/news/world

Au moins 64 morts à Kaboul, l'une des pires attaques depuis 2001

L'attentat des talibans à Kaboul mardi a tué 64 personnes et en a blessé près de 350 autres, l'une des attaques les plus meurtrières à frapper la capitale afghane depuis la chute du régime islamiste en 2001.

L'attaque, la première de cette envergure depuis «l'offensive de printemps» entamée la semaine dernière par les talibans, «a tué 64 Afghans innocents et en a blessé 347 autres», a déclaré Sediq Sediqqi, le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur. Le précédent bilan faisait état de 30 morts et plus de 320 blessés.

«La plupart des victimes sont des civils», a ajouté M. Sediqqi. Certains médias afghans affirment que nombre d'entre elles travaillaient pour un service de sécurité dépendant du gouvernement, car c'est un bâtiment officiel qui était visé.

Il s'agit d'une des attaques les plus meurtrières menées dans la capitale afghane depuis la chute en 2001 des talibans, qui combattent depuis le nouveau pouvoir civil et les soldats de l'Otan, en dépit des efforts récents du gouvernement pour mettre la table à des pourparlers de paix.

En décembre 2011, au moins 70 personnes avaient péri dans un attentat visant la minorité chiite. Et en 2008 un attentat-suicide contre l'ambassade d'Inde à Kaboul avait fait 60 morts.

Mardi, en pleine heure de pointe matinale, un kamikaze a fait exploser son camion garé sur un parking attenant à une dépendance de la présidence afghane ayant appartenu par le passé au NDS, les services de renseignement afghans.

Un complice est ensuite parvenu à pénétrer dans le complexe, échangeant des coups de feu avec les forces de l'ordre avant d'être abattu. Les talibans affirment qu'un troisième homme a réussi à prendre la fuite, une assertion que les autorités n'ont pas confirmée.

Les insurgés assurent que leurs attentats ne visent que les troupes gouvernementales et celles de l'Otan, mais les civils payent un très lourd tribut aux violences. Selon l'ONU, 600 civils afghans ont péri dans le conflit au cours du premier trimestre de cette année.

«Les attaques menées dans des centres urbains bénéficient d'une forte attention médiatique et permettent aux talibans de diffuser leur message», estime l'expert en questions sécuritaires Jawed Kohistani. «Elles sèment la peur et attirent de nouvelles recrues».

Mercredi, entre pleurs et rage envers le gouvernement et les talibans, les proches des victimes enterraient leurs morts à Kaboul.

«Si le gouvernement n'arrive pas à arrêter ces attaques, alors le peuple décidera seul de son destin», a lâché Abdul Basir Mobasher, dont le cousin Hasmatullah Qobadyan a été tué dans l'explosion, tout juste six mois après son mariage. «Le pouvoir du peuple est le pouvoir divin. Personne ne peut s'opposer à ce pouvoir», a-t-il ajouté.

Cette nouvelle saison des combats s'annonce particulièrement rude pour les forces de sécurité afghanes. Depuis la fin de la mission de combat de l'Otan en décembre 2014, l'armée afghane est en effet seule en première ligne.

Outre l'insurrection talibane, à laquelle elle a toutes les peines du monde à faire face, l'armée afghane doit aussi contenir les combattants du groupe armé État islamique (ÉI). D'après l'Otan, «environ 5 500» soldats et policiers afghans sont morts au front l'an dernier.

Vendredi, les talibans avaient donné le coup d'envoi de leur «offensive de printemps» en tentant un assaut sur Kunduz, la grande ville du Nord, qu'ils étaient parvenus à envahir et à tenir pendant quelques jours à l'automne. Ils ont été repoussés, mais des combats sporadiques se poursuivent dans les zones rurales de la province éponyme.

Dans l'espoir de stabiliser le pays, le gouvernement afghan tente de relancer les pourparlers de paix avec les talibans amorcés à l'été dernier, mais en suspens depuis l'annonce de la mort du mollah Omar, fondateur et dirigeant historique du mouvement.

Afghans, Pakistanais, Chinois et Américains cherchent en vain à ramener les insurgés à la table des négociations. Ces derniers posent notamment le départ des troupes étrangères comme pré-condition à toute reprise du dialogue.

Dans la même catégorie

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.