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IRAN

"Laissez-nous trafiquer !" : l’improbable manifestation de contrebandiers iraniens

Des contrebandiers et des vendeurs des villes de Mariwan et Baneh ont manifesté pour demander la réouverture des frontières et donc la poursuite de leur trafic illégal.
Des contrebandiers et des vendeurs des villes de Mariwan et Baneh ont manifesté pour demander la réouverture des frontières et donc la poursuite de leur trafic illégal.
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En Iran, les régions frontalières avec le Kurdistan irakien sont financièrement très dépendantes de la contrebande venue d’Irak. Mais depuis maintenant trois mois, l’Iran a totalement fermé sa frontière avec son voisin, l’État islamique ayant étendu son territoire jusqu’à Mossoul, à moins de 100 km du grand pays chiite. Une catastrophe pour des vendeurs et contrebandiers de deux villes de l’ouest de l’Iran, qui ont manifesté pour demander la réouverture des frontières.

Les habitants de Baneh et Mariwan ont campé en fin de semaine dernière pendant trois jours devant les bureaux du gouverneur local pour demander que les frontières avec l’Irak soient rouvertes. Ils ont affirmé être dans une situation économique très difficile car ils dépendent des petits trafics qui s’organisent à la frontière entre les deux pays dans cette région.

Des manifestants devant le gouvernorat de Mariwan.

Ces manifestants étaient principalement des "kulbars", des contrebandiers dont les produits passés sous le manteau échappent à toute taxation. De l’Irak à l’Iran, les trafiquants font passer des produits allant du textile, à l’alcool et à l’électroménager. De l’Iran vers l’Irak, c’est principalement du pétrole de contrebande qui traverse la frontière. Ce trafic permet de vendre des produits à des prix défiant toute concurrence, et profite donc aux frontaliers.

Mais avec la fermeture de la frontière, les activités des "kulbars" ont été réduites à néant. Le tout dans une région qui connaît de sérieuses difficultés économiques : au Kurdistan iranien, le taux de chômage atteint 16,1 %, ce qui en fait la deuxième région avec le plus de chômeurs des 31 provinces d’Iran.

Des manifestants se sont rassemblés de samedi à lundi devant le siège du gouvernorat de la région pour réclamer la réouverture de la frontière.

Jusqu’à 12 euros par jour pour un "kulbar"

Après trois jours de manifestations, majoritairement de vendeurs et de contrebandiers rejoint par quelques clients, le gouverneur local a ordonné une réouverture pour un mois de la frontière, donnant le temps aux habitants de s’organiser. Mais selon notre Observateur Hiwa Mahabad à Mariwan, les Gardiens de la révolution iranienne en charge de la sécurité des frontières ne seraient pas favorables à ce que cette situation perdure.

Généralement, les habitants de cette région peuvent bénéficier de papiers d’identité certifiant qu’ils sont bien "habitants à la frontière ", et qui leur donne droit à 40 % de réduction à la douane. Mais les "kulbars "s’exonèrent le plus souvent de toute taxation en trafiquant le long de la frontière, allant même jusqu’à risquer leur vie, comme nous l’expliquions dans cet article. Un "kulbar "peut gagner jusqu’à 12 euros par jour, une somme conséquente dans ces zones très pauvres. Il arrive néanmoins rarement qu’il parvienne à faire un mois plein. À titre de comparaison, le revenu moyen dans les villages en Iran est de 260 euros/mois.

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