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Voyage au cœur de l’industrie du futur made in China

Le fabricant chinois d’écrans pour mobiles RBD a divisé le nombre de ses ouvriers par quatre en automatisant. Il vise même à devenir une usine sans ouvriers.

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Le fabricant chinois de smartphones OnePlus est installé à Dongguan, l’un des hauts lieux de la technologie en Chine.

Par Alain Ruello

Publié le 27 avr. 2016 à 16:43

Pour avoir une bonne idée du futur visage de l’industrie chinoise, celui que le pouvoir central, à Pékin, a dessiné dans son plan « Made in China 2025 », une visite par Dongguan s’impose. Plus précisément, une visite chez RBD qui revendique la troisième place des fabricants d’écrans chinois pour téléphones mobiles. L’usine est située dans le parc technologique de Song Shan Hu de cette cité-préfecture de 8 millions d’habitants, dans la province du Guangdong. C’est dans cette province, qui fait face à Hong Kong, que sont implantées les milliers d’usines en tout genre qui ont fait la fortune des exportateurs bon marché.

Difficile d’imaginer qu’on est dans un parc technologique quand on descend du taxi. En briques roses, les bâtiments qui font face à l’entrée abritent au rez-de-chaussée des restaurants populaires et une épicerie. Des migrants installent des échafaudages en bambou, les trottoirs sont d’une propreté douteuse, et le tout laisse une impression de vétusté générale. Sans oublier la pollution, très forte ce jour-là… A des années lumière de Palo Alto ou de Sophia Antipolis !

Une usine sans ouvriers

Changement de décor quand on pénètre dans le saint des saints : robots, salles blanches, techniciens supérieurs… De la découpe des grandes plaques de verre à l’impression des écrans en passant par le polissage des arêtes par jet d’eau, les différents ateliers qui se succèdent n’ont rien à envier à la plus moderne des usines allemandes. Ici, l’ouvrier n’a plus vraiment sa place : ils ont été jusqu’à 4.000 il y a quelques années, ils sont quatre fois moins aujourd’hui. Et demain ? Très probablement moins, puisque des doctorants vont concevoir un centre de contrôle à distance dont l’entrée en service est prévue en fin d’année. « Nous serons la première usine sans ouvriers de la province du Guangdong », anticipe Hua Jiada, le président de la société.

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Taille moyenne, fines lunettes dorées, très calme, l’homme sait de quoi il parle. Ancien étudiant en mécanique à l’université du Hunan, il a longtemps enseigné avant de passer dans le monde de l’entreprise. D’abord dans l’électronique, puis dans les batteries. « A l’époque, je me considérais comme un intellectuel. Je n’avais pas le courage d’entreprendre », raconte-t-il dans son bureau, dont le seul ornement tient dans une grande calligraphie bouddhiste. Il faudra qu’un ami le pousse au début des années 2000 pour qu’il se lance dans le « business ». Avec succès puisqu’il est à la tête, aujourd’hui, d’un véritable groupe, dont RBD constitue l’une des cinq sociétés.

Créer un standard pour la Chine

Les écrans pour mobiles, c’est d’ailleurs la dernière à avoir vu le jour, à partir d’une acquisition en 2011. La production a suivi le rythme exponentiel des ventes de smartphones dans le monde, et la tendance se poursuit : 70 millions d’écrans en 2015, plus du double prévu cette année, pour toutes les grandes marques, sauf Apple, qui manque encore à l’appel. Mais, face à des concurrents beaucoup plus gros, la partie est serrée.

La solution pour gagner de l’argent dans une industrie de volume et alors que les coûts salariaux ont grimpé en flèche dans le Guangdong ? « Monter en gamme en jouant sur trois volets : technologie, management et équipements », explique Hua Jiada. Je progresse quand mes concurrents régressent, parce que j’ai les coûts de production les plus bas. »

D’où une volonté inébranlable d’automatiser la production, encore et toujours plus. Les robots sont conçus par la société et fabriqués dans la région, sous l’œil attentif du président du groupe et avec l’aide de la ville de Dongguan, qui subventionne les achats d’équipements à hauteur de 15 %. Ne resteront dans la future usine numérisée que des chercheurs, des techniciens de réparation et des consultants, anticipe Hua Jiada. Tout comme il verrait bien les logiciels du futur centre de contrôle que vont lui développer ses doctorants constituer un standard de l’industrie chinoise de demain.

Alain Ruello

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