L'aspirine aiderait-elle aussi à guérir du cancer ?

Magique ? Elle aurait des vertus jusqu'alors insoupçonnées en cancérologie, au niveau tant de la prévention que de l'optimisation des traitements.

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L'aspirine, un vieux médicament qui ne cesse de nous surprendre.
L'aspirine, un vieux médicament qui ne cesse de nous surprendre. © JACQUEMART/ISOPIX/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Sa découverte remonte pourtant à plus de 115 ans, le nom Aspirin ayant été déposé par Bayer en 1899. Depuis, son champ d'action n'a cessé de s'élargir. C'est maintenant dans le domaine du cancer que les résultats des dernières études semblent particulièrement prometteurs : plusieurs travaux prouvent désormais que cette molécule a des effets directs sur la prévention du risque de cancer colorectal. Mais, surtout, ils viennent de mettre en évidence sa faculté à optimiser les résultats des traitements anticancéreux, réduisant même la mortalité de 20 % en cas de tumeurs de l'intestin, du sein et de la prostate. Explications.

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Les dons de l'aspirine

Outre ses qualités premières – la lutte contre la douleur et la fièvre –, l'aspirine joue aujourd'hui un rôle très important dans la prévention des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral). À faibles doses, elle inhibe l'agrégation des plaquettes sanguines et elle empêche donc la formation des caillots qui pourraient obstruer les artères. Elle est parfois utile aussi pendant la grossesse, chez les femmes souffrant d'hypertension gravidique ou chez celles dont le bébé est de faible poids pour l'aider à grossir. Elle favoriserait également l'implantation des embryons lors de fécondations in vitro.

Pour en revenir aux derniers travaux, un groupe reconnu d'experts américains indépendants (le US Preventive Services Task Force), consulté par le gouvernement, a récemment estimé que l'aspirine devait être prescrite en prévention primaire (donc en présence de risques particuliers, mais avant le moindre symptôme) pour limiter à la fois le nombre de maladies cardiovasculaires et celui de cancers colorectaux. Ses recommandations, qui ont été publiées la semaine dernière dans The Annals of Internal Medicine, concernent les hommes et les femmes de 50 à 69 ans, même si c'est entre 50 et 59 ans que les bénéfices d'une faible dose d'aspirine quotidienne sont les plus importants.  Par exemple, pour 10 000 hommes de cette tranche d'âge qui ont un risque cardiovasculaire de 10 % sur dix ans, ce médicament évite 225 infarctus, 84 accidents vasculaires cérébraux ischémiques et 139 cancers colorectaux. Il permet donc de gagner des années de vie, même s'il est responsable de 284 saignements digestifs sérieux et de 23 hémorragies cérébrales.

Empêcher la tumeur de se répandre

Plus nouvelle encore est la découverte de la faculté de l'aspirine à améliorer les résultats des traitements conventionnels des cancers colorectaux, du sein et de la prostate. Selon une étude publiée dans PLoS One, ce médicament – là encore prescrit à de faibles doses – pourrait augmenter la survie jusqu'à 20 % et éviter la dissémination métastatique. Pour arriver à cette estimation, une équipe de Cardiff, dirigée par le Pr Peter Elwood, a analysé les résultats de 5 essais randomisés et des 42 études observationnelles dans les cancers cités, qui sont particulièrement fréquents. Les auteurs estiment que l'aspirine « empêche la tumeur de se répandre » et que ses bénéfices sont bien supérieurs à ses risques. Et déjà d'autres résultats, dans d'autres cancers, sont annoncés. Cette molécule plus que centenaire n'a donc pas fini de nous surprendre.

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Commentaires (6)

  • Clicoeur

    Vous avez raison et, plus exactement, il faut savoir que l'acide acétylsalicylique (aspirine) a été isolé pour la première fois dans l'écorce de saule.
    Et pour la petite histoire, l'acide salicylique en sachet, vendu en pharmacie, a longtemps été utilisé à la campagne pour conserver, en bouteille et sans stérilisation, le coulis de tomate fait maison, à raison, si mais souvenirs sont bons, de 1 gramme d'acide pour 1 kilo de coulis de tomate.

  • janou002

    Ca ne coûte pas cher et ce n'est pas compliqué à utiliser... J'en ai consommé par petites quantité pendant un temps... Je sens que je vais recommencer.

  • Djill

    Certaines (très) vielles mamies affirment prendre, à titre préventif, une aspirine par jour. Ça semble logique, vu que la principale qualité de cette molécule est de fluidifier le sang. Ce qui est étrange, c'est que depuis près de 20 ans, aucun médecin ne m'en a prescrit, au profit du paracétamol. Motif invoqué : ses propriété à anti-inflammatoires brûlent l'estomac. Qu'en pensent nos (très) vielles mamies ?