Paris Aéroports : «La reconnaissance faciale testée à Roissy le mois prochain»

Le PDG des aéroports parisiens présente aujourd'hui la nouvelle stratégie du groupe. Changement de nom, ambitions à l'étranger et services innovants sont au programme.

Augustin de Romanet, PDG de Paris Aéroport, estime que l’Etat, majoritaire au capital, est un bon actionnaire : « Nous n’avons pas besoin d’être privatisé pour bien travailler. »
Augustin de Romanet, PDG de Paris Aéroport, estime que l’Etat, majoritaire au capital, est un bon actionnaire : « Nous n’avons pas besoin d’être privatisé pour bien travailler. » LP / Olivier Corsan

    Alors qu'Aéroports de Paris (ADP) devient aujourd'hui officiellement Paris Aéroport, Augustin de Romanet détaille ses grands chantiers à venir.

    Aéroports de Paris change de nom. Pourquoi ?
    AUGUSTIN DE ROMANET. Il y a une compétition entre les aéroports. Pour aller d'Asie en Amérique, en passant par l'ouest, vous avez le choix entre au moins neuf aéroports : Londres, Amsterdam, Francfort, Paris, Istanbul, Dubaï, Doha, Abu Dhabi et Madrid. Notre marque doit être une référence. Pour les voyageurs, ce doit être la garantie d'un service comparable aux meilleures chaînes d'hôtels internationales. Pour les compagnies aériennes, c'est une assurance d'avoir des vols ponctuels, des parcours clients fluidifiés, des correspondances optimisées. Associée à notre nouvelle marque.

    Concrètement, qu'est-ce qui va changer ?
    Aujourd'hui, quand un voyageur passe par Paris-Charles-de-Gaulle, il se retrouve tantôt face à un terminal, comme le 2G qui offre des espaces et des commerces réduits. Ou devant le terminal 2E, ultra-moderne, classé quatrième aérogare du monde. Ou encore devant le terminal 1, où l'offre commerciale est insuffisante. Il faut homogénéiser l'ensemble des services et ne pas donner l'impression qu'il y a deux catégories de clients. Aujourd'hui, 60 % à 70 % de Paris-Charles-de-Gaulle proposent la même offre. Il faut atteindre l'excellence. En mai, nous allons ainsi ouvrir un hôtel et un lounge, Instant Paris, dans le terminal 2E de Roissy, dans la zone sous douane, c'est-à-dire dans la partie de l'aéroport accessible lorsque les différents points de contrôle ont été franchis. Il disposera de 80 chambres, que l'on pourra réserver pour quelques heures ou plus.

    Quels services allez-vous améliorer ?
    L'accessibilité à Paris-Charles-de-Gaulle. La construction de CDG Express est un combat de tous les jours. Au plus tôt, il devrait être réalisé pour 2023. C'est aussi le temps d'attente aux passages aux postes-frontières, qui a tendance à s'accroître en raison d'effectifs de police qui n'ont pas augmenté depuis 2008 et du durcissement des contrôles. Nous avons trois fois plus de moments où l'attente est supérieure à trente minutes que l'année dernière. Le week-end dernier, à Paris-Orly, on a eu parfois une heure et demie d'attente. L'objectif est aussi d'automatiser les contrôles avec le système Parafe pour dégager du temps aux policiers pour effectuer d'autres tâches. Le mois prochain, à Paris-Charles-de-Gaulle, on va tester la reconnaissance faciale.

    Compte tenu du risque terroriste, êtes-vous favorable à l'installation de portiques aux portes des aéroports ?
    Ce n'est pas à l'ordre du jour. En revanche, il y aura davantage de contrôles en zone publique. Des patrouilles avec des chiens se multiplient, nous avons également des profileurs et on améliore notre système de vidéosurveillance, qui compte 9 000 caméras, contre 1 000 avant le 11 septembre 2001.

    L'Etat est-il un bon actionnaire ?
    Oui, il soutient notre développement et ne nous a jamais mis de bâtons dans les roues. Nous n'avons pas besoin d'être privatisé pour bien travailler. La valeur de l'entreprise s'établit à 11 Mds€. Elle a doublé depuis trois ans ; ce qui satisfait l'Etat.

    Les salariés ont fait beaucoup d'efforts...
    On a diminué nos effectifs de 450 personnes sur un total de 6 550 pour la maison mère. Les compagnies aériennes souhaitent que nos prix augmentent le moins possible. On s'est donc engagé à maîtriser les effectifs, mais sans licenciements. Mais je suis très attentif à ce que les salariés profitent également de leurs efforts. Nous avons décidé en 2015 de supprimer les retraites chapeaux du comité exécutif. C'est un système très généreux qui n'avait pas encore donné sa pleine puissance. On pouvait donc le supprimer sans dommage. Cela nous a permis de reprendre une provision de 25 M€ que nous avons rétrocédée aux salariés par un programme d'actions gratuites réalisé ce mois-ci.

    Air France-KLM cherche un nouveau PDG. Etes-vous intéressé ?
    Je ne me pose pas la question. Le travail devant nous est énorme. On déménage le siège de Paris à Paris-Charles-de-Gaulle en janvier prochain, on développe notre marque, il y a le CDG Express... Et puis, il y a le développement à l'international. Nous discutons avec des aéroports aux Philippines mais aussi avec le gouvernement vietnamien pour entrer au capital de la compagnie nationale vietnamienne. Même s'il n'y a pas de dossier qui doive aboutir à court terme, se développer à l'étranger est important. Aujourd'hui, l'international représente 7 % de notre résultat opérationnel. Je souhaiterais doubler cette part d'ici cinq ans.