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Libération
Billet

Erdogan exige, l’Europe se plie

par Hala Kodmani
publié le 24 avril 2016 à 17h41

Recep Tayyip Erdogan se lève-t-il tous les matins en se demandant comment il pourrait pourrir la journée des Européens ? Tordre le bras d'un de leurs leaders ou faire pression sur l'un(e) de ses citoyen(ne)s qui a eu le tort de dire du mal de lui ? La dernière victime de l'offensive tous azimuts du chef de l'Etat turc est une journaliste néerlandaise d'origine turque, Ebru Umar, interpellée dans la nuit de samedi à dimanche à son domicile en Turquie. Son tort : faire savoir sur Twitter qu'elle subit des intimidations. Correspondante du quotidien Metro, elle avait rapporté la semaine dernière que le consulat turc de Rotterdam avait demandé à ses ressortissants de lui signaler toute insulte exprimée sur les réseaux sociaux à l'encontre d'Erdogan… Cet épisode survient après la plainte déposée par la Turquie en Allemagne contre l'humoriste Jan Böhmermann, de la chaîne publique ZDF, qui avait osé caricaturer Erdogan.

Les relais de l’appareil d’Etat turc n’ont jamais été aussi mobilisés pour défendre l’image du Président. C’est déjà le cas à l’intérieur de ses frontières, où près de 2 000 procédures judiciaires ont été lancées depuis 2014 contre des artistes, des journalistes ou même des particuliers. La vigilance s’étend désormais à l’Europe qui, tétanisée face à l’afflux de réfugiés, semble prête à multiplier les concessions après avoir conclu un peu reluisant accord sur les migrants avec la Turquie. Celle-ci, qui a aujourd’hui moins besoin de l’Europe que l’inverse, saisit chaque occasion pour rappeler ses exigences, y compris les plus abusives.

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