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Le poids de l’industrie a été divisé par deux depuis 1970

La baisse a été particulièrement marquée entre 2000 et 2007, selon l’Insee. Le taux de marge des industriels est au plus haut depuis la crise financière.

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Le 25 octobre 2013, dernier jour d’activité de l’usine PSA d’Aulnay dans la région parisienne. PHOTO / ERIC PIERMONT / AFP PHOTO / ERIC PIERMONT

Par Guillaume de Calignon

Publié le 26 avr. 2016 à 18:16

Fermetures d’usines, destructions d’emplois, régions appauvries... La désindustrialisation de la France est un phénomène que chacun peut observer. L’Insee en donne l’ampleur précise dans une étude publiée mardi. Depuis 1970, la part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée totale dégagée par l’économie française est ainsi passée de 22,3 % à 11,2 % en 2014. Le recul a été particulièrement marqué entre 2000 et 2007. Quant à la baisse de l’emploi, elle a été encore plus prononcée puisque l’industrie ne représentait plus que 10 % des emplois en 2014 dans l’Hexagone contre 23 % en 1970.

La France n’est pas un cas isolé puisque tous les grands pays européens ont enregistré un recul de leur industrie. A l’exception notable de l’Allemagne. De l’autre côté du Rhin, la part de l’industrie s’est stabilisée depuis le milieu des années 1990 – une fois la réunification digérée – aux alentours de 22 % de la valeur ajoutée totale, c’est-à-dire autant que l’industrie en France... en 1975.

Pourquoi la France s’est-elle autant désindustrialisée ? D’un point de vue strictement comptable, les gains de productivité ont été plus importants dans cette branche que dans le reste de l’économie : de 1970 à 2014, la productivité s’est accrue de 3,2 % par an en moyenne dans l’industrie manufacturière contre 1,7 % dans l’ensemble de l’économie, explique l’étude. Mais plus prosaïquement, pour Elisabeth Kremp, chef du département des synthèses sectorielles à l’Insee, « ce recul s’explique aussi par l’externalisation de certaines activités et les délocalisations » de la part des industriels. Une partie des activités de l’industrie a été externalisée et est donc désormais comptabilisée dans les services. Certains industriels se sont concentrés sur leur cœur de métier et ont ainsi fait appel à des sous-traitants pour la propreté, l’audit ou le marketing, alors qu’autrefois ces activités étaient effectuées au sein de l’entreprise. Pour preuve, la consommation de services par les entreprises industrielles a augmenté très vite depuis 1970 et encore plus rapidement dans les années 1990. Ce phénomène semble cependant ne plus progresser.

Les délocalisations sont aussi sur le banc des accusés. D’abord, « dans le contexte de mondialisation des échanges internationaux, les importations de produits manufacturés ont fortement progressé », note l’étude de l’Insee. D’ailleurs, de 1970 à 2014, la production manufacturière française a crû de 5,2 % en moyenne par an, alors que les importations de produits manufacturés ont, elles, grimpé de 8,4 % chaque année. De fait, le solde extérieur des produits manufacturés, qui avait enregistré un excédent record en 1997, est désormais fortement déficitaire.

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L’industrie française entrevoit-elle le bout du tunnel ? Même si elle a continué à détruire des emplois l’an passé, l’industrie commence à donner des signes timides de renaissance. La production manufacturière a grimpé de 2 % l’an passé. Et surtout, le taux de marge de l’industrie a bénéficié largement de la baisse du prix du pétrole et se retrouve, à 35 %, à son plus haut niveau depuis 2007, selon les calculs de l’institut Coe-Rexecode. Avec un bémol : en valeur, l’excédent brut d’exploitation de l’industrie atteint 77 milliards d’euros l’an passé. C’est un peu moins qu’en 2000 car entre-temps, l’industrie a maigri. Et sa capacité à investir aussi.

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