François Pinault installera sa collection d'art contemporain à la Bourse de commerce de Paris

L'homme d'affaires et la maire de Paris, Anne Hidalgo, présentaient mercredi 27 avril le somptueux bâtiment du XVIIIe siècle qui accueillera la fondation Pinault avant la fin 2018.

Par Sophie Rahal

Publié le 27 avril 2016 à 17h39

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h39

«Jamais nous n'aurions dû laisser partir la collection d'art contemporain de François Pinault », regrettait ce matin du mercredi 27 avril la maire de Paris, Anne Hidalgo, en référence à l'abandon en 2005, du projet de musée sur l'île Seguin à Boulogne-Billancourt, au profit du Palazzo Grassi de Venise. L'erreur est désormais en partie réparée, puisque la maire de Paris et l'homme d'affaires, accompagné de son fils François-Henri et de son petit-fils François, ont confirmé que l'actuelle Bourse de commerce accueillerait avant la fin 2018 la future fondation Pinault.

Situé près des Halles fraîchement rénovées, en plein centre de la capitale, le bâtiment circulaire, depuis longtemps convoité par François Pinault, devra « participer au rayonnement de Paris et à l'attractivité de la France », selon les mots d'Anne Hidalgo. L'aménagement des 13 000m² du bâtiment (dont 4 000 m² de surface d'exposition) sera confié à l'architecte japonais et ami de l'homme d'affaires, Tadao Ando, qui travaillera en collaboration avec Pierre-Antoine Galtier (architecte en chef des Monuments historiques) et deux jeunes architectes français, Lucie Niney et Thibault Marco (créateurs de l'agence NeM). Son montant, en revanche, n'a pas été communiqué, mais selon Le Monde, il est estimé « pour l'instant à 100 millions d'euros, qui seront à la charge de François Pinault ».

Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture et futur président du conseil d'orientation de la fondation Pinault, nous a donné quelques détails sur ce projet.

Sur quels axes voulez-vous travailler ?

La création contemporaine, d'abord, avec un point de vue international qui ne négligera pas la France. Nous souhaitons aussi prêter une attention particulière aux pratiques pluridisciplinaires : arts plastiques, scénographie, musique, cinéma, vidéo… Enfin, nous voulons porter une attention soutenue à la médiation, car nous sommes frappés par le nombre de gens qui demandent des explications sur l'art contemporain. Il faut tout mobiliser pour faciliter cette médiation, et notamment à l'égard du jeune public. Cela se fait de plus en plus à Venise, où l'on s'est rendu compte que les gens attendaient qu'on les aide à comprendre les œuvres.

Comment l'antenne parisienne de la Fondation va-t-elle se différencier de Venise ?

Chaque lieu devra avoir sa singularité. On voit déjà que la programmation dans les deux lieux de Venise est différente : la Pointe de la douane est très tournée vers les accrochages contemporains, tandis que le Palazzo Grassi réalise des accrochages semi historiques (les monographies comme Martial Raysse ou actuellement, Sigmar Polke, par exemple).

La programmation sera-t-elle plus française à Paris ?

Sans chauvinisme ! Même si la scène française mérite qu'on s'y attache, il s'agira d'avoir aussi une vision internationale de la scène artistique, dans un monde qui est par ailleurs très ouvert.

Quelle forme prend la passion de François Pinault pour l'art ?

Son amour de l'art occupe le plus clair de son temps. Il visite beaucoup de musées et de galeries du monde entier (en Asie, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud...), rencontre des artistes, se tient informé de ce qui se fait. Récemment, nous nous sommes rendus ensemble à Rennes, voir les expositions Bouroullec (1).

D'autres villes pourraient accueillir la collection Pinault ?

François Pinault a été sollicité dans plusieurs villes, à Londres ou Los Angeles. Il n'a jamais fermé aucune porte ; rien ne dit donc, une fois que Paris aura été réalisé, qu'on ne réfléchisse pas à étendre ce réseau et que chaque antenne fonctionne en résonance par rapport aux autres.

 

(1) Ronan & Erwan Bouroullec, Exposition au Frac Bretagne, jusqu'au 28 août 2016

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