La nuit est déjà tombée. Les invités à la soirée Cap Digital se pressent devant les portes du palais de Tokyo, à Paris, pour ne pas en rater une miette. A l'intérieur, le champagne coule déjà à flots et l'auditorium bondé bruit des conversations entre start-uppers, lorsque le ministre de l'Economie surgit sur scène. D'un pas assuré, le regard plein d'ambition, l'insigne de la French Tech accroché à sa veste, Emmanuel Macron s'avance, salue Pepper le robot, et délivre un discours attendu, vantant l'énergie de ces entrepreneurs et les invitant à franchir de nouvelles frontières. "Il y a une chose que Pepper ne pourra jamais remplacer: ce sont les talents. Or vous êtes ceux des dix prochaines années", lance-t-il, avant de filer.

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Un communicant présent sur tous les fronts

Une performance tout sauf improvisée. Quelques jours plus tard, on retrouvera Emmanuel Macron sur la scène du Grand Rex pour la quatrième édition du prix du Jeune Entrepreneur, organisé par La Tribune. La semaine suivante, ce sera l'inauguration prévue du hub londonien de la French Tech. Et tant pis si Emmanuel Macron squatte le périmètre de sa secrétaire d'Etat chargée du secteur, Axelle Lemaire, tout aussi active, mais moins sous les feux de la rampe.

NOTRE DOSSIER >> La French Tech

Résultat, dans cette communauté d'entrepreneurs du Web, le ministre de l'Economie est devenu une icône. Pas mal, quand on vient de lancer un mouvement politique. "Montebourg faisait tout ce qu'il ne fallait pas faire; Macron, lui, fait tout ce qu'il peut", s'emballe Jean-David Chamboredon, le président du fonds d'investissement Isai.

"La French Tech, c'est le seul sujet positif dont il puisse parler aujourd'hui. Ça fait cher le community manager", ironise Idriss Aberkane, professeur à l'Ecole centrale et chercheur à l'université de Stanford. Reste que cette opération de communication bien huilée ne sert pas seulement les intérêts politiques du locataire de Bercy.

"Dès le départ, l'influence a fait partie de notre stratégie. Nous voulions susciter à l'international une image positive de la scène tech française, à l'instar de celle dont bénéficie l'écosystème israélien", explique sans fard David Monteau, le patron de la Mission French Tech à Bercy.

Et, dans cette guerre de com, les Anglais sont les rois, avec un budget de 200 millions de livres rien que sur le projet Tech City, à Londres. Bien au-delà de l'enveloppe com de 15 millions d'euros sur trois ans de la Mission French Tech. Une enveloppe destinée à organiser des road shows en France pour les investisseurs étrangers, des événements, ou à soutenir des programmes comme "Reviens Léon". Alors, un VRP de luxe comme Macron, c'est toujours bon à prendre.

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