La presse raille l'opération reconquête de François Hollande

Une vingtaine de ministres sont attendus ce lundi à la faculté de médecine pour défendre le bilan de Hollande. Pour la presse, il s'agit de "colmater les brèches avec une boîte à outils".

Source AFP

Une vingtaine de ministres se sont donné rendez-vous pour défendre le bilan du quinquennat.
Une vingtaine de ministres se sont donné rendez-vous pour défendre le bilan du quinquennat. © AFP

Temps de lecture : 5 min

Ce lundi, en fin d'après-midi, vingt-cinq ministres, soit plus de la moitié du gouvernement, sont attendus à la faculté de médecine de Paris pour assister au premier meeting du collectif « Hé oh la gauche » lancé par Stéphane Le Foll afin de défendre le bilan du quinquennat de François Hollande. Ségolène Royal (Environnement), Michel Sapin (Finances), Martine Pinville (Commerce), mais aussi des radicaux de gauche comme Jean-Michel Baylet (Aménagement du territoire) et des écologistes comme Barbara Pompili (Biodiversité) seront là.

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À la tribune, cinq ministres, dont Marisol Touraine (Affaires sociales), Najat Vallaud-Belkacem (Éducation) et l'écologiste Emmanuelle Cosse (Logement), défendront devant quelque 350 militants socialistes les mesures « conformes aux valeurs de gauche » prises depuis le début du quinquennat, notamment la retraite à 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler jeunes ou encore les 60 000 créations de poste prévues à l'Éducation nationale. La presse de ce lundi raille cette « opération reconquête ».

Hollande, le « fossoyeur de son parti »

Pour Yves Thréard, du Figaro, le choix de la faculté de médecine n'est pas anodin pour la tenue de ce meeting : « Tout un symbole ! C'est à la faculté de médecine de Paris qu'une vingtaine de ministres dévoués vont venir, ce lundi, défendre le bilan de François Hollande. L'opération semble désespérée tant la courbe de popularité du chef de l'État est basse et l'électrocardiogramme de ses réformes, plat. À un an de la présidentielle, le réveil du patient relèverait de l'exploit. Au-delà du cas clinique d'un quinquennat raté, c'est la survie du PS qui est en question. » L'éditorialiste n'est pas tendre avec le bilan du président, qu'il juge responsable de la défiance qu'il suscite au sein de son propre parti : « Élu sur un programme dépassé, François Hollande a cru qu'il pourrait colmater les brèches avec sa fameuse boîte à outils. Le bricoleur n'a pas fait illusion longtemps devant l'ampleur des dégâts. Il en paye aujourd'hui le prix, et le PS avec. Il aura non seulement creusé sa propre tombe mais peut-être été aussi le fossoyeur de son parti. »

« Enrayer le Hollande bashing »

Paul Caraci, du Midi libre, compare quant à lui Emmanuel Macron aux voitures de la course de Formule E qui se déroulait dimanche à Paris : « Les avions solaires parcourant la planète ou les bolides électriques sifflant dans les beaux quartiers de Paris font rêver à des solutions vraiment nouvelles. Comme celles que prône Macron en politique. Effet domino, il fait sortir du bois la gauche loyaliste, celle des non-frondeurs, convoqués en conclave ce lundi. » Emmanuel Macron s'est distingué la semaine passée par ses déclarations ambiguës sur la politique, et son désir probable d'émancipation du gouvernement. « À un an de la présidentielle, il faut chasser les mauvaises pensées, stopper les bilans à charge, enrayer le Hollande bashing. Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, réunit donc une vingtaine de ministres et de secrétaires d'État - sauf Macron, bien sûr - à la faculté de médecine de Paris », estime Le Midi libre, avant de qualifier de « chirurgie à la fois réparatrice et préventive » le meeting du collectif « Hé oh la gauche ! ».

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Plus optimiste, Hervé Favre, de La Voix du Nord, doute toutefois du succès de cette conférence : « Le choix du lieu - un amphi de fac de médecine, loin des salles géantes d'une campagne présidentielle - montre bien la confiance limitée des organisateurs sur leur capacité à mobiliser autour de la défense du bilan du quinquennat ! » L'éditorialiste revient notamment sur les sondages qui donnent Hollande battu dès le premier tour de la présidentielle de 2017, quel que ce soit son adversaire à droite. « Envers et contre tous les sondages qui annoncent à François Hollande un nouveau 21 avril encore plus sévère, la garde rapprochée du président veut encore y croire », écrit Hervé Favre.

Macron sur la liste noire de Le Foll

« Entre méthode Coué et cynisme, les hollandais vont s'employer maintenant à faire partager ces certitudes », constate Daniel Muraz pour Le Courier picard. « En attendant une intervention de François Hollande, le 2 mai, sur le thème la gauche et le pouvoir, Stéphane Le Foll lance aujourd'hui, avec une vingtaine d'autres ministres (mais sans Macron), son opération Hé oh la gauche !, afin de défendre le bilan présidentiel depuis quatre ans et de marteler qu'ils sont bien la gauche. Plus question de triangulation subtile consistant à récupérer les thèses de l'adversaire pour le déstabiliser. Ou de tabous à rompre. Il s'agit au contraire de ressusciter le vieux clivage gauche-droite. Et de tenter de convaincre, au moins, qu'avec les autres, ce sera pire. »

Pour Yolande Baldewek, de L'Alsace, l'absence d'Emmanuel Macron est la preuve du malaise qui règne au sein du gouvernement, à un an de la présidentielle : « Un signe qui ne trompe pas : si 25 ministres sont annoncés pour les réjouissances de ce soir, il en manquera un, Emmanuel Macron. L'impétueux ministre de l'Économie n'a pas été invité par son collègue de l'Agriculture. » Un boycott dû aux récentes déclarations du ministre de l'Économie ? « Durant tout le week-end, les hiérarques socialistes se sont relayés pour commenter les déclarations sur Arte, distillées à partir de samedi, mais diffusées hier soir. La gauche ne me satisfait pas ! a expliqué Macron en répétant qu'il veut réunir les progressistes de droite et de gauche dans le mouvement qu'il a créé. Nous sommes bien de gauche, a répliqué Le Foll, Cambadélis mettant Macron en garde de ne pas finir comme Brutus... qui poignarda César. Car les socialistes adorent l'histoire. Ils ont d'ores et déjà convoqué les mânes de François Mitterrand, dont on célébrera en mai les 35 ans de sa première élection. Sans oublier Léon Blum et les 80 ans du Front populaire. Pas sûr que cela suffise à les réconcilier avec les travailleurs, qui feront grève à nouveau cette semaine... »

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Commentaires (110)

  • christian aimé

    Pour le 400 ème anniversaire, la gent socialiste a choisi d'interpréter une pièce merveilleuse et particulièrement pertinente :
    "Much a do about nothing", qui se traduit, en bon français par "Beaucoup de bruit pour rien".

  • issartier

    Les fourberies de Caton. Avant son début de mandat le Président Hollande avait promis de ne pas s'incruster comme il reprochait à son prédécesseur de l'avoir fait. Dans cet esprit il avait promis de re-consulter les Français à mi-mandat et de se retirer le cas échéant. Il doit aujourd'hui regretter de ne pas avoir tenu parole, ce qui lui aurait permis de partir la tête haute, car son prédécesseur est parti avec encore 48% de votants pour lui, ce que ne fera certainement pas Hollande !. Avant son début de mandat le Président Hollande avait promis de ne pas s'incruster comme il reprochait à son prédécesseur de l'avoir fait. Dans cet esprit il avait promis de re-consulter les Français à mi-mandat et de se retirer le cas échéant. Il doit aujourd'hui regretter de ne pas avoir tenu parole, ce qui lui aurait permis de partir la tête haute, car son prédécesseur est parti avec encore 48% de votants pour lui, ce que ne fera certainement pas Hollande !

  • issartier

    Les fourberies de Caton. Il va rassembler ses ministres et autres obligés... Et encore pas tous... Certains ne voudront pas se reconnaître comme tels... Pour ne pas se dévaluer... Car ce n'est tout de même plus une référence à exhiber... Et dans ce milieu la reconnaissance du ventre n'est qu'un vain mot...