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Billet

A gauche, une irresponsabilité primaire

par Lilian Alemagna, Journaliste au service France
publié le 18 avril 2016 à 19h31

«Unité !» qu'ils disaient… En l'espace d'un week-end, une partie des responsables politiques de gauche vient d'apporter la preuve de son irresponsabilité. C'est d'abord le Parti communiste qui explique être d'accord pour participer à une primaire, mais pas pour soutenir François Hollande s'il la gagne. C'est ensuite la direction du Parti socialiste, et en tête son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, qui prend prétexte de cette position du voisin de la place du Colonel-Fabien pour affirmer que le PCF «prend la responsabilité de la division», alors que jamais il n'a accepté le principe d'un «socle» de propositions communes censé «rassembler» une famille de gauche aujourd'hui fâchée. C'est, enfin, Europe Ecologie-les Verts qui, en Loire-Atlantique, refuse - c'est nouveau - de donner une consigne de vote au second tour d'une législative partielle quand il s'agit de départager une candidate socialiste et un candidat de la droite unie.

Que tout ce monde-là arrête d'expliquer qu'il faut chercher «les conditions de l'unité», construire une «Belle Alliance populaire». Qu'ils ne viennent pas s'offusquer lorsque Jean-Luc Mélenchon et Manuel Valls se retrouvent pour acter des «positions irréconciliables» à gauche. Que les directions d'EE-LV et du PCF disent clairement que ce que fait Hollande, ce qu'a fait Nicolas Sarkozy ou ce que proposent les candidats de la primaire à droite, c'est «la même chose». Que le sommet du PS arrête de nous raconter de belles histoires et dise qu'il a répondu favorablement à la primaire pour mieux en freiner le processus et accrocher au veston de ses voisins l'étiquette du diviseur quand ces derniers rappellent - avec raison - les promesses non tenues. On aurait aimé, à un an de la présidentielle, à l'heure où avoir un FN menaçant à 30 % dans les sondages ne produit aucune réaction, avoir des responsables politiques à la hauteur du danger, se mettant autour d'une table pour acter convergences, divergences et préparer un projet de compromis. Au lieu de ça, les uns attendent et travaillent à la «défaite historique» de la social-démocratie française. Les autres veulent en finir avec les «archaïques», comme ils disent. Tout le monde anticipe les ruines de 2017. Alors, s'il vous plaît, que personne ne vienne regretter, dans un an, l'élimination de tous les candidats de gauche dès le premier tour. Et que personne ne vienne exiger des uns et des autres de se ranger sans moufter derrière Hollande ou un autre candidat PS sous la menace d'un «nouveau 21 avril». Parce que, dans cette histoire, personne ne veut vraiment «l'unité». Sinon, ils y travailleraient.

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