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Au Népal, les femmes sont isolées dans des étables lorsqu'elles ont leurs règles

par Laure Gautherin ,
Au Népal, les femmes sont isolées dans des étables lorsqu'elles ont leurs règles© Getty
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Une tradition veut que les femmes pendant leurs menstruations ou bien venant d'avoir un enfant se coupent du monde et de leur famille car elles sont considérées comme impures. Bien qu'interdite, cette coutume se poursuit dans les zones rurales à l'Ouest du pays.

Une fois par mois, elles doivent se confiner dans des étables ou bien des minuscules abris mal isolés, non-éclairés où elles peuvent facilement tomber malades. Privées de tout lien social pendant plusieurs jours, elles ne sont même pas autorisés à rentrer dans leur propre maison pour y chercher à manger car, selon les superstitions, elles risqueraient d'apporter le malheur sur leur famille, d'être possédées ou bien punies par les dieux qui n'approuvent pas leur "état". Il est pourtant parfaitement naturel puisqu'il s'agit de leurs règles. Mais dans les régions les plus reculées du Népal, les menstruations et même la naissance, deux phénomènes associés pourtant à la vie, sont synonymes d'impureté.

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Une femme indique l'abri dans lequel elle doit s'isoler pendant ses règles © Getty
Une femme indique l'abri dans lequel elle doit s'isoler pendant ses règles
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Cette exclusion répond à une tradition appelée "Chhaupadi", ce qui signifie l'être "intouchable", non pas parce qu'il est puissant mais parce qu'il est souillé. Pourtant interdite depuis 2005 dans tout le pays et à nouveau pointée du doigt dans un plan national visant à mettre fin aux violences faites aux femmes en 2010, cette coutume concerne toujours près de 95% des Népalaises dans les zones rurales de l'Ouest où les moeurs culturelles et religieuses prévalent sur la législation. Non seulement celles qui subissent cette pratique sont coupées du monde mais on leur interdit aussi de se laver, d'utiliser les toilettes du domicile et manger la même nourriture que leur famille. "Nous ne voulons pas vivre ainsi mais les dieux ne toléreraient pas que l'on fasse autrement", témoigne Gita Rokaya dans un reportage réalisé par le Guardian.

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En plus d'être totalement injuste et misogyne, cette tradition peut avoir des conséquences très graves sur la santé physique et mentale des femmes. Laxmi Raut a perdu son bébé nouveau-né après avoir dû passer plusieurs jours dans un abri à la merci du froid. "Après la mort de mon enfant, ma vision de Chhaupadi a changé, explique-t-elle. On devrait rester à la maison quand on a ses règles."
Safalta Rokaya raconte quant à elle sa crainte lorsqu'elle a annoncé à ses parents qu'elle avait ses règles. "J'avais peur car cela signifiait que j'allais devoir rester dans l'étable. C'est horrible ici. La bouse des vaches pue et les animaux nous marchent dessus. Il y a plein d'insectes qui peuvent nous rendre malade. Et la nuit, des hommes viennent pour essayer de profiter de nous."

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Le shaman et guérisseur de son village assure que non seulement les femmes sont "plus heureuses" dans les étables mais que si des hommes viennent leur parler, c'est dans l'espoir de les séduire et de se marier. "Cette pratique ne peut pas être abolie, c'est impossible, déclare-t-il. Nous devons faire avec et avoir des pièces isolées." Heureusement, tous ses comparses ne partagent pas cet avis et souhaitent se détacher de cette tradition qui met la vie de leurs épouses et filles en danger. "Je ne veux pas que ma fille fasse suive le Chhaupadi, c'est inhumain. J'espère qu'elle n'aura pas à le faire", insiste le mari de Gita qui n'a jamais été d'accord avec la coutume mais qui a dû s'y plier à cause de la pression de la société. Plusieurs ONG et notamment l'ONU Femmes ont mis en place des programme pour rappeler aux femmes leurs droits et assurer une éducation sexuelle et à l'égalité chez les adolescents.

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Laure Gautherin
Laure est journaliste et monteuse vidéo. Sa spécialité ? Ecrire sur la parentalité qui n'a plus de secrets pour elle et partager avec vous des décryptages et des avis d'experts. Laure …
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