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Japon et Equateur : des séismes indépendants, dans une zone très active

Les secousses qui ont ébranlé Kyushu et le pays d’Amérique du Sud ne sont pas reliées physiquement, même si elles sont dues à la forte sismicité de la région.

Publié le 17 avril 2016 à 18h19, modifié le 19 avril 2016 à 01h11 Temps de Lecture 4 min.

Des sauveteurs accompagnés d'un chien font des recherches dans l'une des brèches ouvertes par le séisme à Minamiaso, dans la préfecture de Kumamoto, dans le sud du Japon,  le 17 avril 2016.

Le Japon, où le bilan provisoire est de 42 morts et plus d’un millier de blessés. L’Equateur, où les autorités font état d’au moins 413 morts et plus de 2 000 blessés. Les îles Tonga, touchées elles aussi… Il est naturel de se demander si les multiples séismes survenus ces derniers jours sont reliés entre eux, comme dans une réaction en chaîne. Ce n’est, d’un point de vue physique, ou mécanique, pas le cas.

Certes, tous ont pour origine la très forte activité sismique et volcanique de la zone Pacifique. « Environ 80 % des volcans émergés de la planète sont localisés dans les zones de subduction tout autour de l’océan Pacifique », rappelle Patrick Allard, géophysicien à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Ce qu’on appelle « la ceinture de feu du Pacifique ». Tous aussi mettent en jeu la plaque tectonique pacifique, au sens large. Pour autant, les secousses qui ont ébranlé le Japon n’ont pas entraîné celle qui a mis à mal l’Equateur, à près de 15 000 kilomètres de distance.

Pedernales, Equateur, le dimanche 17 avril.

Dans un premier temps, jeudi 14 avril, à 21 h 26 (heure locale), l’île japonaise de Kyushu, dans le sud-ouest de l’archipel, a été frappée par un tremblement de terre de magnitude 6,2, selon l’US Geological Survey (USGS), l’agence américaine chargée de la surveillance de l’activité sismique. Il a été suivi de plus de cinq cents répliques, dont l’une, samedi 16, à 1 h 25, a atteint une magnitude de 7. Ce qui lui donnait un potentiel beaucoup plus destructeur que la première, un point de magnitude correspondant à une énergie trente fois supérieure. De ce fait, les spécialistes ont transformé la secousse initiale en « précurseur » de cette réplique, qui l’a dépassée en importance.

Cinq centimètres par an

Tous ces événements mettent en jeu une faille géologique qui traverse l’île de Kyushu. Elle est distincte de la faille principale associée aux deux grandes plaques tectoniques pacifique et eurasienne, et dont la cassure avait provoqué, le 11 mars 2011, au large des côtes de l’île de Honshu – la plus grande du Japon – le séisme de magnitude 9 et le tsunami qui furent suivis de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Il s’agit cette fois, explique Pascal Bernard, sismologue à l’IPGP, d’une « faille secondaire qui court le long du Japon ». C’est elle qui avait déjà cassé en janvier 1995 à Kobe, faisant plus de six mille morts.

Dans cette zone, la plaque tectonique philippine, un morceau de lithosphère coincé entre les plaques pacifique et eurasienne, s’enfonce, par subduction, sous une autre petite plaque, celle de l’Amour, rattachée à la plaque eurasienne. C’est cet affrontement qui est à l’origine des ruptures enregistrées ces derniers jours. Les très importants dégâts matériels subis, dans un pays aussi bien préparé aux séismes que le Japon, s’expliquent par le fait que la faille qui a cassé est superficielle, c’est-à-dire qu’elle traverse la partie supérieure de la croûte terrestre. « On peut fortement limiter les dégâts avec des constructions parasismiques. Mais, quand vous avez un séisme de magnitude 7 sous vos pieds, les bâtiments anciens, ou ceux qui sont moins bien consolidés, ont beaucoup de mal à résister », commente Patrick Allard.

L’Equateur, lui, a été victime, samedi 16 avril, à 18 h 58, d’un violent séisme, de magnitude 7,8, selon l’USGS. Il s’agit ici, explique Pascal Bernard, de la subduction de la plaque de Nazca sous la plaque sud-américaine. « Dans cette zone, décrit le chercheur, les deux masses tectoniques se rapprochent à la vitesse de cinq centimètres par an, leur affrontement créant des contraintes et des déformations qui se libèrent par des séismes fréquents. »

Une « pichenette finale »

Le dernier très grand tremblement de terre enregistré dans cette région est celui de 1906, de magnitude 8,8, qui avait déclenché un tsunami et causé plus d’un millier de morts. Mais beaucoup d’autres, de moindre ampleur, se sont produits au cours du siècle passé. « Depuis 1906, les deux plaques se sont rapprochées d’environ cinq mètres, et l’on savait que cette zone allait casser », précise le sismologue.

Mais les secousses ressenties au Japon, dans l’ouest du Pacifique, n’ont pas de lien de cause à effet avec celle qui a frappé l’Equateur, dans l’Est. Il ne faut pas imaginer que l’onde de choc provoquée par les premières ait pu déstabiliser la partie orientale de la plaque pacifique. « Tout au plus s’agit-il d’une pichenette finale, comme un caillou qui serait lancé sur une falaise déjà sur le point de s’écrouler », dit par comparaison Pascal Bernard.

Quant au séisme de magnitude 5,8 qui a touché dimanche 17 avril les îles Tonga, dans le Pacifique sud, il est, lui aussi, physiquement indépendant des autres. Cet archipel, situé dans la ceinture de feu du Pacifique, est soumis à une sismicité et un volcanisme permanents.

La terre n’a sans doute pas fini d’être agitée de convulsions dans cette grande région. « Il faut s’attendre à de nouvelles répliques, dans les semaines, voire les mois à venir, annonce Pascal Bernard. La question est de savoir si elles peuvent être encore plus importantes. Les derniers jours ont montré, au Japon, qu’une réplique peut être supérieure à son précurseur. Y aura-t-il des secousses encore plus importantes ? La probabilité est faible, mais elle existe. »

  • Un séisme de magnitude 7,8 a ébranlé l'Equateur samedi 16 avril au soir, faisant au moins 77 morts, quelque six cents blessés, et causant des dégâts considérables près de son épicentre, mais aussi dans des endroits plus éloignés, comme dans la grande ville portuaire de  Guayaquil.

    Un séisme de magnitude 7,8 a ébranlé l'Equateur samedi 16 avril au soir, faisant au moins 77 morts, quelque six cents blessés, et causant des dégâts considérables près de son épicentre, mais aussi dans des endroits plus éloignés, comme dans la grande ville portuaire de Guayaquil. ARIEL OCHOA / AFP

  • Le vice-président, Jorge Glas, a déclaré que le bilan pourrait s'alourdir dans les heures à venir et que le séisme de samedi soir était le plus grave qui ait touché l'Equateur depuis 1979. Cette année-là, une forte secousse avait fait 600 morts et 20 000 blessés et d'importants dégâts dans plusieurs provinces du pays.
L'état d'exception a été décrété dans tout le pays.

    Le vice-président, Jorge Glas, a déclaré que le bilan pourrait s'alourdir dans les heures à venir et que le séisme de samedi soir était le plus grave qui ait touché l'Equateur depuis 1979. Cette année-là, une forte secousse avait fait 600 morts et 20 000 blessés et d'importants dégâts dans plusieurs provinces du pays. L'état d'exception a été décrété dans tout le pays. AFP

  • Des habitants paniqués se sont précipités dans les rues de Quito, la capitale, située à 170 km de l'épicentre, et dans d'autres villes à travers le pays. L'épicentre de la secousse a été localisé près des côtes, dans l'océan Pacifique, à une profondeur de 20 km, et le séisme a été ressenti dans l'ensemble du pays.

    Des habitants paniqués se sont précipités dans les rues de Quito, la capitale, située à 170 km de l'épicentre, et dans d'autres villes à travers le pays. L'épicentre de la secousse a été localisé près des côtes, dans l'océan Pacifique, à une profondeur de 20 km, et le séisme a été ressenti dans l'ensemble du pays. LUIS ROBAYO / AFP

  • En visite au Vatican, le président Rafael Correa a annoncé des renforts venus de Colombie et du Mexique, qui y ont dépêché des équipes de secours.  Il a annoncé le déblocage d'une aide budgétaire « d'environ 600 millions de dollars » pour faire face à l'urgence.  « J'appelle le pays au calme, à l'unité », a ajouté le chef de l'Etat.

    En visite au Vatican, le président Rafael Correa a annoncé des renforts venus de Colombie et du Mexique, qui y ont dépêché des équipes de secours. Il a annoncé le déblocage d'une aide budgétaire « d'environ 600 millions de dollars » pour faire face à l'urgence. « J'appelle le pays au calme, à l'unité », a ajouté le chef de l'Etat. LUIS ROBAYO / AFP

  • Des médias locaux ont diffusé des images de Guayaquil, où un pont et le toit d'un centre commercial se sont effondrés.

    Des médias locaux ont diffusé des images de Guayaquil, où un pont et le toit d'un centre commercial se sont effondrés. Jeff Castro / AP

  • Une habitante de Guayaquil évoque des vitres brisées et des débris chutant des toits. « J'étais au septième étage, la lumière s'est éteinte dans tout le quartier et nous avons évacué les lieux. Les gens étaient très angoissés dans la rue (...) Nous sommes partis pieds nus », a-t-elle dit.

    Une habitante de Guayaquil évoque des vitres brisées et des débris chutant des toits. « J'étais au septième étage, la lumière s'est éteinte dans tout le quartier et nous avons évacué les lieux. Les gens étaient très angoissés dans la rue (...) Nous sommes partis pieds nus », a-t-elle dit. MARCOS PIN MENDEZ / AFP

  • « C'était comme la fin du monde, a raconté Miriam Santana, 40 ans, employée de maison à Manta, une des villes les plus touchées par le séisme.  Des maisons se sont écroulées, des réverbères sont tombés. Les gens sont complètement désespérés, il y a des personnes enterrées sous les décombres. »

    « C'était comme la fin du monde, a raconté Miriam Santana, 40 ans, employée de maison à Manta, une des villes les plus touchées par le séisme. Des maisons se sont écroulées, des réverbères sont tombés. Les gens sont complètement désespérés, il y a des personnes enterrées sous les décombres. » MARCOS PIN MENDEZ / AFP

  • L'institut de géophysique équatorien évoque des « dégâts considérables » près de l'épicentre. « Certains villages sont entièrement dévastés », a déclaré à la radio Gabriel Alcivar, maire de la ville de Pedernales, dans la province de Manabi, durement touchée.

    L'institut de géophysique équatorien évoque des « dégâts considérables » près de l'épicentre. « Certains villages sont entièrement dévastés », a déclaré à la radio Gabriel Alcivar, maire de la ville de Pedernales, dans la province de Manabi, durement touchée. MARCOS PIN MENDEZ / AFP

  • Certains quartiers de la capitale ont été privés d'électricité et de téléphone. Des habitants sont parvenus à communiquer grâce à l'application WhatsApp. Les autorités municipales ont par la suite annoncé le rétablissement du courant et déclaré qu'il n'y avait pas de victime à Quito.

    Certains quartiers de la capitale ont été privés d'électricité et de téléphone. Des habitants sont parvenus à communiquer grâce à l'application WhatsApp. Les autorités municipales ont par la suite annoncé le rétablissement du courant et déclaré qu'il n'y avait pas de victime à Quito. MARCOS PIN MENDEZ / AFP

  • Le gouvernement a recommandé à la population de s'éloigner du littoral par crainte de vagues déferlantes, mais l'alerte au tsunami a toutefois été levée. La secousse initiale a été suivie de 55 répliques.

    Le gouvernement a recommandé à la population de s'éloigner du littoral par crainte de vagues déferlantes, mais l'alerte au tsunami a toutefois été levée. La secousse initiale a été suivie de 55 répliques. MARCOS PIN MENDEZ / AFP

  • Ces secousses suivent de peu les tremblements de terre qui ont affecté depuis jeudi le sud-ouest du Japon, où ils ont fait au moins 41 morts et un millier de blessés.

    Ces secousses suivent de peu les tremblements de terre qui ont affecté depuis jeudi le sud-ouest du Japon, où ils ont fait au moins 41 morts et un millier de blessés. MARCOS PIN MENDEZ / AFP

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