Comment l’Allemagne compte intégrer les réfugiés…

… et combattre la menace du terrorisme en même temps. Le gouvernement à Berlin proposera une série de mesures pour faire les deux en même temps.

Le gouvernement allemand proposera une nouvelle loi et des mesures favorisant l'intégration des réfugiés. Foto: Tobias Koch / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Dans la nuit de mercredi à jeudi, la coalition au pouvoir à Berlin (CDU/CSU et SPD) a décidé d’un paquet de mesures qui visent à faciliter l’intégration des réfugiés arrivant en Allemagne et en même temps, un volet s’occupe de la lutte anti-terroriste. Comme souvent lorsque l’on décide de tout un «paquet» de mesures, il y a des choses intéressantes et des choses moins bonnes.

Une nouvelle «loi sur l’intégration» serait destinée à faciliter l’intégration des réfugiés. L’aspect le plus intéressant dans cette loi est l’assignation d’un domicile aux personnes qui obtiennent l’asile – ce qui pourrait être interprété comme une mesure restrictive, c’est la tentative d’empêcher l’émergence de «ghettos» dans les banlieues des villes qui, comme on vient de l’apprendre dans des conditions dramatiques, sont des lieux de radicalisation. Cette mesure ne vise donc pas à restreindre la liberté de mouvement des personnes concernées, mais au contraire, la mixité dans les quartiers d’habitation. Dans une telle configuration, les populations concernées ne resteraient pas entre elles, mais pourront établir plus facilement le contact avec les populations du pays hôte.

Il est également prévu de faciliter l’accès au marché de l’emploi pour les réfugiés. Ainsi, les jeunes réfugiés qui trouvent une place d’apprenti auront automatiquement le droit de séjour pour toute la durée de leur formation et, en cas de réussite, pour une période de recherche d’un emploi. De plus, il est prévu de créer, avec de l’argent public, 100 000 emplois pour des réfugiés ayant ainsi réussi leur formation. Et la loi prévoit également, pour une durée de trois ans et à titre expérimental, la suspension de la «vérification de priorité», une procédure qui veut qu’avant qu’un étranger puisse être embauché, l’employeur doit d’abord vérifier si un chercheur d’emploi allemand ne pourrait pas occuper le poste à pourvoir.

Cette nouvelle loi demande également des efforts dans l’apprentissage de la langue allemande, ce qui, en principe, est bien. Moins bien : en cas d’échec au bout de trois ans, les personnes concernées risquent de se voir enlever leur droit de séjour. Cette sanction qui peut s’avérer fatale pour les personnes concernées, est considérée par plusieurs ONGs comme démesurée, considérant que le talent pour l’apprentissage d’une langue étrangère n’est pas le même pour tout le monde.

Et la sécurité… – Concernant le volet «sécurité et lutte contre le terrorisme», l’Allemagne réagit comme la plupart de ses voisins. Sans décréter l’état d’urgence, l’Allemagne, elle aussi, cherche son salut dans l’extension des compétences de la police et des services secrets. Des enquêteurs civils pourront être mandatés pour infiltrer des organisations de passeurs d’homme déjà dans le cadre d’enquêtes préliminaires, et les services secrets auront la possibilité d’intensifier les échanges de données avec des services d’autres pays. Ainsi, le gouvernement autorise une pratique dont on sait qu’elle a déjà cours depuis des années et il est surprenant qu’on renforce ainsi les compétences du BND (Bundesnachrichtendienst), quelques mois après le scandale où on avait appris que ce même service espionnait les partenaires européens pour le compte de la NSA américaine. La commission d’enquête du parlement allemand était alors arrivée à la conclusion que les services secrets allemands étaient devenus un «état dans l’état» et on est en droit de se poser la question si cela augmente réellement notre sécurité. Dans la foulée, les services secrets seront autorisés à garder les données collectées pendant cinq ans.

Plutôt bien vu – désormais, il ne sera plus possible d’acheter des téléphones portables à cartes prépayés de manière anonyme, le moyen de communication de choix de toute organisation criminelle et terroriste. Autant les prestataires de télécommunications que les commerçants de téléphones seront désormais obligés de demander une pièce d’identité du client indiquant son adresse complète et les informations seront vérifiées avant la mise en service de l’appareil.

Avant que ce paquet de mesures ne puisse entrer en vigueur, il sera discuté avec les ministres-présidents des Länder le 22 avril prochain, avant d’arriver au vote au Bundestag. Toutefois, considérant la majorité écrasante de la «Grande Coalition» à Berlin, il ne fait aucun doute que ces mesures seront adoptées.

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