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Le business du bio en plein boom

Dopé par les crises alimentaires et l’arrivée de nouvelles enseignes, le marché du label AB affiche une croissance de 15 %. Jusqu’où peut-il monter?

Marie Nicot , Mis à jour le
Un rayon bio chez Carrefour.
Un rayon bio chez Carrefour. © Reuters

Plus de six Français sur dix ont consommé bio au moins une fois par mois en 2015. Les scandales sanitaires, la crainte des pesticides et la volonté de préserver la planète incitent à manger sain. Selon l'Agence Bio, le marché atteindrait cette année 6,5 milliards d'euros, en croissance de 15%. Biocoop, Naturalia, La Vie claire… Les magasins verts poussent comme des champignons. "Le label AB ne couvre que 3 % de notre alimentation. Le potentiel est considérable et durable. Je rêve d'une consommation 100 % bio", s'enthousiasme Didier Perréol, président de l'Agence Bio.

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Gilles Piquet-Pellorce, directeur général de Biocoop, est un épicier heureux. Non seulement parce que le chiffre d'affaires des 390 magasins de la coopérative a bondi de 17 % en 2015 (768 millions d'euros). Mais aussi parce qu'il en inaugurera 40 cette année à Paris, Metz, Nancy, Ajaccio… "Les formats de 400 m2 sont adaptés aux banlieues comme aux centres-villes. La demande est si forte que l'on pourrait en ouvrir une centaine! Nous voulons investir les communes de 5.000 habitants", assure le manager.

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À chacun sa marque propre

La concurrence attise cette course à l'échalote. Les "historiques" tels que La Vie claire, Naturalia (Monoprix) ou Biocoop ne jouent plus seuls. Des sociétés d'investissement comme Marne et Finance (enseigne Bio c'Bon) sentent les bonnes affaires. Tout comme les hypers (Leclerc, Système U, Auchan…), qui consacrent des rayons entiers aux produits AB. Carrefour, qui revendique le titre de "premier vendeur de bio en France", a ainsi créé en 2013 l'enseigne Carrefour Bio avec l'ambition de compter dix magasins cette année. "Nous sommes environ 20 % moins chers que les magasins spécialisés", assure Richard Vavasseur, directeur des marques premium chez Carrefour. Pour Gilles Picquet-Pellorce, cet emballement du marché a un ­revers : "Des négociations serrées sur le prix. Or les agriculteurs doivent vivre décemment. On essaie d'être moins chers sans les pénaliser, en maîtrisant nos coûts."

Pour réduire le surcoût de 20 % du bio par rapport à l'alimentaire classique, toutes les enseignes multiplient leurs marques propres. Une recette d'épicier initiée par Carrefour dès 1976. "Cette année, nous lancerons 180 nouvelles références", annonce Brigitte Brunel-Marmone, présidente de La Vie claire. Notre marque Petits Prix bio rend accessibles les basiques tels que l'huile, les œufs, le lait." Le géant Carrefour aligne aujourd'hui 1.800 références bio à sa marque. Pour sécuriser l'approvisionnement, le groupe a signé des partenariats avec 250 agriculteurs labellisés.

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Innover pour attirer les jeunes

Ces derniers sont très courtisés, car seulement 5% du territoire agricole français est bio. "Nos acheteurs se démènent pour obtenir les meilleurs produits. Fruits et légumes, œufs, tous les marchés sont tendus", témoigne Brigitte Brunel-Marmone. La tentation d'importer des produits d'Europe de l'Est ou du Sud est forte. Avec à la clé, le risque de fraude. Le dernier rapport de la DGCCRF, chargée de la répression des fraudes, pointe des traces de pesticides dans du thé de Chine, du couscous d'Italie, des raisins secs et du pavot de Turquie…

Fini le temps des militants. Les quadras affectionnent les magasins pratiques et séduisants, les produits faciles à préparer. Biocoop a développé les rayons surgelés et boucherie à la coupe. En 2015, Carrefour Bio a ajouté les courges, les potimarrons et les pomelos. "Depuis deux ans les étudiants sont de nouveaux clients. Mais ils ne savent pas cuisiner. Il faut donc innover", observe Brigitte ­Brunel-Marmone. De fait, les plats préparés sont encore rares. Tout comme le sans gluten, les poissons, les lentilles corail, les crustacés, le lapin… Et le jambon. "Seulement 1 % de la viande porcine produite en France est labellisée AB, malgré des intentions d'achat en croissance, reconnaît-on chez Interbev, l'association interprofessionnelle. Selon un sondage Ifop réalisé en mars, 60 % des Français sont prêts à payer plus cher ce type de viande."

Source: JDD papier

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