Se féliciter de la croissance, qui atteint 1,1 % en 2015, alors qu’elle n’a pas suffi à inverser la courbe du chômage, c’est l’exercice compliqué auquel se prête Michel Sapin depuis la publication des chiffres de l’Insee vendredi.
Pour trouver matière à se réjouir, le ministre des finances, invité lundi 1er février de i-Télé, aborde désormais la question sous l’angle : « Nous avons tenu nos promesses. » Mais il oublie de préciser que cette promesse a été plusieurs fois reformulée – et toujours revue à la baisse – depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir.
Ce qu’il a dit :
« C’est toujours très difficile d’être très content de 1,1 % alors qu’il nous faudrait 1,5 ou 1,8 % pour faire reculer le chômage, mais c’est le chiffre que nous avions annoncé. C’est le chiffre que j’avais comme objectif. C’est la première fois depuis cinq ans que l’objectif que nous nous sommes fixés, nous l’atteignons. A chaque fois, la France (le gouvernement précédent ou ce gouvernement) était en dessous de l’objectif. Cette fois, nous sommes au-dessus de l’objectif. De ce point de vue là, je ne peux être que satisfait. »
Pourquoi c’est de mauvaise foi :
Formellement, Michel Sapin a raison : les prévisions publiées par Bercy, en octobre 2014, dans le cadre de la loi de programmation des finances publiques 2014-2015, tablaient sur l’hypothèse que « la croissance française serait de +1,0 % en 2015 » (page 25). A cet égard, le chiffre de 1,1 % de hausse du PIB annoncé en janvier dépasse même les espérances du ministre.
Toutefois, il convient de se rappeler que seulement six mois auparavant, en avril 2014, le gouvernement – auquel appartenait déjà M. Sapin, alors ministre du travail – avait publié un programme de stabilité 2014-2017 qui s’appuyait sur une hypothèse de croissance de 1,7 % en 2015. Il faut toutefois noter que ce document était bien optimiste, puisqu’il avait prévu d’atteindre 1 % en 2014, alors que la France a finalement affiché 0,4 % en 2014.
Ces prévisions étaient alors déjà une révision à la baisse de l’objectif précédent : en avril 2013, Bercy escomptait que la croissance 2015 s’établisse à 2 %. Et le candidat Hollande était encore plus généreux à son arrivée au pouvoir, quand il promettait... 2,25 % en 2015.
Au fil du quinquennat, la prévision de croissance pour la mi-mandat a donc été divisée par deux. La barre semble avoir été progressivement été abaissée pour mieux être franchie par le gouvernement. M. Sapin est d’ailleurs conscient que l’objectif, bien qu’atteint, est insuffisant car il « faudrait 1,5 à 1,8 % pour faire reculer le chômage ». Mais, le ministre le promet lundi sur i-Télé, « pour 2016 nous arriverons au moins à ce chiffre de 1,5 % de croissance ». A moins que l’objectif soit révisé d’ici là ?
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