Et voilà la nécro de William Shakespeare, publiée 400 ans plus tard

Le très sérieux “New York Times” a publié une très sérieuse nécrologie du dramaturge anglais mort le 23 avril 1616.

Par Jérémie Maire

Publié le 25 avril 2016 à 12h28

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h38

Au temps des réseaux sociaux et des médias en continu, la mort de William Shakespeare aurait fait grand bruit. Elle aurait peut-être même été annoncée en exclusivité par un site people, comme TMZ l’a fait avec Prince. Et sa nécro aurait été rédigée par les plus grandes plumes journalistiques selon les critières de ce genre, à mi-chemin entre la biographie et le portrait. A l'occasion des 400 ans de sa mort, le dramaturge a eu droit à son « obit » dans le New York Times, repérée par le site Reader.

Le journal américain livre donc la nécro de William Shakespeare comme si elle avait été rédigée le jour de sa mort, le 23 avril 1616. « “Être ou ne pas être”, déclamait Hamlet, prince du Danemark, commence l’article. “Telle est la question.” Hier, le créateur de Hamlet était. Aujourd’hui, il n’est plus. » Sacrée accroche pour un sacré auteur.

Passé les informations habituelles – naissance, famille, enfance, parcours, etc. –, l’article signé Louis Bayard se base sur plusieurs centaines d'années d'écrits sur l’auteur pour reconstituer sa vie et son œuvre. Un exercice critique amusant, qui mêle réflexion sur la portée de son travail (« l’auteur acclamé pour sa capacité à pénétrer l’âme humaine, ses vers éloquents, flexibles et infiniment expressifs et sa facilité pour faire exploser les limites de la langue anglaise (avec un vocabulaire de plus de 25 000 mots) », sur la construction de ses personnages (dont Hamlet, le plus emblématique) et sur ses défauts – Shakespeare empruntait beaucoup d'idées et d'histoires à ses glorieux prédecesseurs et a commis quelques erreurs géographiques (il n’y a pas de port à Vérone, ville de Roméo et Juliette) ou historiques (impossible que Jules César possède une horloge et que Cléopâtre joue au billard avec Marc-Antoine).

L'article se termine en expliquant que William Shakespeare, l’homme, laisse derrière lui une femme, deux filles et une petite-fille, mais que William Shakespeare, l’auteur, lègue un héritage colossal, des fans inconditionnels (les Bardolaters), des théoriciens du complot (qui se demandent encore si le dramaturge a vraiment existé), des produits dérivés, mais aussi une ribambelle d’histoires toujours actuelles et d’expressions encore utilisées aujourd’hui. De quoi le faire encore vivre longtemps.

La nécrologie de William Shakespeare est à lire, en anglais, sur le site du New York Times.

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