Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Offrir Le Monde

La banque française en guerre contre l’Europe

Editorial. La Banque de France aurait tort de ne pas reconnaître les progrès que la réforme des grandes banques européennes proposée par Michel Barnier représentent pour la régulation financière.

Le Monde

Publié le 05 février 2014 à 11h29, modifié le 05 février 2014 à 12h02

Temps de Lecture 2 min.

Le commissaire européen Michel Barnier, le 29 janvier.

Il n'est pas habituel de voir Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, sortir de la réserve que lui confèrent sa qualité de haut fonctionnaire et sa fonction de superviseur des banques.

Pourtant, il n'a pas de mots assez durs pour attaquer le projet de réforme des banques rendu public le 29 janvier par le commissaire européen responsable du marché intérieur, le Français Michel Barnier.

« Ces idées sont, je pèse mes mots, irresponsables », a dit M. Noyer à l'adresse d'un Barnier « stupéfait » de voir un homme « aussi compétent » faire de telles déclarations. Le problème est que l'un et l'autre ont un peu raison.

Leur conflit porte d'abord sur la façon de juguler les risques dans le secteur bancaire. In fine, il s'agit d'éviter que l'argent public soit mis à contribution, comme ce fut le cas lors de la crise bancaire de 2008.

M. Barnier propose d'interdire aux trente plus grandes banques européennes de spéculer pour leur propre compte. Il veut leur imposer de cantonner dans une filiale solidement capitalisée un grand nombre d'opérations de marché risquées. C'est ce qu'on appelle la séparation des activités bancaires. M. Noyer estime qu'une telle séparation restreindra la liquidité sur les marchés et nuira au financement de l'économie.

Mais cette passe d'armes a une caractéristique hexagonale. La France dispose d'un secteur bancaire parmi les plus solides et plus compétitifs du continent. Paradoxalement, elle serait le pays le plus affecté par la réforme Barnier, notamment ses quatre établissements dits systémiques (Crédit agricole, BNP Paribas, Société générale, BPCE), c'est-à-dire capables de fragiliser l'ensemble de l'économie en cas de problème.

Ces établissements sont directement ciblés par le projet Barnier, alors qu'ils n'ont rien coûté à l'Etat lors de la crise, hormis en garanties dûment facturées et remboursées, et qu'ils n'ont pas cessé d'irriguer l'économie en crédits. D'où la difficulté des autorités de tutelle, la Banque de France, à soutenir une réforme qui va pénaliser l'un des rares secteurs prospères de l'économie, qui, avec le luxe, soutient la compétitivité française.

Pour autant, il serait malvenu de rejeter en bloc la réforme Barnier et de ne pas reconnaître les progrès que ce projet fouillé, rédigé après une large consultation avec les banques centrales, représente en termes de régulation.

L'objectif est un système financier plus sûr, plus solide et plus transparent, au service de l'économie. Or, à ce titre, la réforme s'attaque au sujet, central pour la stabilité du système financier européen, de la taille des banques : à ces établissements dont les actifs n'ont cessé de croître depuis dix ans, au point de dépasser le PIB de leur pays.

La filialisation de certaines de leurs activités réduit les risques – les activités de marché ont pris des proportions folles – et rend le travail des régulateurs plus facile. Les économistes ont montré que plus une banque est grosse, moins elle finance l'économie et plus elle « joue » sur les marchés.

Telle quelle, la réforme Barnier est un problème pour la France. Mais c'est affaire de calibrage – entre gens de bonne composition.

Le Monde

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.