bonnes performances, la consommation de protéines animales a toujours fait partie des régimes alimentaires des sportifs. Pourtant, certains allient régime végétalien et pratique du sport à haut niveau.

Flavien Bascoul prépare son marathon foulée par foulée. Comme n’importe quel coureur, il s’entraîne rigoureusement et suit une alimentation équilibrée. Avec une particularité : le jeune homme de 29 ans est végan. Dans ses assiettes de sportif, aucune protéine animale ni produits issus de l’exploitation des animaux.

« En 2011, dans le métro, j’ai vu un article sur le marathon de Paris. Je me suis dit que c’était quelque chose à faire au moins une fois dans sa vie », raconte Flavien. Mais l’histoire ne s’arrête pas là et le jeune homme se passionne pour la course a pied. Il allonge même les distances et participe à des ultramarathons de 50 à 100 kilomètres. « En ce moment je prépare une course de 100 miles [160 km] en Angleterre », précise-t-il. Amateur de junk food – il ne résiste jamais devant un hamburger végétalien –, Flavien adapte assez peu son alimentation à l’approche des courses. « Je mange beaucoup plus car je m’entraîne aussi beaucoup plus. J’intègre beaucoup de blé et de légumineuses dans mes plats pour l’énergie. »

Au quotidien, pas de rendez-vous médicaux à répétition ni de repas planifiés, préparés au nutriment près. « Je vais chez le médecin une fois par an, pour faire une prise de sang et voir si j’ai des carences », explique Flavien. Depuis qu’il a opté pour ce régime, il y a cinq ans, les résultats ont toujours été dans les taux recommandés. « Je le fais plus pour ma famille, pour qu’ils ne s’inquiètent pas. »

Carl Lewis, titulaire de neuf médailles d’or en athlétisme aux Jeux Olympiques, Bode Miller, médaillé olympique de ski alpin, Edwin Moses, invaincu 122 fois d’affilée sur le 400 mètres haies, Martina Navratilova, détentrice du plus grand nombre de titres dans l’histoire du tennis : tous ces champions végétariens ou végétaliens sont montrés en exemple sur les sites d’actualités végétariennes. « C’est la preuve que c’est possible », explique un autre coureur, Nicolaï Van Lennepkade. Devenu végan du jour au lendemain, il n’a jamais eu de difficulté à terminer ses marathons. « Comme les sportifs omnivores, il faut faire attention à compenser la perte de glucides entraînée par la pratique du sport intensive et manger plus. »

Une association possible mais peu recommandée

Si dans les faits, il n’est pas incompatible d’être un grand sportif et végétalien, les professionnels de santé ne le conseillent pas. Pour Frédéric Maton, président de la Société française de nutrition du sport (SFNS), « le végétalisme n’est pas bon pour les sportifs de haut niveau ». Un des risques majeurs : souffrir de déficit d’apport ou de carence. « Les végétariens s’exposent à des risques de carences en vitamines B12 et en acides gras oméga 3, aussi appelés EPA et DHA, particulièrement présents dans les poissons gras. Les apports nutritionnels conseillés en certains minéraux ne sont pas couverts, le fer notamment, et doivent faire l’objet d’une surveillance », explique Séverine Olivié, diététicienne nutritionniste spécialisée en nutrition du sportif à Monaco. Selon elle, un régime ovo-lacto végétarien bien conduit peut tout à fait couvrir les besoins nutritionnels de la population sportive. En revanche, elle ne cautionne pas le végétalisme.

Plus étonnant, de nombreux végétaliens sont aussi adeptes de culturisme. Mais pour pratiquer la musculation intensive, les complétements hyperprotéinés sont nécessaires.
En 2013, Patrick Baboumian déplace 550 kg sur dix mètres et décroche le titre de « l’homme le plus fort d’Allemagne ». Loin de l’image du bodybuilder dévorant deux poulets par jour, le personnage étonne : il est végétalien. Patrick Baboumian devient rapidement la figure emblématique des champions « végé » et profite de sa notoriété pour défendre ce régime en posant notamment dans les campagnes de publicité (en anglais) de l’association de défense des animaux Peta.

Mais pour Nicolas Aubineau, nutritionniste du sport qui propose des menus adaptés aux végétariens et végétaliens, il faut rappeler la présence de la « complémentation » en musculation. « J’ai de plus en plus de personnes qui me demandent des conseils pour faire du culturisme tout en étant végétalien ou végétarien. Leur régime est possible à allier avec une pratique intensive de la musculation, mais cela passe par une alimentation à base de shaker de protéines de lin, de chanvre ou de pois. » Avec ces compléments alimentaires, disponibles dans le commerce, culturisme et végétalisme ne sont pas indissociables. Et à voir Patrick Baboumian, on est loin de l’image chétive et maladive souvent attribuée aux végétaliens.

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