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Algorithme

Facebook peut-il influencer le résultat de l'élection américaine ?

Après un discours anti-Trump de Mark Zuckerberg, la question a été posée dans la presse américaine. Soulignant plus largement le flou sur la ligne éditoriale du réseau social.
par LIBERATION
publié le 24 avril 2016 à 12h47

Facebook a vite réagi pour faire taire les suspicions : non, il ne modifiera pas son algorithme pour influencer l'élection américaine. «En tant qu'entreprise, nous sommes neutres», a assuré un porte-parole du réseau social. En cause, un article du site américain Gizmodo qui mettait en lumière le pouvoir que pourrait exercer Facebook s'il le souhaitait pour empêcher Donald Trump de devenir président.

Pourquoi Trump spécialement ? Parce que, le 12 avril, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a dit tout le mal qu'il pensait du candidat républicain sans jamais le nommer. «J'entends d'horribles voix appeler à la construction de murs et mettre à distance les gens qu'ils désignent comme "les autres". Je les entends demander à limiter la liberté d'expression, ralentir l'immigration, réduire les échanges et même dans certains cas couper l'accès à Internet, a-t-il listé lors d'une conférence réunissant développeurs et businessmen. Ça demande du courage de choisir l'espoir et non la peur.»

Facebook fixe ses règles

Début mars, déjà, les employés de Facebook se demandaient quel rôle ils allaient jouer dans la course à la Maison Blanche. Chaque semaine, ils votent en interne pour une question à soumettre à Mark Zuckerberg. Parmi les propositions cette fois-là : «Quelle responsabilité Facebook a-t-il pour aider à éviter que Trump devienne président en 2017 ?» On sait donc maintenant que le réseau social s'affirme absolument neutre. Mais derrière ces préoccupations, l'enjeu est de taille, et les internautes ne s'en rendent pas nécessairement compte.

Le fil d'actualité de Facebook fonctionne selon un algorithme dont on ne connaît pas toute la logique. Un utilisateur ne voit jamais l'ensemble des publications de ses amis ou des pages qu'il a aimées, seulement une sélection. Vu le flot de publications sur le réseau social, l'exhaustivité serait impossible. Et c'est Facebook qui décide des règles. Vu l'anti-trumpisme de Zuckerberg, les infos concernant Donald Trump ne pourraient-elles pas être planquées sous le tapis en temps de campagne ?

En 2012, le réseau social a influencé la campagne

«Facebook peut promouvoir ou bloquer toute information, explique le professeur de droit à UCLA Eugene Volokh, interrogé par Gizmodo. Facebook a le même droit au premier amendement [sur la liberté de la presse, ndlr] que le New York Times. Il peut complètement bloquer Trump s'il le souhaite.»

Comme le souligne à raison Gizmodo, les gens ne perçoivent pas Facebook comme un média. Ils n'ont pas le même recul critique que face à la ligne éditoriale clairement affichée d'un journal. Pourtant, le réseau social a déjà influencé la campagne américaine. En 2012, il a mis en place un module permettant aux utilisateurs de signaler qu'ils avaient voté. Une démarche qui aurait fait augmenter de 340 000 le nombre de votants, nombre d'utilisateurs ayant été motivé à se déplacer en voyant que leur réseau l'avait fait. Des infos à garder en tête alors que la France vote l'an prochain.

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