Emmanuel Macron bénéficie-t-il d’un crédit illimité ou la patience de François Hollande a-t-elle des limites ? Le ministre de l’économie continue chaque jour à accumuler les initiatives personnelles, sans que sa participation au gouvernement ne soit pour l’instant remise en cause. Mercredi 20 avril ce n’est pas une, mais deux interviews polémiques du ministre qui ont été publiées.
Dans la première, à la revue Risques, il s’en prend à l’ISF, estimant qu’il faut lui préférer une taxation de la succession. Une sortie dont l’Elysée n’avait, une fois de plus, pas été prévenu. Comme si le recadrage de la semaine passée, quand François Hollande avait réaffirmé sur France 2, jeudi 14 avril, qu’Emmanuel Macron était « sous [son] autorité », n’avait jamais existé. Dans le second entretien, au quotidien belge Le Soir, il laisse planer le doute sur ses intentions pour 2017, expliquant que son mouvement est destiné à « nourrir un projet présidentiel », sans s’avancer sur l’identité de celui qui le portera.
Mais les bons sondages s’accumulent, et avec eux les interrogations. Dans le baromètre Viavoice pour Libération, paru jeudi 21 avril, 38 % des personnes sondées (8 points de plus en un mois) estiment qu’il ferait un bon chef de l’Etat contre 28 % pour Manuel Valls (+ 4 points), et seulement 11 % (+ 1 point) pour François Hollande.
Des allures d’appareil électoral
Dès lors la question se pose : les sorties d’Emmanuel Macron sont-elles encore à ranger dans le rayon des provocations ou sont-elles destinées à prendre date pour 2017 ? « Macron n’a pas les codes de la grammaire politique, du coup on ne sait pas s’il fait des fautes ou s’il invente au contraire une novlangue », résume le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, partagé entre sa proximité intellectuelle avec le ministre de l’économie et sa fidélité à Manuel Valls et François Hollande. D’autres au gouvernement s’agacent des libertés laissées au turbulent locataire de Bercy. « Dans un collectif, il fait beaucoup de mal, il ne nous ramène pas de nouveaux soutiens, il fonctionne par soustraction électorale », lâche un ministre, qui se demande quand François Hollande interviendra.
Le chef de l’Etat ne semble cependant pas décidé pour le moment à brider son ancien conseiller, quand bien même le premier ministre, Manuel Valls, ne cache plus son exaspération face à ses sorties. Il le laisse notamment construire son mouvement, En marche !, qui doit lancer une grande opération de porte-à-porte courant mai. Le ministre et son équipe le répètent à l’envi : il ne s’agit pas du lancement d’une campagne électorale, mais d’une simple opération de « diagnostic, d’audit » de l’humeur du pays.
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