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Pesticides : Bruxelles va proposer une réautorisation du Roundup pour dix ans

La Commission europĂ©enne passe outre une rĂ©solution du Parlement europĂ©en. La France « restera opposĂ©e Ă  une remise en selle du glyphosate Â».

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Publié le 22 avril 2016 à 14h14, modifié le 18 mai 2016 à 10h22

Temps de Lecture 2 min.

Pulvérisation de pesticides à Vimy, près de Lens, en juin 2014.

La Commission europĂ©enne devrait proposer d’autoriser de nouveau le glyphosate pour dix ans. C’est en tout cas le sens d’un projet de règlement d’exĂ©cution, dont Le Monde a obtenu copie, qui sera soumis au vote des Etats membres les 18 et 19 mai. A Bruxelles, on ne souhaite pas commenter cette version de travail, mais on prĂ©cise que « les discussions se poursuivent avec les Etats membres pour parvenir Ă  une proposition qui sera adoptĂ©e Ă  une majoritĂ© qualifiĂ©e Â». Les 7 et 8 mars, une proposition de rĂ©autorisation de quinze ans n’avait pas Ă©tĂ© votĂ©e en comitĂ©, faute d’une telle majoritĂ©.

La France en particulier s’y Ă©tait opposĂ©e. ContactĂ© par Le Monde, l’entourage de la ministre de l’environnement, SĂ©golène Royal, confirme que « Paris restera opposĂ© Ă  une remise en selle du glyphosate pour dix ans Â».

L’homologation du glyphosate – le pesticide le plus utilisĂ© au monde, le plus frĂ©quemment retrouvĂ© dans l’environnement et la molĂ©cule active du cĂ©lèbre dĂ©sherbant Roundup – arrive Ă  son terme le 30 juin et la question de sa rĂ©autorisation est au centre d’une vive polĂ©mique. En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) – l’agence de l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) chargĂ©e d’évaluer et d’inventorier les causes de cancer – a en effet classĂ© la substance comme « cancĂ©rogène probable Â» pour les humains. Le processus europĂ©en de rĂ©Ă©valuation de la molĂ©cule Ă©tait alors en cours et s’est achevĂ© en octobre de la mĂŞme annĂ©e, concluant au contraire que le potentiel cancĂ©rogène de la molĂ©cule Ă©tait « improbable Â».

Aucune restriction d’usage

L’affaire est au centre d’une attention mĂ©diatique et politique considĂ©rable. Le 13 avril et pour la première fois de son histoire, le Parlement europĂ©en s’est autosaisi d’une question aussi technique que l’homologation d’une molĂ©cule phytosanitaire. Il a votĂ© en sĂ©ance plĂ©nière une rĂ©solution demandant une rĂ©autorisation de la substance restreinte Ă  sept ans et assortie de nombreuses restrictions (interdiction d’utilisation par les particuliers et les collectivitĂ©s, restriction de certains usages agricoles, etc.).

Au contraire, le projet de règlement d’exĂ©cution consultĂ© par Le Monde n’intègre aucune de ces restrictions. Il prĂ©cise que certains coformulants – des substances qui renforcent l’efficacitĂ© du glyphosate – dits « POE-tallowamines Â» seront interdits, et qu’une liste de ces adjuvants dangereux devra ĂŞtre Ă©tablie par l’AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments (EFSA) en coopĂ©ration avec les Etats membres et la Commission.

Perturbateurs endocriniens

« Le projet est une vaste plaisanterie sur tous les plans, tempĂŞte la dĂ©putĂ©e europĂ©enne Michèle Rivasi (EELV). Ce projet persiste et signe, Ă  ne pas seulement autoriser le glyphosate comme herbicide mais aussi Ă  traiter les plantes avant la rĂ©colte pour accĂ©lĂ©rer le processus de maturation. Â» Cet usage, qui consiste Ă  appliquer le produit sur les cultures qui seront consommĂ©es, est celui qui expose le plus la population. La rĂ©solution adoptĂ©e par les eurodĂ©putĂ©s avait jugĂ© « inacceptable, tant pour la protection de la santĂ© humaine que de l’environnement, de recourir Ă  un herbicide non sĂ©lectif Ă  de telles fins Â».

« La Commission demande aux entreprises qui vendent des produits Ă  base de glyphosate d’apporter les donnĂ©es qui prouvent que cette substance n’est pas un perturbateur endocrinien : c’est un non-sens total, fustige Mme Rivasi. La Commission et les Etats membres sont prĂŞts Ă  rĂ©approuver cette substance sans savoir si elle est un perturbateur endocrinien et en faisant confiance aux industriels pour leur apporter des Ă©lĂ©ments objectifs, mais seulement après la dĂ©cision de renouvellement ! Â»

De leur cĂ´tĂ©, les industriels commercialisant des pesticides Ă  base de glyphosate contestent le classement du produit par le CIRC comme « cancĂ©rogène probable Â» et assurent que cette substance est l’herbicide au meilleur profil toxicologique actuellement disponible.

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