Biennale de Venise : la France veut mettre à l'honneur le péri-urbain

La Biennale de Venise incite les exposants à répondre aux grands défis sociaux, écologiques et politiques de l'époque auxquels sont confrontés les architectes. Le projet français retenu mettra en avant les initiatives qui changent la vie des habitants de banlieue et des bourgs de campagne.

Par Luc Le Chatelier

Publié le 02 mai 2016 à 18h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h40

Lundi 2 mai, sous les ors du salon d'apparat du ministère de la Culture, Frédéric Bonnet, commissaire du pavillon français de la Biennale d'architecture de Venise, avait du mal à cacher sa joie. Celle de dire enfin urbi et orbi — la Biennale est une formidable vitrine — tout son attachement à l'architecture ordinaire de qualité, aux interventions urbaines même modestes mais qui changent la vie des gens, aux soins apportés dans le dessin d'un paysage et les détails d'une réhabilitation qui, sans coûter plus cher, embellissent le quotidien... « Toutes ces dernières années, quand on parlait d'architecture, il n'était question que des grands projets phares des grandes métropoles : Grande Bibliothèque, Grand Louvre, Grand stade... J'ai voulu cette fois que l'on parle du reste, de ces petites opérations bien faites susceptibles de changer la vie, partout, dans les bourgs, les villages, les banlieues et tout ce péri-urbain délaissé. »

Pour Frédéric Bonnet, le « front d'aujourd'hui dont il faut rapporter des nouvelles » se lit dans les rapports d'Emmaüs : en France, 3,5 millions de gens vivent dans des conditions indignes, et 10 millions — soit un Français sur six ! — sont mal logés. Sans parler de tous ceux qui, dans les bourgs et villages désertés par les commerces, vivent dans des conditions quotidiennes terriblement malcommodes. Au programme, donc, sur les cimaises du Pavillon Français : une boulangerie en acier qui a ramené la vie au village, un hangar agricole efficace et discret, une réhabilitation d'une cité des années 1960, de l'espace public joliment soigné dans un petit village du Cantal, un centre d'art en papier d'alu dans un quartier sensible, un lotissement social intelligemment dessiné pour que tous aient la vue sur le marais... 

Nouvelles richesses

Nouveauté 2016 : contrairement aux autres années, le commissaire du pavillon français n'a pas été désigné par une main divine (le ministre de la Culture, « patron » des architectes, ou celui des Affaires étrangères, tutelle de l'Institut Français, propriétaire du pavillon de la France aux Giardini de Venise), mais suite à un concours ouvert à toute la profession. C'est donc le projet « Nouvelles Richesses » de Frédéric Bonnet, Grand Prix d'urbanisme 2014 et auteur d'un rapport remarqué sur la revitalisation des bourgs et du péri-urbain qu'il a rendu cet hiver au ministère du Logement (et dont Télérama s'est largement fait l'échos dans notre dossier « SOS Villages ») qui a séduit le jury.

Plus exactement, ce qui a plu dans sa démarche, c'est son alliance avec les « AJAP 2014 ». Les Albums des jeunes architectes et paysagistes sélectionnent tous les deux ans une quinzaine de jeunes diplômés « pour la qualité de conception de leurs projets, leur capacité à répondre à des problématiques architecturales, paysagères ou urbaines d’actualité, ainsi que pour la singularité de leurs parcours ». Bref, une belle jeunesse qui, espérons-le, apportera un peu de désordre, de fantaisie et de stimulation intellectuelle dans le grand raout un peu snob et mondain qu'est trop souvent la Biennale de Venise... 

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