Le bisphénol A toujours présent dans des contenants alimentaires

Selon un test de l'Association santé environnement France que nous révélons, des canettes et des boîtes de conserve contiennent encore de ce produit chimique interdit.

Des emballages contiennent encore du bisphénol A, à des doses très faibles.
Des emballages contiennent encore du bisphénol A, à des doses très faibles. (LP/Marc Menou.)

    Les industriels trichent-ils encore avec le bisphénol A (BPA), ce produit chimique classé comme perturbateur endocrinien et interdit depuis 2013 dans tous les contenants alimentaires pour les bébés de 0 à 3 ans ? Pour les biberons en plastique, ils sont en tout cas réglos ! C'est ce que montre une enquête que nous dévoilons en exclusivité. L'Association santé environnement France (Asef), qui regroupe des médecins et milite pour une alimentation non toxique, en a testé six de marques différentes.

    « Dans aucun il n'a été trouvé ni de bisphénol A, ni l'un de ses substituts. Pour les jeunes parents, c'est une bonne nouvelle », explique le docteur Pierre Souvet, son président. En revanche, pour les autres contenants alimentaires, comme les récipients métalliques, c'est une tout autre histoire. Depuis le 1er janvier 2015, le bisphénol A y est formellement interdit. En principe... Car en faisant analyser deux canettes vendues dans le commerce, l'une d'eau gazeuse, l'autre de soda (Pepsi), ainsi que deux boîtes de conserve de haricots blancs, l'une provenant du Portugal et l'autre estampillée Carrefour, l'association, dont l'enquête est diffusée ce soir à 21 heures sur France 4 dans l'émission « On n'est plus des pigeons », a fait une drôle de découverte.

    « A notre grand étonnement, nous avons retrouvé du BPA dans trois de ces emballages : celui de Pepsi, celui de Carrefour et celui de la marque portugaise », précise Pierre Souvet. Certes, il s'agissait à chaque fois de très faibles doses, inférieures à 1 microgramme par litre, « mais elles n'auront pas le même effet selon l'âge, le sexe, le profil génétique, la durée de l'exposition », rappelle de son côté le docteur Patrice Halimi, chirurgien pédiatre, membre de l'association. Ce test mené à une toute petite échelle peut sembler dérisoire. Il n'empêche ! « Retrouver, plus d'un an après son interdiction, du BPA dans des boîtes, toutes de fabrication récente, cela pose de sérieuses questions », s'alarme l'association, qui conseille aux femmes enceintes d'éviter la consommation en grande quantité de soda ou de conserves, afin d'éviter toute exposition de leur bébé in utero. Car le bisphénol A est tout sauf anodin. Obésité, diabète, troubles de la fertilité, troubles neuro-comportementaux, cancer de la prostate, du sein, voici des années qu'une partie de la communauté scientifique pointe du doigt la dangerosité de ce perturbateur hormonal pour sa dangerosité, en particulier sur le foetus.

    « Pour contourner l'interdiction, les industriels utilisent désormais des cousins du BPA, c'est ce que montre aussi notre enquête, précise Pierre Souvet. Or ces substituts seraient potentiellement tout aussi toxiques, comme l'a démontré récemment l'Inserm. »

    Pour l'Asef, il est grand temps de réagir. Pour elle, ces substituts, bisphénol S et F qui ne sont soumis à aucune réglementation et ne sont pas signalés sur les étiquettes, doivent être réglementés car il n'y aurait aucun sens à échanger un danger sanitaire contre un autre...