En Irak, la crise politique s'aggrave
La formation d'un gouvernement stable est cruciale aux yeux d'une partie de la communauté internationale qui soutient l'Irak dans sa lutte pour reprendre les territoires aux mains de l'EI.
- Publié le 14-04-2016 à 20h51
- Mis à jour le 14-04-2016 à 20h52
La crise politique s'est aggravée jeudi en Irak, des députés votant la destitution du président du Parlement, une décision contestée qui retarde la formation d'un nouveau gouvernement dans un pays en guerre contre le groupe Etat islamique (EI). La situation chaotique et confuse au Parlement constitue un revers pour le Premier ministre irakien Haider al-Abadi qui tente de former un nouveau gouvernement de technocrates afin de mener des réformes pour enrayer la corruption.
La formation d'un gouvernement stable est cruciale aux yeux d'une partie de la communauté internationale qui soutient l'Irak dans sa lutte pour reprendre les territoires aux mains de l'EI.
Le vote sur la liste des ministres du nouveau gouvernement, prévu jeudi, n'a pas pu avoir lieu, les députés votant pour la destitution du président du Parlement, Salim al-Joubouri, et de ses deux adjoints, ont indiqué des élus.
Mais M. Joubouri, qui n'était pas présent lors de la séance comme ses adjoints, a contesté le résultat du vote, affirmant que le quorum requis de 165 élus n'avait pas été atteint et que sa destitution était donc "inconstitutionnelle".
Il a appelé à la tenue d'une nouvelle séance "normale" du Parlement samedi.
Le responsable chargé de compter les députés, Niyazi Oglu, a lui affirmé que 173 personnes avaient assisté au vote, alors que deux autres députés ont donné le chiffre de 170 présents.
Le vote de destitution contesté de M. Joubouri, une importante figure sunnite, a suscité la colère du camp sunnite au Parlement.
L'Irak est majoritairement chiite mais compte une importante minorité sunnite.
"Les appels (à la destitution) vont aboutir à la fin du concept de partenariat politique (entre sunnites et chiites) et au principe de consensus sur lequel le processus politique est basé", indique un communiqué du bloc sunnite lu par le député Ahmed al-Misari.
Pour l'analyste Kirk Sowell, qui publie depuis la Jordanie la lettre d'information "Au coeur de la politique irakienne", le vote de destitution "est sûrement invalide" et Joubouri "a été visé en raison de son alliance avec le Premier ministre Abadi".
Ce dernier se heurte à une farouche résistance des partis --y compris de son camp chiite-- contre son idée de former un gouvernement de technocrates.
Les partis s'inquiètent de perdre les privilèges dont ils bénéficient grâce aux postes de ministres dont leurs membres disposent.