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Comment l'innovation façonne le nouveau visage de Shenzhen

La hausse des salaires remet en cause le modèle de sous-traitance à bas coût.Les start-up apportent aujourd'hui de nouveaux débouchés aux usines de la région chinoise.

Dans les locaux d'Emie LAB règne la même atmosphère studieuse et décontractée que dans tous les incubateurs de start-up de la planète…
Dans les locaux d'Emie LAB règne la même atmosphère studieuse et décontractée que dans tous les incubateurs de start-up de la planète… (Alain Ruello)
Publié le 18 avr. 2016 à 01:00

C'est un chantier immobilier comme il en y en a tant à Shenzhen, une des trois villes où l'immobilier est le plus cher en Chine. Des bâches empêchent de voir l'état d'avancement des travaux et aucun panneau ne permet de se faire une idée de ce à quoi ressemblera l'immeuble une fois réhabilité. Mais, par son emplacement et l'identité de l'un de ses futurs occupants, l'incubateur baptisé « Emie LAB », ce chantier symbolise la transformation en cours de cette cité gagnée par la fièvre de l'innovation.

Nous sommes au pied du métro Huaqiang Road, en pleine vitrine de ce qui a fait la réputation de Shenzhen : l'électronique. Ici, sur plusieurs étages dans les immeubles alentour, on trouve de tout : câbles, souris, téléphones, composants électroniques, ordinateurs… Les grandes marques - Samsung, Lenovo ou Asus - côtoient une armée de sans-grade de la sous-traitance, comme Shenzhen Wind World Tech. La copie ? Omniprésente, et à peine cachée. Pour 6.200 yuans, par exemple, à peine moins que le prix officiel, on peut acheter un drone Phantom 3 de DJI. « C'est le modèle professionnel », insiste le vendeur, prêt à négocier…

Sauf que cette caverne d'Ali Baba de la sous-traitance bas de gamme a mangé son pain blanc, estime Christophe Branchu, cofondateur d'Emie LAB. Hausse des coûts salariaux, de la vente en ligne, et de la concurrence des pays d'Asie du Sud-Est : le futur de l'électronique à Shenzhen passe par l'innovation et les marques reconnues. Les débouchés se trouveront plus au sein des centaines de millions de Chinois qui composent la classe moyenne avide de consommation, et moins dans l'exportation sans valeur ajoutée. En s'installant ici à l'été, l'incubateur et sa quinzaine de start-up ne vont donc pas seulement doubler leur surface : leur présence inaugure un changement d'époque.

A vingt-cinq ans, Christophe Branchu est déjà un « pro » du design, qu'il a étudié sous toutes les coutures. Son école de Nantes lui ayant permis de parfaire ses connaissances en Chine, il a débarqué à Shanghai « sans rien connaître du pays, si ce n'est qu'il était plein d'usines ». Son stage à Shenzhen l'a ensuite mis en contact avec les créateurs d'une start-up de montres connectées (financée par Emie LAB), une jeune marque qui conçoit des objets électroniques très léchés (enceinte portable, batterie, lampes USB…). La relation tournera court, mais pas celle avec l'investisseur, lequel, de fil en aiguille, a décidé d'aider les sociétés innovantes en créant il y a un an un incubateur auquel il a accolé son nom.

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Amphithéâtre pour les conférences, salle de repos, petit atelier… Dans ses locaux actuels, Emie LAB offre l'environnement classique d'une pépinière de jeunes pousses. Toutes sont impliquées dans un projet « hardware » - c'est le credo de l'incubateur - et pour six d'entre elles, Emie LAB les a soutenues financièrement. Elles y trouvent tout ce dont elles ont besoin pour pousser leurs idées, mais, plus encore qu'ailleurs, à elles la création, aux sous-traitants électroniques de la région la production rapide et à un coût encore raisonnable. « A force de produire en grande quantité pour tout le monde, ils ont gagné un savoir-faire », constate Christophe Branchu.

À noter

Forte d'une soixantaine de personnes et encore peu structurée, la French Tech de Shenzhen espère obtenir son label en juin.

A Shenzhen

Alain Ruello

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