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Le ton monte entre Bruxelles et Google au sujet d'Android

La commission européenne serait sur le point de formuler une «communication des griefs» sur un abus de position dominante dans les systèmes d'exploitation pour smartphone. Virginia Mayo/AP

La commission européenne enquête depuis un an sur un éventuel abus de position dominante lié au système mobile Android.

Le ton monte entre Margrethe Vestager, la dame de fer de la concurrence en Europe et Google, le géant américain de l'Internet. Avec au cœur de la bataille le système d'exploitation Android, qui équipe huit smartphones sur dix à travers le monde.

La commissaire danoise a ouvert il y a tout juste un an une enquête en abus de position dominante contre Android, au motif que la maison-mère chercherait à entraver la concurrence sur le marché en pleine explosion de l'Internet mobile et de ses recettes publicitaires. Google voudrait ainsi renouveler, sur un marché aujourd'hui bien plus porteur, l'offensive naguère réussie sur le Web, grâce à son moteur de recherche.

Continuer à innover

La seconde étape de la procédure européenne contre Android serait la «communication des griefs», autrement dit l'acte d'accusation en bonne et due forme dressé par Margrethe Vestager. Il s'agit de fournir à Google/Android les éléments à charge, afin que le groupe puisse se défendre avant que la commissaire n'adopte, dans un troisième temps, une décision définitive. Si l'Europe choisit la sanction, l'amende peut aller jusqu'à 10% du chiffre d'affaire mondial du groupe, évalué à 75 milliards de dollars l'an dernier. Ce serait un chiffre record, bien plus élevé que la punition historique infligée à Microsoft, en 2007.

Tout porte à croire que la commission a décidé de forcer la marche. Bruxelles se garde de démentir l'imminence des poursuites et Margrethe Vestager a publiquement évoqué le dossier lundi à Amsterdam, sans pour autant conclure. Elle reproche nommément à Google d'avoir «possiblement coupé le principal accès des consommateurs» à des applications concurrentes, via la plate-forme Android. «Nous ne sommes pas contre les firmes qui réussissent, ajoute la commissaire. Mais elles doivent continuer à innover. Et non pas abuser de leur puissance pour empêcher d'autres entreprises d'innover».

Applications indispensables

Google croise le fer et répond sur le même ton, en accusant l'UE de d'étouffer les nouvelles technologies sous le poids des contraintes et de la bureaucratie. «Il y a en Europe des endroits (...) où le premier reflexe est de protéger le passé aux dépens de l'avenir, explique au Financial Times Matt Brittin, directeur de la firme américaine sur le vieux continent. Ce sont de braves gens, mais peut-être devraient-ils être mieux informés...»

Les soupçons européens porteraient principalement sur le service Google Play. Il permet aux détenteurs d'un téléphone équipé d'Android de choisir dans un catalogue de plus d'un million d'applications taillées sur mesure. La firme, d'après ses concurrents, abuserait de sa position dominante en réservant cet indispensable logiciel de téléchargement à ceux qui ont déjà installé les produits-phares de Google sur leur mobile: courriel (Gmail), cartes GPS (Maps) et moteur de recherche, entre autres.

Second front

Le bras de fer engagé contre Android a ouvert un second front avec Google, après l'enquête lancée en 2010 contre le comparateur de prix que la firme affiche dans ses publicités en ligne. Cette procédure, pour abus de position dominante également, n'est toujours pas close, malgré plusieurs tentatives de règlement amiable. La commissaire Vestager a fini par adresser l'an dernier sa communication de griefs au groupe américain.

Parmi les géants de la Silicon Valley, Google est l'une des cibles privilégiées des Européens dans les affaires de domination commerciale, d'évasion fiscale, de droits d'auteur et de protection des données privées. La France réclamerait 1,6 milliard d'arriérés d'impôt au groupe californien.

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