Génétique : pas si vikings que ça les Normands !

 

    Vikings or not Vikings les Normands ? Une étude britannique qui recherchait l'ampleur de la colonisation viking dans l'ADN de 89 Normands a  étayé la thèse de «la diversité» du peuplement plutôt que celle de son origine scandinave. «Etes-vous Viking ? Oui et non. Ou peut-être. La génétique est pleine d'ambiguïtés», a résumé Richard Jones, de l'université de Leicester, devant quelque 120 personnes venues assister jeudi soir à l'annonce des résultats «provisoires» de l'étude à Valognes (Manche).

    En juin 2015, la plupart avaient donné un échantillon de leur salive pour participer à l'étude de Richard Jones. Dans l'ADN de ces 89 personnes qui avaient toutes quatre grands-parents ayant toujours vécu dans un rayon de 50 km autour de leur lieu de vie actuel, voire un nom de famille présent depuis le XIe siècle en France, Richard Jones a trouvé moins de marqueurs «probables» d'un peuplement viking que prévu. La trace la plus probante selon l'historien était tout de même présente dans 59% des échantillons.

    Pas que des origines scandinaves...

    Car d'autres marqueurs jouent un «rôle plus important» que prévu, a expliqué le chercheur, qui a trouvé des traces d'origines probablement germaniques, mais aussi des marqueurs «balkaniques» et «d'Afrique du Nord», «rares en Europe de l'Ouest». Dans quelques échantillons, Richard Jones a aussi trouvé le marqueur génétique «le plus fréquent»... en Géorgie et en Arménie selon lui.

    L'universitaire s'était tourné vers le Cotentin car la pointe nord-ouest de la Normandie compte un nombre important de toponymes et de patronymes scandinaves. Mais il aurait pu tout autant faire l'expérience dans le pays de Caux (Seine-Maritime), assure-t-il. L'université mène une étude similaire dans trois régions britanniques. Mais en dehors de la Scandinavie, la Normandie est la seule fondation politique durable établie par les Vikings sur le continent européen, explique le chercheur, dont l'université a fait parler d'elle lorsqu'elle a identifié les restes du roi d'Angleterre Richard III retrouvés en 2012.

    Les Normands, dont le duché a été fondé en 911 par le chef viking Rollon, n'ont donc guère avancé quant à leurs origines génétiques. C'est une question tellement compliquée qu'ils ont du mal à en tirer des conclusions précises», relève un participant d'une quarantaine d'années rencontré à Valognes (7.000 habitants). Pour Alexandre, 23 ans, qui a également participé à l'étude et qui aime s'adonner régulièrement à des reconstituons historiques normandes, «ces résultats, c'est une bonne chose: montrer qu'on n'a pas que des origines scandinaves, ça pourra calmer certains ego». Le jeune homme assure croiser assez souvent, lors de reconstitutions, des personnes racistes plaidant l'existence d'une race normande et sa supériorité supposée.

    Aujourd'hui, Richard Jones dit attendre plus de l'ADN des squelettes d'époque que de celui de ses contemporains.