2017 : Mélenchon, Hollande et le croisement des courbes
Deux sondages sur la présidentielle placent Jean-Luc Mélenchon au coude-à-coude avec François Hollande. Entre un et quatre points le séparent du chef de l'Etat, en fonction des scénarios testés. Il pourrait devenir le favori à gauche. Le candidat emmagasine et ne compte pas s'arrêter là.
Jean-Luc Mélenchon l'assure, il ne va pas se "laisser emballer, emporter, griser". Ces derniers jours, les sondages lui sont plutôt favorables. L'écart se resserre avec le chef de l'Etat : entre un et quatre points, selon les scénarios testés, le séparent en effet de François Hollande au premier tour de la présidentielle de 2017, selon des enquêtes TNS Sofres et l'Ifop parus respectivement dans Le Figaro et Paris Match. Et donc entre un et quatre points, d'être le favori de la gauche. Celui qui a officialisé sa candidature le 10 février dernier - hors parti, hors primaire - y recueille environ 12% des intentions de vote, son score de 2012 (11,10%), voire plus. Pour l'heure, à la gauche du PS, aucun autre candidat ne tire son épingle du jeu.
"C'est un exploit qu'on ait tenu sans craquer. En trois ans, il nous est tout arrivé. La haine contre moi est comme ça", dit Jean-Luc Mélenchon, en écartant largement les bras. Et il le sait, c'est loin d'être fini. "La campagne de 2017 va être terrifiante de violence et de dureté", annonce-t-il. "On voit s'effondrer toutes les autorités."
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900 groupes d'appui et 200.000 euros collectés
Avant de regarder vers l'avant, Jean-Luc Mélenchon jette un œil dans le rétroviseur. En juin 2015, le décès de son bras droit et ami François Delapierre a modifié ses plans. "Au-delà de la souffrance, ça a changé tout mon dispositif. C'était lui qui devait prendre le Mouvement pour la 6e République." Une initiative dont il s'est éloigné, comme du Parti de gauche au sein duquel il n'a plus de responsabilité. Désormais, son principal outil, c'est son site jlm2017.fr pour "appuyer sa candidature" via la plateforme NationBuilder. Et ses fidèles.
Mobilisation, contributions au programme présidentiel, tutoriels… "La plateforme remplit 80% de ce que faisait un parti autrefois", explique Jean-Luc Mélenchon. "Elle nous libère des questions de logistique. Les organisations traditionnelles sont moins indispensables", ajoute-t-il. Le candidat revendique près de 100.000 soutiens, 900 groupes d'appui et 200.000 euros collectés au 1er avril. Cela ne fera pas tout. La question des parrainages se pose, car sans le soutien des communistes, l'entreprise s'avèrera plus compliquée. D'ici nla fin mai, il espère en avoir recueilli 100 [sur 500, NDLR] "pour créer une ambiance de travail".
Dans sa stratégie, Jean-Luc Mélenchon multiplie les rencontres avec les journalistes. Il s'apprête à passer deux semaines au Canada, pour "parfaire sa connaissance" du phénomène Justin Trudeau. Du même côté de l'Atlantique, il garde toujours un oeil sur la campagne du démocrate Bernie Sanders, qu'il aimerait voir remporter la présidentielle américaine. L'une de ses proches, Sophia Chikirou, est d'ailleurs sur place.
"A la fin du mois de juin, je devrais moissonner…"
Prochain rendez-vous : dimanche 5 juin, place Stalingrad à Paris. Là, où Jean-Luc Mélenchon avait déjà lancé sa campagne en 2011 - puis terminé plus difficilement. "La campagne de 2017 ne sera pas la même qu'en 2012, mais cela reste quand même un bon souvenir", confie Jean-Luc Mélenchon, qui entend "marquer la continuité". Ce sera aussi le dernier jour du congrès du Parti communiste, dont le patron Pierre Laurent est favorable à une primaire… sans François Hollande. Et une semaine plus tard, se tiendra celui d'Europe Ecologie - Les Verts. "A la fin du mois de juin, je devrais moissonner…", croit savoir Jean-Luc Mélenchon.
"Sa démarche ne correspond pas à l’air du temps porté sur l’horizontalité et les constructions collectives", dénonce Clémentine Autain, la porte-parole d’Ensemble, troisième force du Front de gauche, dans Le Monde. Les bons sondages de Jean-Luc Mélenchon "ne font pas reculer, bien au contraire, le risque d'un second tour droite-FN", complète le porte-parole communiste, Olivier Dartigolles, dans les colonnes du Figaro.
François Hollande candidat? Jean-Luc Mélenchon le souhaite : "C'est normal, il faut qu'il assume", dit-il. Sans manquer de lancer une formule qui lui ressemble : "Pour faire une monarchie, il faut un monarque, pas un président du comité des fêtes." Celle de Nicolas Hulot ne lui déplairait pas non plus. "Ça ferait du bien dans le champ politique, ça donnerait de l'air. […] J'ai de l'estime pour l'homme. […] Quoi qu'il fasse, je ne le critiquerai pas", assure le candidat de la France insoumise. En 2012, Nicolas Hulot - qui avait perdu la primaire écologiste face à Eva Joly - avait reconnu avoir voté Jean-Luc Mélenchon.
"C'est nous qui sommes bas, ce n'est pas lui qui est haut"
En ce printemps, Jean-Luc Mélenchon reprend donc de l'air. Sur le terrain social, il voit aussi d'un bon œil la poursuite de la contestation contre la loi Travail et le mouvement Nuit debout. "Ça conscientise, c'est que du bonus", estime le candidat.
Pour autant, sa candidature n'inquiète pas plus que cela du côté de Solferino. "C'est nous qui sommes bas, ce n'est pas lui qui est haut", confie Jean-Christophe Cambadélis. "En étant hors de la primaire, il a réussi à capter toute la radicalité que lui contestaient Pierre Laurent et Cécile Duflot", analyse le premier secrétaire du PS. En 2017, Jean-Luc Mélenchon dépassera-t-il le candidat socialiste? "Ils peuvent tout accepter sauf que je leur passe devant", affirme Jean-Luc Mélenchon. "Je n'y crois pas une seule seconde, le pays est trop à droite", répond Jean-Christophe Cambadélis. Mais d'ici là, le patron du PS - qui dénonce un "consensus médiatico-sondagier" - fait le pari que dans les prochains jours, un sondage donnera Mélenchon devant Hollande.
Source: leJDD.fr
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