Neurobiologie

AVC : une cartographie des séquelles

Quelles sont les conséquences d’un accident vasculaire cérébral ? Tout dépend de l’endroit où le réseau vasculaire est touché.

CERVEAU & PSYCHO N° 77
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système vasculaire cérébral

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Quand une personne fait un accident vasculaire cérébral, quelles séquelles en gardera-t-elle ? Dans le cas des accidents dits ischémiques (résultant de l'occlusion d'une artère cérébrale, la majorité des cas), tout dépend de la taille de l'artère et du territoire du cerveau qu'elle irrigue.

La figure ci-dessous montre les quatre grosses artères du cou qui irriguent le cerveau : deux artères carotides internes et deux artères vertébrales (le dessin représente seulement la carotide gauche et l'artère vertébrale gauche). Si l'une de ces artères se bouche, c'est toute une portion du cerveau qui risque de manquer d'oxygène, provoquant des symptômes plus larges et potentiellement des séquelles plus importantes.

Ces grandes artères se ramifient en plusieurs artères dites cérébrales. Les artères carotides donnent les artères ophtalmiques, les artères cérébrales moyennes (ou sylviennes) et les artères cérébrales antérieures ; les artères vertébrales donnent les artères basilaires puis les artères cérébrales postérieures.

système carotidien
Pour la Science

Les artères ophtalmiques prennent en charge le territoire de l'œil, les artères sylviennes les lobes frontal, pariétaux et temporaux. Les artères cérébrales antérieures irriguent le lobe frontal, les artères cérébrales postérieures le lobe occipital, et les artères vertébrales et basilaires alimentent le tronc cérébral et le cervelet.

Les troubles résultant d'un avc dépendent alors de la région qui est touchée au sein de ce réseau, et sont résumés ci-dessous.

À titre d'exemple, en cas d'avc ischémique de la branche antérieure et supérieure de l'artère sylvienne gauche, les lobes frontal et pariétal gauches sont touchés, provoquant des déficits moteur et sensitif de la face et du bras droits, une aphasie de Broca et des troubles de l'articulation de la parole.

Si la branche postérieure et inférieure de l'artère sylvienne gauche est atteinte, ce sont surtout les lobes pariétal et temporal gauches qui sont affectés. Les fibres nerveuses se dirigeant vers le lobe occipital sont également touchées. D'où un déficit moteur modéré et un déficit sensitif de la face et du bras droits, une amputation du champ visuel droit et une aphasie de Wernicke. L'occlusion de la branche postérieure et inférieure de l'artère sylvienne droite entraîne un déficit moteur modéré et un déficit sensoriel de la face et du bras gauches, une amputation du champ visuel gauche, et une héminégligence gauche, car le lobe pariétal droit prend en charge les fonctions visuospatiales.

AVC : Où est la lésion ?

Où est la lésion ?

1 - LOBE FRONTAL

Il comprend quatre régions principales. Le cortex préfrontal prend en charge les fonctions exécutives (planification, jugement…). En cas de lésion, le patient présente un syndrome dit frontal avec des troubles du comportement, de la personnalité, du jugement et une apathie (perte d’initiative). L’aire de Broca gère la production du langage. Une lésion de cette région provoque un trouble de la production du langage nommé aphasie motrice ou de Broca. Quant aux cortex moteur et prémoteur, ils sont responsables du contrôle de nos mouvements.

2 – LOBE PARIÉTAL

Il prend en charge la sensibilité de la moitié opposée du corps via les cortex sensoriel et somesthésique. En cas de lésion, le patient souffre de sensations anormales dans l’hémicorps opposé. Du côté droit, ce lobe participe aussi aux fonctions visuospatiales. S’il est lésé, le sujet ignore l’espace situé sur sa gauche : on parle d’héminégligence. De plus, en cas d’atteinte de l’hémisphère droit, le patient ne s’aperçoit pas de ses troubles : il est anosognosique.

3 - LOBE TEMPORAL

Ce lobe gère la compréhension du langage, au niveau de l’aire de Wernicke (dans l’hémisphère gauche), le traitement  des informations auditives via le cortex auditif, et des mécanismes de la mémorisation via le cortex associatif. Une lésion de ce cortex, à gauche, peut provoquer des troubles du langage caractérisés par une mauvaise compréhension ; on parle alors d’aphasie sensorielle ou de Wernicke.

4 – LOBE OCCIPITAL

Le cortex visuel traite les données visuelles. En cas de lésion d’un seul côté, l’hémichamp visuel opposé se trouve amputé : c’est l’hémianopsie latérale homonyme. Un patient atteint dans le cortex visuel gauche et souhaitant reproduire un schéma ne dessinerait alors que sa partie droite. Quant aux avc du cervelet et du tronc cérébral, ils sont très rares. Une lésion 
du premier peut provoquer des troubles de l’équilibre et du tonus musculaire, une lésion du second est souvent fatale, car le tronc cérébral contrôle les fonctions cardiaques et respiratoires.

© Pour la Science

 

Anne-Laure Bonnet

Anne-Laure Bonnet est praticien hospitalier en neurologie au centre hospitalier de Saint-Lô.

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Emmanuel Touzé

Emmanuel Touzé est chef de service de l'Unité neurovasculaire du CHRU de Caen .

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Références

Y. Béjot et al., Epidemiology of stroke and transient ischemic attacks : Current knowledge and
perspectives
, Rev. Neurol., vol. 172, pp. 59-68, 2016.

C. de Peretti, Les risques de décès un an après un accident vasculaire cérébral, Études et
Résultats
, n° 939, octobre 2015.

V. Feigin et al., Global and regional burden of stroke during 1990-2010 : findings from
the Global Burden of Disease Study 2010
, Lancet, vol. 383, pp. 245-254, 2014.

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