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Le calvaire des éléphants dédiés au tourisme

L’éléphante Sambo morte d’épuisement sur le site archéologique d’Angkor, au Cambodge.
L’éléphante Sambo morte d’épuisement sur le site archéologique d’Angkor, au Cambodge. © DR
Anne-Cécile Beaudoin

Au Cambodge, une éléphante est morte d’épuisement en transportant des touristes. L’occasion de rappeler les terribles conditions de détention et de mise en condition que subissent les éléphants en Asie pour satisfaire les vacanciers.

Elle s’appelait Sambo. Agée de 40 ans, l’éléphante est morte d’épuisement vendredi dernier après avoir transporté des kilos de touristes durant 40 minutes sous une chaleur de plomb (plus de 40°C), sur le site archéologique d’Angkor, au Cambodge. Le directeur de la compagnie Angkor Elephant, qui exploitait l’animal depuis 2001, s’est dit «très triste de l’avoir perdue». L’argent rentrera un peu moins… Mais il lui reste encore 13 éléphants qu’il pourra soumettre au divertissement des vacanciers pour se remplir les poches. Les photos de Sambo sont en train de faire le tour du monde : on la voit couchée sur la terre ocre, ses yeux encore ouverts. Les images ont soulevé l’indignation, une pétition a été lancée pour demander la fin du transport par éléphant sur le site d’Angkor Vat . Elle a déjà réuni plus de 33.000 signatures.

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Comme ses congénères détenus en captivité en Asie (plus de 15.000), Sambo n’a connu qu’une vie de misère. Certains l’ignorent ou préfèrent l’oublier, mais monter sur un éléphant, c’est cautionner la maltraitance. Pour dompter cette force de la nature, il faut passer par la case torture sous couverts de «croyances ancestrales». On appelle ça «la tradition du Phajaan» Le principe ? Briser l’esprit de l’animal pour le contraindre à faire tout ce qu’on lui demande. En pratique, cela dure six jours. Une vidéo* insoutenable montre la cruauté infligée aux pachydermes. Pour accepter la dominance des hommes, les éléphants sont soumis dès l’âge de 2 ans par des mahouts (dresseurs). Séparés de leur mère, enchaînés dans des cages étroites, les éléphanteaux sont frappés avec un crochet sur les endroits les plus sensibles, gardés éveillés, privés de nourriture. La moitié succombe, les survivants sont dressés pour les attractions touristiques et les travaux (forcés).

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"C'est en grande partie à cause des touristes que ce business fonctionne"

«Hors spectacles et balades, les animaux sont attachés avec une petite chaîne (laissant à peine 2 mètres de liberté) pour qu’ils ne soient pas dangereux pour les visiteurs, témoignent les globe-trotters Seth et Lise sur leur site . Beaucoup d’entre eux deviennent fous, ont des troubles neurologiques, secouent la tête d’un côté et de l’autre. Certains sont laissés au soleil, sans nourriture ni breuvage. Un éléphant doit manger 200 kilos de nourriture et boire 200 litres d’eau par jour. Pour ingérer tout ça, en temps normal, ça lui prend 18 heures par jour. On comprend donc pourquoi cet enchaînement est une vraie torture.» Et de conclure : «C'est en grande partie à cause des touristes que ce business fonctionne, il revient donc aux touristes de prendre les bonnes décisions. L'avenir et surtout le bien-être de milliers d'éléphants est en jeu.» Seth et Lise signaient leur message en mars 2014. Espérons que la mort de Sambo aujourd’hui réveille enfin les consciences. 

L’horreur de la tradition Phajaan. Attention images choquantes:

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